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Un coup de clarinette peut abolir le hasard

Quintette, trio, société secrète...

D 18 octobre 2008     A par Albert Gauvin - C 2 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


« Mon rêve [...] c’était de savoir un jour jouer de la clarinette. »
Philippe Sollers, Jazz, 1978 [1].

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« J’aurais voulu être clarinettiste de jazz.
Si vous saviez l’émotion que je ressens en écoutant Johnny Dodds... »

Philippe Sollers, Son questionnaire de Proust, 2002 [2].

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Picasso, Le joueur de clarinette, 1911-1912.
Musée Thyssen, Madrid. Photo A.G., 29 avril 2018. ZOOM : cliquer sur l’image.
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Mozart est une clarinette

« 1789 est, pour Mozart, une année terrible qui s’achève donc en coup de théâtre positif. Pour les musiciens, c’est l’« année radieuse » de la composition du quintette pour clarinette et cordes en la majeur K. 581, écrit en septembre à l’intention de son ami clarinettiste Anton Stadler.
On comprend qu’un roman de la fin du XXe siècle, qui raconte la formation, par un groupe de jeunes amis, d’une société secrète de plaisir intitulée « Le Coeur absolu » ait fait de ce quintette l’hymne de ses personnages et de leur programme étrangement révolutionnaire.
Comment Mozart, en pleine tempête personnelle, a-t-il pu composer une oeuvre aussi lumineuse et calme ? Le temps est suspendu, une grande sérénité est en cours. La clarinette, instrument de prédilection de Wolfang, est envoyée en délégation en ce monde pour évaluer et pacifier les passions. C’est bien la clarinette enchantée, aigüe, grave, ronde, mélodieuse, rauque, coulée et profonde. Elle anime la nature et les corps à égalité. On contemple, on se promène, on ne va nulle part, on plane, on rentre en silence. La gorge, le souffle, les doigts, le bois devenu voix, et voix des deux sexes (ou d’aucun). Elle charme tout, la clarinette enchantée, bien mieux que la flûte : les serpents qui sifflent à l’intérieur des têtes, l’hystérie déchaînée (application pratique dans La Clémence de Titus), tout l’orchestre des apparences, mais aussi les couleurs, les contours, les reliefs, les lointains, les fossés, les précipices, la douleur d’être comme celle d’avoir été. Elle résiste à tout, aidée de ses quatre partenaires des cordes, elle surmonte la terre et l’air, le feu et l’eau, les courants, les vents, les rivières. Mozart est une clarinette.

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Picasso, La clarinette (1911)

Un de ses derniers messages de détachement souriant et de joie sera le concerto en la majeur K. 622 (toujours pour Stadler) d’octobre 1791, contemporain de La Flûte enchantée. Comme s’il voulait dire : attention, ne vous y trompez pas, la flûte est pour la représentation théâtrale, mais le véritable instrument dans la réalité, celui dont je vous parle, sexuellement et magiquement, est la clarinette. Deux oeuvres automnales, dorées, épanouies, criantes de certitude ; deux fruits mûrs. Cosi, la Clémence, la Flûte, ces trois grandes fleurs ont ce modeste instrument noir comme tige et pilier.
Barque et mât chantant : Mozart raconte son Odyssée orphique. C’est doux, violent, fier, éprouvé, savant. Un coup de clarinette peut abolir le hasard. Avis à tous les vivants et à tous les siècles. »

Mystérieux Mozart, Plon, 2001, p.199 (Folio p.259).

Dans le "choix discographique" qui se trouve à la fin du livre, Sollers révèle qu’il a "surtout écouté" le Quintette pour clarinette dans l’interprétation de Gervase de Peyer et du Quartett Amadeus (Deutsche Grammophon). L’enregistrement en studio est de 1975 [3].

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Société secrète

Du trio au quintette. Le narrateur du Coeur absolu, un nommé S. (comme celui de Femmes), fait la connaissance, à Venise, de Liv Mazon, Française, malgré son prénom suédois, vingt-cinq ans, et de Sigrid Brodski, Argentine et Polonaise, vingt-sept ans. Elles sont toutes les deux brunes, pas très grandes. Il les drague, les emmènent chez lui, les fait rire. Ils n’arrêtent pas de boire. Huit jours de rêve...
Notre trio s’est rencontré, "un soir, au vieux conservatoire Benedetto Marcello... Quintette avec clarinette de Mozart... Liv et Sigrid au premier rang, à côté de moi, venues admirer et soutenir une de leurs amies, Cecilia, au violon qui vit avec le clarinettiste...". Ils se revoient à Paris, ensemble ou séparément. C’est "comme si on avait fondé une société secrète."

« — Comment va-t-on appeler notre association ? avait dit Sigrid.
Le soir tombait sur l’un des pontons de la Giudecca... On mangeait des glaces... Un long et lent pétrolier, le Lerzario Arabia, de Panama, tiré par les remorqueurs Novus et Pardus, passait devant nous, jaune sur l’eau violette.
— Je me rappelle le titre d’un poème persan, a dit Liv : Le Coeur Absolu. C’est beau, non ? L’Iran à l’envers ?
— Il faut rédiger les statuts, ai-je dit. Article I : « La Société du Coeur Absolu est fondé ce jour, 8 octobre 1984, à dix-huit heures, à Venise. » Je vous donne la suite demain.
Chacun a dormi de son côté, cette nuit-là. J’ai sous les yeux le texte qui suit.

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Manet, L’asperge, 1880. Huile sur toile, 16x21 cm. Manet, <i>Lola de Valence</i>, 1862.

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LE COEUR ABSOLU
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I. La Société a été fondée le 8 octobre 1984, à 18 heures, à Venise, par très beau temps. Les membres fondateurs se souviendront toujours de ce temps, et plus particulièrement d’une certaine couleur jaune, d’une certaine couleur violette [4]. Le siège de la Société est au 8, Piazza San Agostino, au troisième étage. Ce siège pourra être transféré par décision unanime.

II. La Société a pour but le bonheur de ses membres. Par bonheur, on entend, dans l’ordre qu’on veut, le plaisir et la connaissance. Pour l’instant, la Société comprend trois femmes et deux hommes. Tout nouveau membre doit être élu à l’unanimité. Le nombre de membres ne pourra pas dépasser la douzaine. Il y aura toujours au moins une femme en plus. Les membres de la Société sont rigoureusement égaux. Ils ont tous les droits et aucun devoir.

III. Le secret de la Société est absolu. Aucun membre n’a de comptes à rendre à aucun autre. Chaque membre est seulement tenu de ne pas être ennuyeux. Si, à son insu, l’un des membres commençait à en ennuyer un autre, ce simple mot : « ennui », ferait rougir intérieurement et modifierait le comportement. La formule la plus employée sera : « J’espère que je ne vous dérange pas. » « Pas du tout » en réponse, sera signe qu’on dérange. « Sûrement pas ! » qu’on est bienvenu.

IV. Les activités sexuelles des membres de la Société sont libres à l’intérieur comme à l’extérieur. Il est permis de les raconter. Il est interdit de s’y sentir obligé.

V. Un candidat qui ne serait pas amateur de musique sera automatiquement récusé. L’hymne de la Société est le Quintette avec clarinette de Mozart. Un candidat doit faire la preuve de sa vue et de son oreille. Il doit aimer, par exemple, L’Asperge de Manet, et être capable de faire au moins deux remarques intéressantes sur un papier collé de Picasso [5]. Il doit connaître le plus grand nombre possibles de Mémoires et avoir lu, et bien lu : Juliette ou les prospérités du vice, Généalogie de la morale, Souvenirs d’égotisme, Sodome et Gomorrhe, Rigodon. Femmes et Portrait du Joueur sont facultatifs, mais insidieusement conseillés.

VI. Les considérations de race, de nationalité, de politique, de classe sociale ou de sectes sont étrangères à la Société [6]. La seule religion tolérée — et encore d’une façon qui doit être prouvée par l’humour — est la catholique, apostolique et romaine.

VII. Par définition, les membres de la Société sont heureux. Ils se disent pourquoi. Sinon, ils se taisent. Tout membre peut cesser de l’être quand il lui plaît. Si deux membres du même sexe démissionnent, la Société est dissoute.

Lu et approuvé : Sigrid Brodski (philosophe), Cecilia Fornari (musicienne), Marco Leonardo (musicien), Liv Mazon (comédienne), Ph. S. (écrivain).

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Je glisse le papier dans une enveloppe. Je le range dans un tiroir. "

Le Coeur Absolu, Folio, p.51-53.

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Elle est gravement désenchantée, la clarinette, mais elle chante...

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Picasso, Clarinette et violon

Un peu plus tard... au beau milieu du roman, on retrouve notre trio à un concert donné en l’honneur du Pape :

« On va chez Laetitia... La Comtesse... Le Pape est déjà là, on attend la musique... Une réparation... Mozart... Le Quintette doit durer exactement trente minutes dix secondes. Allegro, Larghetto, Menuetto, Allegreto con variazioni, Adagio, Allegro. Marco, en smoking, est la vedette. Il s’avance dans le salon illuminé donnant sur le Grand Canal, il tousse un peu, il parle. Il a l’air de réciter une pochette de disque :

« Le thème principal du mouvement initial est, avec ses accords brisés, plus adapté à la clarinette qu’au violon, bien que l’instrument à vent prenne d’abord nettement part à l’exposition thématique, traçant une figure sonore dont le rapport avec le thème ne se révèle qu’au cours du développement. En revanche, la clarinette considère que le thème secondaire mérite d’être commentée d’emblée.
Le développement donne lieu à un échange animé entre les cordes au-dessus desquelles la clarinette étend une ample ligne en ogive d’accords brisés. Dans la reprise, Mozart confie le thème principal à la clarinette dont le timbre contribue à le mettre en valeur.
« Dans le mouvement lent, continue Marco, très sûr de lui, la sonorité de la clarinette domine, et c’est ici, Très Saint-Père, que l’instrument atteint la plus riche profusion de grâce mélodieuse. Le menuet, d’abord profilé thématiquement par l’instrument à vent, offre un détail spécifique d’exécution, avec la longue note tenue qu’aucun autre instrument n’est capable de jouer avec cette chaleur et cette rondeur sonores. Dans le mouvement final, écrit en variations, Mozart nous donne une véritable leçon dans l’art de jouer de la clarinette qui laisse deviner la virtuosité d’Anton Stadler à l’intention duquel il composa l’ouvrage : saut sur plus de deux octaves, — technique qui témoigne de la subtile connaissance qu’avait Mozart des formules de doigté en même temps qu’elle témoigne à coup sûr des conseils reçus de Stadler —, exploitation du registre grave, rempli sonore au moyen d’accords brisés, traits rapides sur toute l’étendue des trois registres. Il est pourtant frappant que Mozart, qui tire parti du grave jusqu’à la limite extrême de l’instrument, ne dépasse pas dans l’aigu le Ré 4... »

Marco souligne la dernière phrase comme s’il s’agissait d’un message codé à l’intention exclusive du Saint-Siège.

« Comme vous le savez, continue-t-il, le Quintette avec clarinette en la est de septembre 1789. Contemporain, donc, de Cosi fan tutte, opéra qu’il évoque d’ailleurs de toutes parts. C’est l’année du bonheur extrême de Mozart, ce que les spécialistes appellent "l’année radieuse". Nous pensons, quelques amis et moi, qu’il s’agit là, pour ainsi dire, du coeur absolu de son oeuvre. [7] »

Pas mal, Marco, pas mal...

« Nous avons maintenant l’honneur, nous, élèves du Conservatoire Benedetto Marcello de Venise, d’offrir tout spécialement cette interprétation à Votre Sainteté. »

Les cinq musiciens s’inclinent profondément... Sa Sainteté approuve gentiment... Applaudit un peu... L’air noir pénètre doucement dans le salon à travers les lauriers blancs, en pot, des balcons du palais... Trente minutes dix secondes... Demain, le Pape reprendra son avion, le Dante Alighieri frappé de ses armes.

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Picasso, Violon (1912)

Il y a donc Cecilia et un jeune homme très maigre à l’air fanatique au violon... Une blonde et rose Anglaise de passage à l’alto... Un solide barbu sombre et philosophe au violoncelle... Marco, enfin, élégant et blond, dont c’est le moment... Cecilia me fait un clin d’oeil, Liv et Sigrid sont l’une contre l’autre, émues...
Voilà, c’est parti... Un deux trois quatre... Cinq-six-sept-huit-neuf... Ils sont en barque sur la lagune... Ils s’éloignent fermement... Ils emmènent l’animal au large... Coq doux... Ils flottent, ils tournent sur leur éclatement d’axe... Ils vont l’égorger de partout, faire couler son sang... Pas de violence... Acceptation en douceur... Ligne d’horizon, ligne de ciel, trois mains et un pied, larynx... Rires noirs et blancs... Clarinette d’ébène, coq de jais... Argent des clefs, pied de nez et cordes nasales... Bec, anche, tige mobile, tube et pavillon évasé, chalumeau, médium ; clairon, suraigu du crâne... Clarien vient de clair, sonnettes pour les ruminants dans la brume...
« En Grèce, l’instrument du délire est l’aulos dionysiaque, qui n’est pas une flûte, mais une clarinette, parfois un hautbois, c’est-à-dire à anche où la langue fait vibrer directement le souffle producteur. »
Languette de roseau...
Je regarde le Pape... Il a l’air content... Il bat la mesure de la main droite... Le petit secrétaire m’interroge de loin... Je fais signe que j’ai téléphoné... Il baisse la tête... Liv et Sigrid sont fascinés par Cecilia et Marco... L’Anglaise me plaît bien, cheveux rejetés en arrière, énergique, un peu méchante, bien fluide au milieu des sons... Ah, ils l’envoient, ce Quintette... Bon dieu, quels progrès ils ont fait... Marco est inspiré... Il ferme les yeux, respire, module, s’enfonce, creuse, dérape, remonte, se brise, s’éparpille, plane, se refaufile dans les bois, saute à travers les cordes... Cecilia le capte au quart de tour... Les autres s’enlèvent à la suite... Poumons, bouche, poignets, torses... Rien à dire, c’est parfait... Il joue à l’aveugle maintenant, Marco, il est dans le velours.... Et le revoilà dans l’écorché, le strident... Et puis l’herbe mélancolique... Et puis de nouveau la crise, l’ironie, le frisson sur soi... Elle est gravement désenchantée, la clarinette, mais elle chante... Rien à voir avec la flûte rigide en cui-cui, étalon pétrifié, lingot pouussif, que d’ailleurs Mozart détestait, on le sait... Ici, au contraire, déhanchement de gorge, hoquet tracassé, tranché, cascade perlée, billes... Sarbacane des voix... Cosi... La Clémence... Les femmes pour elles-mêmes, chauffées dans la spirale endiablée...
Les voilà de retour, les cinq, ils reviennent de leur balade à Cythère... Cecilia et l’Anglaise en fanions, à la pointe de la barque ; le violoncelle barbu à la barre avec, à ses côtés, le grand maigre second violon... Et la clarinette au milieu, à la place du mât, Marco à bout de souffle mais encore en souffle... Ils arrivent au port, ils accostent sur le Canal, là, dehors, qui les reçoit dans ses reflets protégés... Ils rentrent par la fenêtre, ils vont s’asseoir sur leurs chaises dorées... C’est fini... Ils se lèvent et saluent bien bas le Pape. Lequel va leur serrer la main en retenant un instant leurs mains. Révérence de Cecilia et de l’Anglaise. Trente minutes douze secondes : un soupir de trop dans l’Adagio.

Cecilia a parlé à l’Anglaise, je l’aurai demain soir, c’est promis... Jane... Elle m’a regardé bien en face, en sortant, évaluation, regard bleu, d’accord. Ce sera bientôt une bonne mère de famille soignée, attentive, elle renoncera à l’alto, elle aura épousé un pianiste hongrois... Un Français un peu mûr et mélomane en passant par Venise ? Why not ?... Archives... Caprice dans un bosquet... » (Folio, p.201-204.)

Une femme en plus ? Le quintette peut devenir un sextet. Why not ?

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Michel Portal (2006)

Michel Portal interprète le Quintette pour clarinette

Michel Portal est né le 27 novembre 1935 dans le Sud-Ouest [8]. Sa biographie musicale est très bien résumée par mon ami Xavier Prévost dans l’Encyclopédie Universalis. Extraits :

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Michel Portal

« Certains êtres, et particulièrement certains artistes, découragent toute espèce de classement ou de définition. De Michel Portal, clarinettiste et saxophoniste (mais aussi joueur de bandonéon), interprète classique et jazzman (mais également compositeur), Francis Marmande brossait en 1981 le portrait d’un "exilé permanent qui se sent en instance" ; presque une manière de congédier tout enfermement du personnage dans la fixité, illusoire, d’une identité. Autant dire que, si l’on veut se donner une chance de cerner la singularité du musicien, le portrait devient singulièrement... pluriel ; un paradoxe qui permit en 1972 à Lucien Malson de "botter en touche" du côté de la mythologie grecque : "Protée, c’est déjà lui : plusieurs artistes en un seul, un seul homme sous diverses apparences".

« Par-delà les apparents clivages d’une activité plurielle, ce qui frappe, chez Michel Portal, c’est une invocation quasi rituelle de la solitude, conjuguée au désir éperdu de communiquer, de partager : avec les musiciens qui le côtoient sur scène, mais aussi avec le public. Ce haut degré d’exigence d’une réponse, d’une implication de l’autre, est la légitime attente d’un musicien qui s’investit constamment jusqu’à la limite, jusqu’au danger. » (Michel Portal par Xavier Prévost.)

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Relisant les extraits du Coeur Absolu, je réécoute les différentes versions du Quintette en ma possession. L’interprétation de Michel Portal avec le Quatuor Ysaÿe ou le Cherubini Quartett — dernière en date, remarquable — ne manquent pas de chaleur mais ma préférence (nostalgie ? la date ?) va une fois de plus à celle que Michel Portal a réalisée en 1983 — publiée en 1984 — avec l’ensemble Les Musiciens [9].

On conviendra que le choix de mettre L’invocation à l’Amour de Fragonard sur la pochette fut musicalement inspirée [10].

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Enregistrement mars 1983
Fragonard, Invitation à l’Amour.
Musée des Beaux-Arts, Orléans

« Allez, la musique ! » (Isidore Ducasse)

1. Allegro

2. Larghetto

3. Menuetto

4. Allegretto Con Variazione

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Du quintette au trio : toujours Mozart, encore Portal

Trio pour piano, alto et clarinette en Mi bémol majeur K.498

Le Trio a été écrit pour la famille Jacquin, les amis de Mozart, dont la fille Franziska était son élève préférée. L’anecdote veut qu’il ait été imaginé pendant une partie de quilles (d’où son surnom : Trio des Quilles) alors que Mozart séjournait chez eux durant le mois de juillet 1986.

1. Andante - 2. Menuetto

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3. Rondo (Allegretto)

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Le Concerto de Mozart

Michel Portal a également interprété à plusieurs reprises le Concerto pour clarinette de Mozart et, en 1997, Jean-Louis Comolli et Francis Marmande ont fait un documentaire où Michel Portal recrée, note par note, le célèbre concerto.

Michel Portal a fait le projet un peu fou de s’isoler pendant quinze jours dans un château, en compagnie de sept jeunes musiciens, pour prendre le temps et le plaisir de travailler en profondeur le célèbre concerto pour clarinette de Mozart. Témoin de ce défi, Jean-Louis Comolli observe le célèbre soliste qui redonne un sens à chaque note et s’interroge sur chaque mesure.

Après avoir joué le concerto au théâtre des Champs-Elysées en mai 1994, Michel Portal n’est pas satisfait. Il éprouve le besoin de « retrouver pas à pas la musique de Mozart », loin de l’agitation des salles parisiennes, et de mener une expérience qu’il juge capitale dans sa vie d’homme et de musicien. Pour la première fois, il s’offre le temps nécessaire pour se rapprocher intimement de ce monument composé par Mozart dans les dernières années de sa vie. Au cours d’un travail difficile et exigeant en petite formation, il explore la partition dont les multiples voix s’apparentent pour lui à celles de personnages. A la fin du séjour, l’orchestre au complet, Michel Portal peut enfin exécuter le concerto « comme il l’entend », teinté de sonorités sombres, proche de la voix humaine.

La fiche du film

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Portal à la clarinette basse

Le 2 mars 2007, Michel Portal vient présenter son dernier album "Birdwatcher" sur le plateau de France 2. Il interprète un morceau de sa composition : Dolce.

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Quand c’est une clarinettiste...

Le Quintette avec clarinette KV 581 de Wolfgang Amadeus Mozart, interprété par le Armida Quartet (Sabine Meyer à la clarinette).

Le 27 avril 2019

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[1Voir l’entretien Jazz.

[2Voir l’entretien allegro vivace.

[3Gervase de Peyer est un clarinettiste britannique né à Londres le 11 avril 1926.
Élève de Frederick Thurston au Royal College of Music et de Louis Cahuzac au Conservatoire de Paris, il est premier clarinettiste de l’Orchestre symphonique de Londres de 1955 à 1971. En 1952, il est cofondateur du Melos Ensemble of London et en assure toujours actuellement la direction.
Il enseigne depuis 1959 à la Royal Academy of Music.
A défaut du Quintette, vous pouvez écouter Gervase de Peyer dans le Concerto pour clarinette de Mozart.

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Picasso, Musiciens aux masques (1921)
C’est Pierrot qui joue de la clarinette.

Ces Musiciens aux masques ou Les Trois musiciens ne sont pas des papiers collés mais y font irrésistiblement penser.
Deux versions de ce tableau existent (ci-dessous). Toutes les deux ont été peints la même année (1921) et représentent les mêmes trois personnages de la commedia dell’ arte : Pierrot, Arlequin et Capuchin. Dans une version de ce tableau, Pierrot joue de la clarinette, Arlequin joue du violon à gauche, et à droite, Capuchin semble jouer de l’accordéon. Dans l’autre version, Pierrot joue encore de la clarinette, Arlequin joue de la guitare au centre, Capuchin tient les partitions et, à gauche, en partie sous la table, il y a un chien noir...

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Les trois musiciens (1)
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Les trois musiciens (2)

Arlequin, en 1918, semblait déjà préférer le violon ou la guitare.

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Picasso, Arlequin (5-11-1918)
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Picasso, Arlequin au violon

[6En écho à Rimbaud ? Au Rimbaud qui écrit : "A vendre les corps sans prix, hors de toute race, de tout monde, de tout sexe, de toute descendance !" (Solde, dans les Illuminations) ?

[7Je souligne. A.G. Clin d’oeil au lecteur : c’est le coeur absolu de l’oeuvre de Mozart, de la société secrète, le coeur absolu du roman (le coeur absolu de l’oeuvre de Sollers ?)

[8Un an avant Philippe Sollers mais à Bayonne dans le Pays basque.

[9Le hasard veut par ailleurs que Michel Portal joue le Quintette pour clarinette de Mozart le vendredi 31 octobre 2008 au Palais des congrès de Saint Raphaël dans le cadre du festival de quatuors à cordes du Pays de Fayence. Vous trouverez des informations et une autre biographie de Michel Portal sur ce site.

Vous pouvez aussi écouter l’interprétation de Charles Neidich — L’Archibudelli (Sony, 1993)

[10L’illustration a, hélas, changé lors de la réédition du CD.

Nota : Il existe aussi un Quintette Fragonard assez inspiré.

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2 Messages

  • Albert Gauvin | 23 août 2021 - 23:50 1

    Quand j’ai fait cet article sur Le Cœur Absolu il y a 13 ans, je l’avais accompagné en toute liberté d’une sorte d’hommage à Michel Portal interprétant plusieurs compositions pour clarinette de Mozart. Mais Portal, né le 27 novembre 1935, un an presque jour pour jour avant Sollers, connu par le grand public comme un musicien de jazz, a, lui aussi, ses IRM — ses Identités Rapprochées Multiples. Je suis un être dispersé, dit-il.
    Il est ce lundi 23 août l’invité de La Grande Table d’été sur France Culture et revient sur les différents aspects de son voyage musical. On entend Mozart, Gainsbourg, Barbara, Boulez et bien d’autres.

    Il y a quelques mois, le clarinettiste Michel Portal sortait son album "MP85", titre inspiré par ses initiales et son âge, quatre-vingt-cinq ans. L’occasion de revenir sur la vie de ce grand musicien et spécialiste du jazz, qui a collaboré avec les plus grands, de Serge Gainsbourg à Barbara.

    ECOUTEZ ICI

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    Michel Portal lors de la sortie de son album "MP85".
    Crédits : JOEL SAGET - AFP. ZOOM : cliquer sur l’image.
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    Michel Portal est clarinettiste. Son nouvel album paru il y a quelques semaines, M85, pour Michel Portal, 85 ans (Label Bleu) met la musique de chambre à l’honneur. Après une vie entière à jouer et à collaborer avec les plus grands — de Serge Gainsbourg à Barbara -, il part en tournée en solo. Une tournée qui durera tout l’été - première date : 3 juillet — et se prolongera jusqu’à l’automne dans divers festival. Objectif : faire vivre sa musique. Michel Portal et son nouvel album sont à retrouver sur scène jusqu’au 6 octobre.

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  • A.G. | 10 janvier 2009 - 21:54 2

    Dans Les Voyageurs du Temps Sollers « note que le plus grand clarinettiste de tous les temps (pour moi, du moins), Johnny Dodds, en pleine activité dans les années 1920-1940, n’est que très tardivement mentionné dans le dictionnaire. "

    Il l’écoute et ajoute :

    « Un des plus beaux tableaux "cubistes" de Picasso est certainement  L’homme à la clarinette [Voir au début de cet article], daté de 1912. Tableau, dit Breton, « d’une élégance fabuleuse et sur l’existence "à côté" de qui nous n’en finirions pas de méditer » L’existence "à côté", voilà la formule. En 1928, Breton écrit encore : « Dès aujourd’hui, les prétendues conditions matérielles de cette existence nous laissent indifférents. Que sera-ce donc plus tard ! » Nous sommes plus tard, beaucoup plus tard, et L’Homme à la clarinette ne ressemble toujours pas à un homme à la clarinette. Il traverse les guerres, le bruit, les massacres, les photos, les films, les écrans, les ordinateurs, la vulgarité générale. On peut avancer que c’est le seul vrai portrait de Johnny Dodds (d’une "élégance fabuleuse") et une déclaration du droit de l’homme à être irreprésentable en société. » (p. 74)

    On reviendra sur Johnny Dodds dont il est aussi longuement question dans L’étoile des amants.