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Un écrivain dans son château

D 13 août 2007     A par D. Brouttelande - C 2 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Alors même qu’il passe pour un adepte du bonheur [1], Philippe Sollers évoque souvent le suicide dans ses romans ; Une vie divine (2006) il y a peu encore [2], après Studio (1997) pour celui d’un intellectuel dont le fils sera en contact avec le narrateur [3], ou bien celui que ce dernier dès l’entrée de Passion fixe (2000), se souvient avoir envisagé [4]... Le suicide]] appréhendé, évalué, maîtrisé après son constat, sa tentation...

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Bernard_Lamarche-Vadel par Bernard Plossu

Quelques semaines après la parution de Passion fixe, un écrivain mettait fin à ses jours...C’est en effet en mai 2000 que Bernard Lamarche-Vadel s’est suicidé dans son Château de la Rongère en Mayenne ; écrivain entouré de quelques chiens [5].

Pourquoi établir ce rapprochement entre Philippe Sollers et Bernard Lamarche-Vadel ? En raison d’abord d’une relation de longue date. Elle mériterait sans doute une attention particulière. Rappelons à ce titre que dès 1972, ce jeune homme alors âgé de 23 ans participait au colloque de Cerisy-la-Salle consacré à Artaud et Bataille [6], dirigé par Philippe Sollers qui sera 20 ans plus tard son éditeur, aidant ainsi ce critique d’art remarqué à s’affirmer également romancier avec Vétérinaire publié en 1993. Suivront Tout casse en 1995, et Sa vie, son ?uvre en 1997.

Un autre aspect, cette fois de nature littéraire, pourrait justifier cet arrêt. Sa vie, son ?uvre en plus de lui être dédicacé, inclut un chapitre constitué d’une lettre adressée à Philippe Sollers, « Mon cher éditeur, ... ». Mais encore (surtout ?), voilà un roman dans lequel la présence d’un château et d’une Dora [7] ne manque pas de nous interpeller, rétrospectivement, après la lecture de Passion fixe paru trois ans plus tard...


[1« Je suis le seul dans le roman contemporain, avec Philippe Sollers, à occuper le créneau du bonheur. » Jean d’Ormesson, Grandes Conférences du Figaro, Le bonheur et le malheur d’être né, Théâtre de la Madeleine, 7 novembre 2005.

[2« LA VIE RESULTE DE LA REPRESSION DU SUICIDE, DONC DE LA NEGATION D’UNE NEGATION. LA MORT RESULTE DE LA REPRESSION DE LA REPRESSION DU SUICIDE, DONC DE LA NEGATION DE LA NEGATION D’UNE NEGATION. Vous n’êtes en vie que parce que vous résistez sans arrêt au suicide de votre organisme. » p 269-270, Gallimard.

[3« Il vient, chaque fois, avec les papiers de son père, un ami qui s’est suicidé il y a cinq ans pendant mes voyages. » p 13, « [...] Guillaume, lui, a beaucoup réfléchi et écrit, mais a fini par se persuader qu’il en savait trop pour continuer à vivre. » p 36, Gallimard.

[4« Ce mois-là, novembre ou décembre, j’avais vraiment décidé d’en finir. Le revolver de Betty était là, sur la droite... » p 13, Gallimard.

[5Nous renvoyons ici à l’émouvante « Déposition » de Danielle Robert-Guédon parue dans la revue Ligne de risque N° 15 - Janvier 2001, p 55-58.

[6Vers une Révolution culturelle : Artaud, Bataille. Colloque dirigé par Philippe Sollers, du 29 juin au 9 juillet (2 vol., Artaud et Bataille, éditions UGE 10/18, 1973). Bernard Lamarche-Vadel figure parmi les participants de la première discussion sur Artaud « L’état Artaud ».

[7Dans le roman, il s’agit du château de Marbach et Dora est une chienne (beauceron bas-rouge). Comme indiqué plus haut, Bernard Lamarche-Vadel vivait dans le château de la Rongère. Il avait eu une chienne appelée Dora. A la découverte du corps de Bernard Lamarche-Vadel, on trouva sur sa table de nuit, avec les ?uvres de Rimbaud, celles de Kafka...

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2 Messages

  • D.B. | 2 avril 2009 - 23:00 1

    Danielle Robert-Guédon fait actuellement paraître aux éditions Argol, dans la collection "Locus solus", son livre "La Rongère", qui reprend " Le Désespoir du singe" paru en 1997.


  • V.K. | 13 août 2007 - 22:55 2

    Il s’est suicidé... (impasse de la vie)

    Dans Studio, 1997 :

    Le narrateur-agent secret qu’on imagine dans une phase plus dormante, qu’active - son activité est aussi largement dans l’ombre - en profite pour dépouiller les archives de son ami Guillaume, écrivain. Il s’est suicidé...( impasse de la vie) et son fils a demandé au narrateur de l’aider. Prétexte aussi à flash back sur l’enfance, le style de Guillaume, son rituel d’écriture etc. Sollers-Guillaume, Sollers narrateur. Fiction et larges pans d’ éléments autobiographiques.

    VK, portrait éclaté

    les révolutionnaires ont le choix entre suicide et mutisme

    in Eloge de l’Infini, 2001

    « Tout le monde en convient dans l’indifférence quasi générale : la poésie n’en finit pas de disparaître, elle s’éteint, elle se dissout dans le sentimentalisme ou la préciosité moisie, elle ne donne plus lieu qu’à des recueils invendables et mélancoliques, elle contemple sa propre mort avec un narcissisme sombre. C’est sans doute dommage, mais que voulez-vous - les temps sont durs, les problèmes s’accumulent. Ah ! Voici quand même un sursaut, un dernier cri, une révolte... mais non, plus rien, le bruit est trop fort, il couvre tout, les voix, les souffles, les corps. L’aplatissement verbal règne dans un océan de disques compact ou de reproductions de tableaux, les commémorations de poètes passés suivent leur cours (quels personnages intéressants ! que d’aventures !), les révolutionnaires ont le choix entre suicide et mutisme, bref, l’ exclusion , la vraie, ne touche pas seulement les vaincus de la productivité fébrile mais justement la langue qui pourrait penser et parler. Ca ne pense pas, ça opinionne. Ca ne parle pas, ça ordonne. Misère de la poésie, donc, et poétisation publicitaire de la misère : telle est, désormais, la norme rotative de nos sociétés.
     »
    L’extrait dans son contexte : A_Gauvin, La poésie invisible

    Le lent suicide de tous

    Formule leitmotiv in :
    Philippe Sollers, Entretien avec Jean Ristat, Les Lettres Françaises (13-11-02)

    Nietzsche a une très belle définition de l’État : " J’appelle État le lieu où le lent suicide de tous est appelé la " vie ". " Le lent suicide de tous, on le constate, tous les jours. D’où la fascination qu’exerce et exercera de plus en plus, les passages à l’acte de la violence explosive. Encore une fois, nous n’en sommes qu’au début. Le lent suicide de tous, qu’on appelle la vie, s’organise à peu près partout, y compris chez les artistes et les intellectuels. Ils protestent, ils s’indignent, ils signent des pétitions... mais ils ne se battent pas. Quand l’un d’eux se bat, alors il y a de fortes chances qu’il soit rappelé à l’ordre par les chiens de garde du lent suicide de tous et que ça déplaise à tout le monde.

    L’extrait dans son contexte : Philippe Sollers, Entretien avec Jean Ristat, Les Lettres Françaises

    Il y a le suicide du début...

    In Sollers se démasque à la Closerie, interview de Frédéric Beigbeder, 2000

    Une Curieuse solitude était un peu votre Bonjour tristesse. Et Passion fixe raconte une histoire d’amour entre bourgeois. Cela fait beaucoup de points communs entre Sagan et vous, non ?

    « Il y a aussi le pseudonyme et les origines sociales, si vous voulez. Mais il me semble que Passion fixe est plus dur que du Sagan. Il y a le suicide du début. Et puis mes personnages ne restent jamais entre riches. »
    _ Sollers se démasque à la Closerie, interview de Frédéric Beigbeder




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