Documentaire signé Jacques Forgeas et Franck Dhelens où le téléspectateur fait connaissance avec La Fontaine et ses amis Molière, Racine, Boileau... ainsi que les grands de l’époque Colbert, Fouquet - que La Fontaine fut un des rares à soutenir dans sa disgrâce -, Louis XIV. La petite histoire et les hommes dans leur vécu et leurs sentiments qui font la grande histoire. Ils vivent sous nos yeux. Nous les voyons, nous les écoutons.

Nous écoutons aussi leurs commentateurs. Eric Orsena excelle à nous conter son La Fontaine. Sollers, à sa façon, est aussi en verve. Rien de ses prestations télévisuelles récentes dont beaucoup sont décevantes. Rien d’improvisé, pas de guerre de prise de parole entre les invités, pas de coupure de parole sauvage autre que celle du montage qui donne le juste temps et tempo. Quant à Marc Fumaroli, son la Fontaine est mis en perspective, à La façon d’un Le Nôtre. Vue sur le château sous différents angles, à partir des jardins. Et vice versa.

Sa « ferme des animaux » lui permet d’expliquer à ses lecteurs le monde politique, « mais aussi de critiquer et de balancer comme un fou », s’enthousiasme Erik Orsenna ! Une époque, faut-il le rappeler, où les rentes aux artistes sont le fait du prince et vont à ceux qui font son éloge. Mais est-ce si différent, aujourd’hui ? « Quand tous ont peur et se taisent, La Fontaine, rêveur indomptable, est le seul à s’élever », note admiratif Philippe Sollers. Pour Marc Fumaroli, ces pamphlets, Les Fables, sont une « invention géniale qui s’adresse à tous les public ». Et d’ajouter en langage académique : « C’est l’un des rares poètes français qui ait su se libérer de la machine à coudre de l’alexandrin. Il utilise les vers de longueurs différentes et les coupe avec une audace et une liberté telles qu’on a un merveilleux rythme dans l’oreille. Dans la déroute actuelle des classiques, celui qui est le plus populaire, le plus vivant, qui a le mieux résisté au temps, c’est étrangement Jean de La Fontaine. »

« C’est un héros de fiction parce que c’est un homme qui lutte, qui évolue et qui gagne », analyse Jean-Pierre Fayer, producteur exécutif. Lorànt Deutsch (qui joue le rôle de M.de La Fontaine) confie, pour sa part, avoir découvert un personnage très éloigné de l’image qu’il s’en faisait, celle « d’un petit homme rondouillard, un peu vieillot dont les cheveux sentaient la poudre ». Daniel Vigne, le réalisateur, reconnaît avoir cherché à se défaire de « l’image imposée par les dictionnaires ». Jacques Forgeas, le scénariste, le décrit comme le héros des minorités : « L’une des chances de La Fontaine, explique-t-il, est d’avoir rencontré, tout au long de sa vie, des minorités qui se sont reconnues en lui : les protestants, les juifs, les femmes, les jansénistes. »

Entrez dans les coulisses du film et découvrez un Jean de La Fontaine finalement méconnu.

Crédit France 5
Dossier de presse du film


Extraits de la musique du film composée par Michel Portal