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Ulysses de Joyce a cent ans

D 7 janvier 2022     A par Albert Gauvin - C 20 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Ulysses de Joyce est publié en France le 2 février 1922 par Sylvia Beach, éditrice et libraire de Shakespeare et Cie. A sa sortie, l’ouvrage fait scandale et connaît la censure. Aux États-Unis, il fait l’objet d’un procès pour obscénité. Il est aujourd’hui reconnu comme un des chefs-d’oeuvre de la littérature du XXe siècle. Retour sur une odyssée qui est aussi celle de ses lectures et de ses traductions.

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Gallica BnF
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Interview de Sylvia Beach, disparue aujourd’hui, qui raconte sa rencontre avec James Joyce chez Spire. Elle évoque également la première visite du grand écrivain à la librairie du quartier Montparnasse, la parution et l’interdiction aux Etats Unis d’Ulysses.

ORTF, Jean-Marie Drot, L’art et les hommes, 18 mars 1963.

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« Un homme de génie ne commet pas d’erreurs. Ses erreurs sont volontaires et sont les portails de la découverte. » (Ulysse)

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Édition folio, 24-10-13.
Traduction dirigée par Jacques Aubert.
Première parution en 1937.
Nouvelle édition en 2013.
Collection Folio classique (n° 5641), Gallimard.
Parution : 24-10-13.

Traduit de l’anglais (Irlande) par Stuart Gilbert, Valery Larbaud, Auguste Morel, Jacques Aubert, Pascal Bataillard, Michel Cusin, Sylvie Doizelet, Patrick Drevet, Bernard Hœpffner, Tiphaine Samoyault et Marie-Danièle Vors. Édition publiée sous la direction de Jacques Aubert.

Le 16 juin 1904, à Dublin. À partir des déambulations, élucubrations, rencontres et solitudes de trois personnages, Leopold Bloom, Stephen Dedalus et Molly Bloom, Joyce récrit l’Odyssée d’Homère. L’architecture d’Ulysse est un incroyable tissage de correspondances : le roman foisonne d’échos internes, de réminiscences, de choses vues et entendues, digérées et métamorphosées. En même temps que Proust, Joyce écrit le grand roman de la mémoire et de l’identité instable.
Dans ce livre qui tient de l’encyclopédie et de la comédie humaine, l’auteur convoque tous les styles, tous les tons — y compris comique —, du monologue intérieur au dialogue théâtral. La lecture d’Ulysse est de ces expériences déterminantes qui changent notre perception du roman comme notre vision du monde.

LIRE : « James Joyce » par Valery Larbaud (La Nrf, avril 1922)

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Article de Sollers lors de la première publication de la nouvelle traduction d’Ulysse en 2004.

Joyce de nouveau

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Le lecteur français veut savoir tout de suite si la nouvelle traduction d’Ulysse, de James Joyce, était nécessaire, et si elle est préférable à l’ancienne [1]. La réponse, à quelques détails près, est oui. Le texte est plus précis, plus dru, plus cru. Cela dit, la curiosité du lecteur va-t-elle plus loin ? On aimerait le penser, mais, malheureusement, il est de plus en plus difficile de rencontrer quelqu’un qui a lu le livre. Toute personne cultivée a entendu parler de Joyce, connaît trois ou quatre anecdotes sur lui, mais, sur le fond, à part les redites des commentaires universitaires, on reste dans le brouillard, et ce n’est pas la mascarade du « Bloomsday », le 16 juin de chaque année, à Dublin, qui pourra éclairer le problème.

Joyce n’est pas plus trouvable à Dublin que Proust au bois de Boulogne, Kafka à Prague, Cézanne sur la montagne Sainte-Victoire, Céline à Meudon. Une ville se prête à la célébration d’un personnage de roman pour mieux évacuer son auteur ? Voilà qui est digne de l’extravagant humour de ce génie encore peu compris. Joyce n’aurait certainement pas accepté d’être identifié au seul Léopold Bloom. Il est Bloom, c’est entendu, mais aussi Stephen Dedalus, Buck Mulligan, Homère, Hamlet, Dieu, Shakespeare, Aristote, Gerty, un certain nombre de théologiens, d’ivrognes, de prostituées, et puis Molly, et puis n’importe qui. Le jour de Joyce est le plus long de toute l’histoire humaine. Nation, famille, raison bornée, religion, tout vole en éclats du matin au soir, et on entre ainsi, pour la première fois, dans une réalité entièrement libre, comique, lyrique, intime, cosmique. Sans parler d’une obscénité naturelle, d’autant plus mystérieuse et détachée qu’elle n’a rien à voir avec la pornographie.

Il vaut mieux dire, c’est évident, « putain », « bordel », ou « Bon Dieu », plutôt que (comme dans l’ancienne version) « sapristi » ou « sapristoche ». Ancienne traduction : « J’en ai assez de me battre avec ces satanés oeufs. » La nouvelle : « Je peux pas passer mon temps à trifouiller ces oeufs à la con. » Bon. En revanche, on ne voit pas en quoi « navette à encens » ajoute à « encensoir ». Parfois un des traducteurs s’amuse et remplace froidement « c’est en forgeant qu’on devient forgeron » par « c’est en lisant qu’on devient liseron », introduisant ainsi Queneau dans Ulysse. D’ailleurs, qu’est-ce qui ne peut pas « entrer » dans Ulysse et Finnegans Wake ? Ce sont des trous noirs, pas moyen d’en sortir.

On a beaucoup répété qu’Ulysse était illisible et, par conséquent, les commentaires insistent sur les questions formelles. « Joyce a voulu dérégler le langage », entend-on. Mais pas du tout : il a voulu au contraire le régler autrement, à la mesure d’un monde en plein dérèglement (ça continue de plus belle). Il y avait quelque chose de pourri du côté de l’anglais, de l’Irlande, de la civilisation occidentale, de la métaphysique, de l’espace, du temps, de la religion, des objets, des hommes, des femmes. Joyce a simplement voulu faire le ménage dans ce foutoir. Le résultat est explosif, mais toujours très clair (sauf du point de vue de la domination ou de la servitude). C’est le sens d’Ulysse qui fait question, pas les mots pour le dire.

Que fait donc ici ce Bloom, né Virag, juif d’origine hongroise, et Marion, sa femme, la très célèbre Molly qui achève le concert par son fameux « oui » ? Qui est ce Stephen Dedalus, échappé des jésuites, avec son refus blasphématoire de s’agenouiller devant sa mère mourante ? Pourquoi ce couple masculin, juif infidèle mais persistant (hébreu) et catholique décalé grec ? « Un juif grec est un grec juif », dit Joyce [2]. Ce duo est choisi avec la plus grande logique. C’est lui qui est chargé de s’opposer au conformisme ambiant (l’antisémitisme), tantôt dans la dérision, tantôt dans la pulsion, dans la révolte ou la compassion.

Duo ? Non : trio, puisque l’auteur pénètre, comme personne avant lui, dans les petits papiers du psychisme féminin. Fin de la sainte mère, fin de l’idole idéale. Laisse-moi être, laisse-moi vivre, dit Stephen à sa mère, tout en la traitant intérieurement de « goule » et de « mâcheuse de cadavres ». Il y a un péché originel lié à la procréation et, donc, à la mort [3] ? C’est probable, terrible, mais surtout cocasse. Stephen est la vision « artistique » de Joyce, Bloom son versant progressiste et scientifique voué à l’obsession sexuelle. Les hommes et les femmes ? Malentendu complet, mais justement. Commencez par le splendide épisode de Nausicaa : la jeune boiteuse ravissante sur la plage, renversée en arrière pendant un feu d’artifice, et le sombre satyre Bloom en train de la regarder depuis les rochers en se masturbant. Le lieu est-il clairement indiqué par le tourisme en Irlande ? On en doute.

Qu’est-ce qui saute avec Joyce ? La hiérarchie. On comprend qu’une telle insurrection n’ait pas été du goût de l’ordre existant (et surtout pas des marxistes). Le rationalisme plat est moqué, le parti dévot ridiculisé, l’auteur est aussi à son aise en juif qu’en femme, sans parler de sa conviction que Dieu, s’il existait, serait « toutentous » (et aussi bien toutentoutes).

Les morts sont vivants, les vivants sont en train de mourir, on enterre quelqu’un, un accouchement a lieu, on célèbre des messes, on rédige le journal du jour, on boit dans un tripot, on donne la clé de l’oeuvre de Shakespeare, on écoute parler la parole, on se glisse dans les rêves et les cauchemars, on raisonne sur la maternité et la paternité. Un père n’est pas un géniteur : « L’engendrement conscient n’existe pas pour l’homme. C’est un état mystique, une succession apostolique, du seul engendreur au seul engendré. » Résultat inattendu, l’Eglise catholique, comme le monde lui-même, est immuablement fondée sur le vide. Bloom est très impressionné par ce Stephen intransigeant, il le drague, il serait volontiers son mentor (quitte à lui proposer sa femme). Il pense que le sexe est tout-puissant, Molly aussi, mais c’est pour rire. Il serait plutôt socialiste, Bloom, à quoi Stephen répond sèchement : « Nous ne pouvons pas changer le pays, changeons de sujet. »

Ithaque, avec Télémaque, Nausicaa et Pénélope, est un des épisodes les plus réussis d’Ulysse. Chaque relecture est un enchantement, questions et réponses, aussi vertigineuses les unes que les autres. Vous êtes un peu perdu dans le diabolique et délirant Circé ? Normal, puisque « l’Histoire est un cauchemar dont j’essaie de m’éveiller ». Mais écoutez plutôt Stephen, à moitié ivre, crier son « Non serviam ! » et son « Nothung ! » aux cadavres et aux fantômes, tout en sabrant le lustre du bordel avec sa canne de frêne [4] (celle-là même, sans doute, que le pauvre Artaud dira avoir été la canne de saint Patrick). Et appliquer ce simple principe de base : « Tiens-toi au maintenant, à l’ici, à travers quoi tout futur plonge dans le passé. »

Philippe Sollers, Le Monde des livres du 11 juin 2004 ; L’Infini 91 (été 2005).

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Le monologue de Molly Bloom


Transcription des mots de Joyce d’une lettre à Budgen par Joe Tilson en 1970 [5].
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Céline Sallette lit en français le monologue de Molly Bloom (13/01/2012)

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Traduction de la fin

je l’ai poussé à me demander en mariage oui d’abord je lui ai donné le morceau de gâteau à l’anis que j’avais dans la bouche et c’était une année bissextile comme maintenant oui il y a seize ans mon dieu après ce long baiser je pouvais presque plus respirer oui il a dit que j’étais une fleur de la montagne oui c’est ça nous sommes toutes des fleurs le corps d’une femme oui voilà une chose qu’il a dite dans sa vie qui est vraie et le soleil c’est pour toi qu’il brille aujourd’hui oui c’est pour ça qu’il me plaisait parce que j’ai bien vu qu’il comprenait qu’il ressentait ce que c’était qu’une femme et je savais que je pourrais toujours en faire ce que je voudrais alors je lui ai donné tout le plaisir que j’ai pu jusqu’à ce que je l’amène à me demander de dire oui et au début je voulais pas répondre je faisais que regarder la mer le ciel je pensais à tant de choses qu’il ignorait à Mulvey à Monsieur Stanhope à Hester à père au vieux capitaine Graves et aux marins qui jouaient au poker menteur et au pouilleux déshabillé comme ils appelaient ça sur la jetée et à la sentinelle devant la maison du gouverneur avec le truc autour de son casque blanc pauvre vieux tout rôti et aux petites Espagnoles qui riaient avec leurs châles et leurs grands peignes et aux ventes aux enchères le matin les Grecs les juifs les Arabes et dieu sait qui d’autre encore des gens de tous les coins de l’Europe et Duke Street et le marché aux volailles toutes gloussantes devant chez Larby Sharon et les pauvres ânes qui trébuchaient à moitié endormis les vagues gens qui dormaient dans leurs manteaux à l’ombre sur les marches les grandes roues des chars de taureaux et le vieux château vieux de milliers d’années oui et ces Maures si beaux tout en blanc avec leurs turbans comme des rois qui vous invitaient à vous asseoir dans leurs toutes petites boutiques Ronda et leurs vieilles fenêtres des posadas 2 yeux brillants cachés dans un treillis pour que son amant embrasse les barreaux et les cabarets entrouverts la nuit et les castagnettes et le soir où on a raté le bateau à Algésiras le veilleur qui faisait sa ronde serein avec sa lampe et O ce torrent effrayant tout au fond O et la mer la mer cramoisie quelquefois comme du feu et les couchers de soleil en gloire et les figuiers dans les jardins d’Alameda oui et toutes les drôles de petites ruelles les maisons roses bleues jaunes et les roseraies les jasmins les géraniums les cactus et Gibraltar quand j’étais jeune une fleur de la montagne oui quand j’ai mis la rose dans mes cheveux comme le faisaient les Andalouses ou devrais-je en mettre une rouge oui et comment il m’a embrassée sous le mur des Maures et j’ai pensé bon autant lui qu’un autre et puis j’ai demandé avec mes yeux qu’il me demande encore oui et puis il m’a demandé si je voulais oui de dire oui ma fleur de la montagne et d’abord je l’ai entouré de mes bras oui et je l’aï attiré tout contre moi comme ça il pouvait sentir tout mes seins mon odeur oui et son cœur battait comme un fou et oui j’ai dit oui je veux Oui.

Le texte original

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Dans l’entretien qui suit, Sollers pense que le monologue de Molly devrait être dit par un homme, voilà qui est fait.

Retour à Ithaque, 3h du matin : les confidences d’une Pénélope infidèle : le monologue de Molly.

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Lectures de Joyce

James Joyce lit des passages d’Ulysse

James Joyce lit un extrait de l’épisode 7 : « Aeolus ». Enregistré en 1924.

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Joyce vivant

Avec le témoignage de Maria Jolas.

parolesdesjours
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Ulysse de James Joyce

Sylvia Beach et James Joyce dans la librairie Shakespeare and Company, en 1922. Manet, <i>Lola de Valence</i>, 1862.

Les difficultés de la première traduction (de 1921 à 1929).

Émission « Pour un club des traducteurs ». Première diffusion le 6 juillet 1948 sur La Chaîne Nationale par Jacques Dombasle.
Les faits, gestes et pensées de toute la vie consciente et inconsciente, durant une journée comme toutes les autres, d’un petit bourgeois, et ses pérégrinations dans sa ville natale : la ville natale est Dublin, le petit bourgeois se nomme Leopold Bloom. Avec en prime, très brièvement, la voix de James Joyce lui-même lisant un passage de son “Ulysse”.
Avec les témoignages de Miss Sylvia Beach et Mlle Adrienne Monnier.

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La lecture intégrale d’Ulysses par Donal Donnelly & Miriam Healy-Louie. 27 heures.

Ulysse de James Joyce : le monologue de Molly Bloom

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Bienvenue à Dublin

France Inter, « Ça peut pas faire de mal », Guillaume Gallienne, 8 octobre 2011.

Avec les voix de Philippe Sollers, James Joyce, Stephen Joyce (petit-fils de l’écrivain), Richard Ellmann (biographe), Yannick Haenel, Michel Butor (Archives INA).

A sa publication en 1922, l’ouvrage fait scandale et connaît la censure. Aux États-Unis, il fait l’objet d’un procès pour obscénité.
Dans cette œuvre monumentale de plus de mille pages, où l’écrivain parodie tous les genres et styles littéraires, se jouant même des règles d’orthographe, Joyce transforme le voyage d’Ulysse en une errance sexuelle : contrairement à Homère où la fidèle Pénélope attend son infidèle de mari, Joyce inverse la situation, faisant d’Ulysse un homme chaste, frustré, obsédé par les infidélités de sa femme.
Les dix ans de L’Odyssée se résument ainsi à une seule et folle journée, pendant laquelle l’Ulysse moderne, alias Léopold Bloom, ne fait que retarder le moment de sa jouissance.

Bienvenue à Dublin, en ce jeudi 16 juin 1904...

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Extraits d’Ulysse, de James Joyce (Gallimard Folio, 2006), nouvelle traduction sous la direction de Jacques Aubert, avec la collaboration de Tiphaine Samoyault, Patrick Drevet et Sylvie Doizelet, Bernard Hœpffner, Marie-Danièle Vors, Pascal Bataillard, Michel Cusin.

Extrait 1 : Rues de Dublin, 12h : l’Odyssée urbaine de Léopold Bloom
Extrait 2 : Bar de l’hôtel Ormond, 14h : l’épisode des Sirènes
Extrait 3 : Taverne de Barney Kierman, 17h : l’épisode du Cyclope
Extrait 4 : Retour à Ithaque, 3h du matin : les confidences d’une Pénélope infidèle : le monologue de Molly

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Vladimir Nabokov topographe : l’Ulysse de James Joyce en carte

Se languissait-il de sa Russie lointaine, Nabokov, en prenant une feuille de papier et un crayon ? C’est que le papa de Lolita s’est amusé à retracer le parcours de Stephen Dedalus et Leopold Bloom, à travers Dublin, ce 16 juin 1904. Bon, évidemment, personne n’a jamais lu Ulysse, mais si c’était le cas, vous vous rendriez compte que c’est une carte des différents chapitres du livre.

Une journée ordinaire pour les deux hommes, et un plan amusant. Ne disait-on pas que Joyce avait décrit Dublin avec une telle précision qu’en cas d’apocalypse, il suffirait de reprendre son roman pour reconstruire la ville à l’identique ? Eh bien, manifestement, Nabokov fut un très grand amateur de l’écrivain irlandais, au point de se lancer dans ce petit exercice.

D’ailleurs, le romancier avait sa vision bien personnelle de la manière dont on pouvait enseigner et faire découvrir Joyce. « Au lieu de perpétuer l’absurdité prétentieuse de ces chapitres homériques, chromatiques et viscéraux, les enseignants doivent préparer des cartes de Dulbin, avec les entrelacs de Bloom et Stephen.  » Et voici que l’on aboutit donc à la carte de Nabokov.


La carte de Nabokov.
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Nabokov fut de toute manière un lecteur très attentif de Joyce. Il lui reconnaissait un talent tout particulier, pour ce qui est des inventions verbales, des jeux de mots ou sonores, parfois même dans des associations de verbes pour en former un troisième, véritablement monstrueux.

L’une des séquences du livre qui l’avait particulièrement marqué, est celle où Bloom apporte son petit déjeuner à Molly. Un passage qu’il qualifiait de « plus grand de toute la littérature ». Nabokov fut également enseignant : on comprend que l’enthousiasme de l’homme, du lecteur et de l’écrivain se confond...

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Jacques Aubert, Joyce et Lacan

Jacques Aubert, psychanalyste et traducteur de Joyce.
CitéPhilo Lille, « Lacan Matérialiste » (avec Eric Marty)
23 novembre 2013. Photo A.G. Manet, <i>Lola de Valence</i>, 1862.

LIRE :
Jacques Aubert, traducteur de Joyce, 2 juin 2004.
Autour de la nouvelle traduction de Ulysses : table ronde, Symposium James Joyce, 15 juin 2008 (en présence des différents traducteurs).

Sur le thème « Lacan Matérialiste », Jacques Aubert avait fait une intervention en 2012. Il y était question de Joyce (Ulysses et Finnegans wake), de Virginia Woolf et de « l’instance de la lettre ».

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Jacques Lacan, de James Joyce comme symptôme
James Joyce et la psychanalyse. Table ronde autour de Jacques Aubert. Jacques Aubert et al. « James Joyce et la psychanalyse », Savoirs et clinique 1/2005 (n°6).
Charles-Henri Crochet, Lacan et Joyce, une rencontre pdf , Lacan Quotidien, janvier 2012.

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Philippe Forest, Beaucoup de jours. D’après Ulysses de James Joyce

(Cécile Defaut, 2011)

« En 2011 Forest publie un monumental essai sur le parangon de la modernité littéraire : Beaucoup de jours (d’après Ulysses de James Joyce) : 365 jours et 465 pages consacrés au sommet de la littérature en langue anglaise du XXe siècle. Très bon lecteur de l’anglais — il a vécu sept ans en Grande-Bretagne où il a enseigné la littérature française dans diverses universités (Édimbourg, Saint-Andrews, Cambridge, Londres) et a effectué de nombreux séjours en Irlande —, Forest a l’intelligence de faire alterner les citations d’Ulysses dans la langue même de Joyce avec des moments bilingues et des passages uniquement traduits en français en fonction de la musicalité et de la plus ou moins grande traductibilité du texte original.
Voyons ça. Si la mer est bien « notre grande et douce mer » — « our great sweet mother » ; il n’est pas raisonnable de traduire « A learner rather than a teacher », car alors les rimes sonores seraient détruites. Quant à traduire « What if that nigtmare gave you a back kick ? [...] où "nightmare" rappelle "mare" qui signifie jument dans un chapitre censé se dérouler à la cour du roi Nestor, grand amateur de chevaux », laissez tomber... Grâce à sa connaissance profonde du texte original de Joyce, Forest livre là le plus beau livre en langue française sur le plus grand chef-d’oeuvre de la littérature anglaise du XXe siècle. Ce n’est pas rien !... [...]
Pour continuer à forer autour de l’amour de la langue de Shakespeare par Forest, il n’est pas inutile de mettre en avant que la seule lecture française de Joyce à avoir compté pour lui fut celle de Sollers. J’ai Beaucoup de jours sur ma table de travail, je l’ouvre et lis : « J’ai beaucoup lu Sollers lisant Joyce ». J’en conclus, moi, que c’est parce que Sollers est l’un des rares penseurs français à avoir lu Joyce dans le texte original ; les autres s’étant contentés de la traduction, perdant lors la musique et les calembours. Si si. Autant le savoir : « Au début était le calembour. » C’est que « nulle chose harmonisée par lien musaïque ne se peut transmuer de son idiome en un autre sans perdre toute sa douceur et son harmonie ». L’oreille voit. Voici le théorème : moins on peut traduire un écrivain, plus il est grand. Blasphème ? Scandale ? Peut-être... [...] »

Guillaume Basquin, Philippe Forest, in L’Infini n° 125, Hiver 2013, p. 51 et 52.

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Entretiens radiophoniques avec Philippe Forest

La vie en je. Carnets nomades (Colette Fellous, 19 novembre 2011)

Invités : Philippe Forest pour "Beaucoup de jours", d’après Ulysse de James Joyce, aux éditions Cécile Defaut, et pour le numéro de la NRF "Je et moi"
Isabelle Grell, directrice de la collection Le livre la vie des éditions nouvelles Cécile Defaut
Jean-Philippe Rossignol pour Vie électrique, Ed. Gallimard (collection L’infini)
Camille Laurens, pour sa collaboration au numéro de la NRF "Je et moi"
Chloé Delaume, pour la lecture d’un roman à paraître aux éditions du Seuil (Fictions & Cie)

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Du jour au lendemain (Alain Veinstein, 19 janvier 2012)

« Une journée qui compte pour toutes celles du calendrier : le 16 juin 1904. Un lieu qui vaut pour tous les lieux de la terre : Dublin. Une histoire qui comprend l’ensemble des fictions qui furent ou qui seront racontées : l’Odyssée d’Homère. Un héros qui est tout le monde puisque son nom est : Personne.

Un jour, une ville, une histoire, un héros : Personne vit les aventures de tout le monde en un lieu qui se situe nulle part comme il pourrait se trouver n’importe où, au cours de quelques heures aussi longues qu’un siècle et brèves autant qu’un instant. »

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Se perdre - Philippe Forest et James Joyce

23 août 2014

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Comment lire Ulysse de Joyce ?

Sans oser le demander par Romain de Becdelièvre, 30 décembre 2021.

Ulysse de James Joyce, publié en France en 1922 par l’éditrice américaine Sylvia Beach, met en scène les pérégrinations du personnage de Leopold Blum à travers la ville de Dublin lors d’une journée ordinaire.

Comment lire Ulysse de Joyce ? C’est la question que pose aujourd’hui Romain de Becdelièvre à Philippe Forest, à l’occasion de la réédition chez Gallimard de Beaucoup de jours. D’après Ulysses de James Joyce.

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"En majesté, dodu, Buck Mulligan émergea de l’escalier, porteur d’un bol de mousse à raser sur lequel un miroir et un rasoir reposaient en croix." Ainsi s’ouvre l’un des très grands romans du début du 20ème siècle. Ulysse de James Joyce.

Il a été publié en février 1922, c’est-à-dire il y a bientôt un siècle. Mais cent ans, cent jours, cent secondes, ne changent pas grand-chose à l’actualité de ce roman qui aurait bien pu avoir été publié avant-hier.

Une œuvre monstre à la mauvaise réputation, entre illisibilité, érudition et obscénité.

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Philippe Forest, lecteur de James Joyce

3 mars 2022.

Dans son ouvrage, "Beaucoup de jours. D’après Ulysse de James Joyce", réédité à l’occasion du centenaire de la parution d’Ulysse de James Joyce à Paris, Philippe Forest nous emmène sur les traces du roman-monde.

Lecteur passionné de Joyce, Philippe Forest nous guide dans la lecture de ce monument de la littérature moderne longtemps considéré comme "illisible", "compliqué", qualifié de "faux chef-d’œuvre par excellence".

"Cette difficulté à laquelle le lecteur est confrontée, c’est ce changement permanent de styles, de points de vue, de genres. C’est lié à l’ambition de Joyce, de créer un roman total, qui couvrirait toutes les ambitions artistiques", nous explique Philippe Forest. Censuré dans le monde anglophone pour obscénité, ce livre, dès sa parution à Paris, "a choqué davantage qu’il n’a apporté d’adhésion" dit Philippe Forest. Face à ses détracteurs, "Beaucoup de jours" se construit comme une aide pour la lecture d’"Ulysse", auquel Philippe Forest, en tant que lecteur, ajoute ses réflexions et méditations personnelles.

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Philippe Forest : « James Joyce parle de la vie, tout simplement »

Pour le centenaire du roman « Ulysse », le guide de lecture par le romancier Philippe Forest, « Beaucoup de jours », vient d’être réédité. Il revient sur la façon dont il a travaillé pour ce guide et explique en quoi « Ulysse » nous enseigne des choses sur nous-mêmes.


James Joyce a écrit « Ulysse » il y a cent ans.
(Fran Caffrey /AFP). ZOOM : cliquer sur l’image.
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par Frédérique Roussel
publié le 11 juin 2022 à 15h28

Philippe Forest, universitaire et romancier, a publié en 2011 un guide d’Ulysse aux Editions nouvelles Cécile Defaut. Il vient d’être réédité pour le centenaire du roman de James Joyce avec une nouvelle préface. Beaucoup de jours suit le roman chapitre après chapitre, dans un dialogue entre l’œuvre et son commentateur, magnifique récit personnel.

Quand avez-vous lu Ulysse pour première fois  ?

Entre 16 et 18 ans. Il me semble que je suis quand même allé jusqu’au bout, mais que je n’ai pas compris grand-chose. A 21 ans, j’avais commencé à lire les auteurs d’avant-garde pour qui Joyce était une référence. Cela m’a encouragé à revenir vers le texte et j’ai acheté la version anglaise quand je suis allé suivre des cours d’été à Trinity College sur la littérature irlandaise. Plus tard, quand j’ai été invité en Irlande en tant qu’écrivain, j’ai constaté dans les tables rondes que les auteurs irlandais semblaient un peu saoulés qu’on leur parle toujours de lui parce qu’ils avaient l’impression, peut-être à juste titre, qu’il était un peu l’arbre qui cachait la forêt.

Pourquoi dites-vous qu’on pourrait consacrer sa vie à lire Ulysse  ?

C’est le projet d’un livre total, d’où la citation de Montaigne que j’ai été heureux de trouver lorsque j’ai relu les Essais (« Et si vous avez vescu un jour, vous avez tout veu  : un jour est égal à tous les jours. /Il n’y a point d’autre lumiere, ny d’autre nuict. »). Ulysse se déroule sur une journée qui contient tout le temps de la vie. Un peu comme chez Proust. Il y a une construction, disons circulaire, qui permet de faire tourner le livre sur lui-même, perpétuellement.

C’est-à-dire de la naissance à la mort, de la mort à la naissance  ?

De la naissance à la mort, du jour qui se lève à la nuit qui vient. Et il y a ce tableau très intimidant de correspondances que Joyce met en place pour indiquer que son livre renvoie à toutes les formes de disciplines du savoir, de symboles, d’organes, etc. J’essaye de le relativiser, car c’est aussi ce qui décourage les lecteurs. Mais c’est quand même l’idée de faire tout tenir dans un livre. Prendre l’histoire la plus simple qui soit et faire en sorte qu’elle puisse contenir toute l’histoire d’une vie.

Il choisit un espace délimité et un laps de temps court, dix-huit heures.

Joyce, grand lecteur d’Aristote, applique la règle des trois unités. Chez lui, écrivain moderne par excellence, il y a toute une culture philosophique qui vient de l’Antiquité, qui fait qu’Ulysse ne correspond pas forcément aux lectures des structuralistes qui ont fait le succès du livre dans les années 60-70. Il y a quelque chose aussi de très classique. Je voulais montrer que c’est de la littérature au sens où on l’entend depuis Aristote. Le chapitre sur Shakespeare m’intéresse beaucoup, c’est celui dans lequel Joyce explique qu’un écrivain, c’est quelqu’un qui parle de lui, qui parle de sa vie. C’est un livre qui parle de la vie, tout simplement.

Mais qui part de l’Odyssée.

Cela renvoie aussi à un trait d’époque. A la fin du XIXᵉ siècle, il y a eu une réévaluation du mythe, le poète T.S Eliot insiste là-dessus. Il fallait réinventer les mythes disait-il pour redonner du sens au monde dans un contexte dominé par le nihilisme. Ce qui séduit Joyce dans l’Odyssée, c’est l’histoire universelle du type qui ne veut pas rentrer chez lui. Je pense que Joyce voulait d’abord raconter cette histoire, et que la grille homérique est secondaire par rapport à elle. C’est comme un échafaudage, qui ne compte pas plus que le bâtiment qu’il sert à construire. Si on la surévalue, on réduit le roman à n’être plus qu’une charade.

Avez-vous découvert des éléments nouveaux  ?

Je peux me prévaloir de deux ou trois petites découvertes, mais pour le reste, je ne fais que reprendre et transformer la littérature critique sur le sujet, en particulier l’édition Pléiade de Jacques Aubert. Une des pistes de lecture que je privilégie c’est la question du deuil avec la mort du petit Rudy, le fils de Leopold Bloom. A la fin du chapitre sur « Circé », il y a le surgissement de ce mot « changeling » qui renvoie à toute une mythologie  ; celle aussi de Peter Pan, texte contemporain de Joyce, qui se trouve justement nourri de mythologie celtique. Il y a aussi le moment où Joyce raconte comment Bloom a été transformé en femme et retrouve son sexe parce qu’il perd le bouton de sa culotte, or « bouton » renvoie à clitoris. Deux ou trois choses me sont venues au fil de l’écriture, mais peut-être ont-elles été trouvées par d’autres avant moi. Comme disait Umberto Eco, un grand lecteur de Joyce, Ulysse est une œuvre ouverte qui permet de faire jouer l’interprétation de toutes les manières possibles.

En quoi le roman est-il expérimental  ?

Il y a notamment des variations de style dans presque à tous les chapitres, qui peuvent dérouter les lecteurs. On reste attaché à de vieilles idées du roman, un auteur, un style, une voix, etc. Il remet en question toute une mythologie de l’auteur à laquelle je reste attaché, c’est pourquoi j’insiste sur ce que dit Joyce sur le lien de l’œuvre à la vie dans le chapitre sur Charybde et Scylla. Cela ne se résume même pas à cette idée simple qu’il faut identifier l’auteur dans le livre parce qu’il y a un phénomène de pluralisation, de multiplicités, de masques qui fait partie de la littérature.

Vous dites à plusieurs reprises qu’il y a aujourd’hui une régression. Qu’entendez-vous par là  ?

Depuis vingt ou trente ans, pas de façon unanime, mais quand même massive, le néoréalisme domine dans la littérature française et dans la littérature mondiale. On s’interroge très peu sur l’œuvre en tant qu’elle est en train de faire. Houellebecq, présenté par à peu près tout le monde comme le grand écrivain français aujourd’hui, donne dans le recyclage des formes du naturalisme romanesque. Chez un auteur présenté comme moderne, on retrouve tous les codes qui étaient à l’œuvre chez Zola par exemple, le recours à un pseudo-savoir scientifique souvent de nature biologique, une pensée à mon sens très réactionnaire mise au goût du jour, qui peut paraître faussement progressiste. Quand je parle de régression, c’est la chape de plomb néonaturaliste qui fait que les romans sont de plus en plus conçus sur le mode que promeut l’industrie planétaire du divertissement. Il faut qu’un livre devienne un film. Il est évident qu’un vrai livre, c’est un livre qui résiste justement à sa réduction comme un dénominateur de l’entertainment. Ce qui n’empêche qu’il y a de très bons écrivains français aujourd’hui, qui développent leur offre en dehors de ce néonaturalisme qui moi ne me satisfait pas.

Quel est le chapitre le plus que vous préférez  ?

C’est celui des Lestrygons. Quand Léopold Bloom se promène le long de la Liffey et cherche un restaurant pour déjeuner. Le spectacle de la rivière qui coule l’amène à réfléchir sur le cours de sa vie, sur le temps qui passe. C’est un peu l’équivalent au milieu du livre du monologue de Molly à la fin. Il y a un côté sentimental qui me plaît. Mais j’accorde aussi beaucoup d’importance au chapitre sur Charybde et Scylla, une démonstration remarquable sur ce qu’est la littérature. Et l’idée, justement, c’est de se défendre de ces deux périls opposés que sont l’idéalisme et le matérialisme, et de trouver une voie entre les deux. C’était le problème à la fin du XIXᵉ siècle, ça l’est encore aujourd’hui. Ne tomber ni dans le Charybde du néonaturalisme ni dans le Scylla de ce qui serait une conception complètement textualiste au sens d’autrefois de la littérature.

Il y a un chapitre que vous n’aimez pas ou que vous aimez moins  ?

Je pense qu’il y a un petit moment de baisse de régime avant la fin, quand Steven et Ulysse trouvent momentanément abri chez un cocher. Mais dans tous les romans il faut des temps faibles pour faire ressortir la grandeur des temps forts. Donc on ne peut pas vraiment jeter la pierre à Joyce. Dans le chapitre Circé, je ne peux pas dire que je ne l’aime pas mais c’est énorme. Donc, j’essaie de donner quelques pistes au lecteur mais c’est insuffisant bien sûr.

Quelle importance peut avoir la lecture d’ « Ulysse » aujourd’hui  ?

Il a l’intérêt de tous les grands livres. Outre la gratification esthétique qu’on peut en tirer, c’est aussi un livre qui nous enseigne des choses sur nous-mêmes, quand même un des buts de la littérature. Il traite de toutes ces expériences, du désir, du deuil, du temps qui passe, et même sur le terrain social, politique, ces grandes questions dont la littérature nous parle autrement que la philosophie, la science, etc. Il a aussi l’intérêt de nous rappeler qu’il y a une autre manière de concevoir la littérature que celle qui domine désormais. Non pas qu’il faille refaire Ulysse, ça n’aurait aucun sens, mais en revanche, il lui faut ne pas oublier, me semble-t-il, ses leçons pour les appliquer à la littérature d’aujourd’hui.

Joyce a-t-il des héritiers  ?

Quelqu’un a dit avec raison que les grands écrivains ouvrent moins de voies qu’ils ne les obstruent. C’est évident que chez Faulkner, Virginia Woolf, il y a comme une postérité immédiate de Joyce, mais en même temps ni Faulkner ni même Virginia Woolf, en dépit de la proximité de Mrs Dalloway ne refont Ulysse. En fait, dans les années 60-70, du côté de l’avant-garde, il y avait plutôt des héritiers de Finnegans Wake, dans la réinvention du langage, etc.

Libération, 11 juin 2022.

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L’odyssée d’« Ulysses » de James Joyce

En 1921, jugé obscène, le grand roman de l’écrivain irlandais est interdit de publication. Il finit par paraître en 1934, suscitant de vives controverses, toujours actuelles.

Par Josyane Savigneau

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Portrait de l’auteur. ALINE ZALKO

A l’approche de l’an 2000, on avait le goût des bilans de toutes sortes. Ainsi, en 1999, il a été demandé à des critiques anglophones de divers pays quel était, selon eux, l’écrivain de langue anglaise le plus important du XXe siècle. A une forte majorité, ils ont désigné l’Irlandais James Joyce (1882-1941) et Ulysses son « grand livre ». Ulysses serait-il donc universellement reconnu comme un roman majeur, par tous et depuis toujours ? La réalité est plus complexe.

Revenons au début du XXe siècle, quand Ulysses – le titre anglais – a été écrit. Cette « odyssée » de Leopold Bloom dans Dublin, pendant la journée du 16 juin 1904, a d’emblée choqué. Aux Etats-Unis, la Little Review, fondée par deux femmes, Margaret Anderson et Jane Heap, a publié en feuilleton quatre épisodes d’Ulysses entre mars 1918 et janvier 1920. C’est l’épisode « Nausicaa », au cours duquel Leopold Bloom se masturbe en contemplant l’exhibition de Gerty McDowell sur la plage, qui a valu au livre d’être condamné pour obscénité en 1921 et interdit à la publication. Il faudra attendre 1933 et un nouveau procès pour que le roman soit publié par Random House aux Etats-Unis en 1934 et en Grande-Bretagne en 1936.

« Ceux qui ont défendu Joyce sans aucune arrière-pensée et sans revirement, outre ses traducteurs et Valery Larbaud, ne sont même pas dix », Pierre Guglielmina, éditeur et traducteur

Ce sont encore deux femmes, l’une, Sylvia Beach, américaine et vivant à Paris, et l’autre, Adrienne Monnier, française, qui vont se battre pour faire exister le roman. Sylvia Beach, libraire et éditrice, a rencontré Joyce en juillet 1920. Elle publie Ulysses, en anglais, en 1922. L’auteur Valery Larbaud écrit en 1921 à Jacques Rivière, alors directeur de la NRF : «  Il y a dans la littérature anglaise nouvelle un seul grand écrivain : James Joyce. Une fois Ulysses publié (cet hiver) Joyce sera l’écrivain le plus célèbre, le plus scandaleusement célèbre du monde. […] Une belle occasion perdue pour la NRF. »

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Adrienne Monnier, qui dirige la librairie La Maison des amis des livres, luttera pendant sept ans pour que paraisse, chez elle, en 1929, Ulysse, en français. La traduction débute en 1924. Elle est confiée à Auguste Morel, assisté de Stuart Gilbert, puis révisée par Valery Larbaud et James Joyce lui-même. Ulysse, dans cette édition, sera publié chez Gallimard en 1937. Il faudra attendre 2004 pour que paraisse, chez Gallimard, une nouvelle traduction du roman par huit traducteurs, sous la direction de Jacques Aubert.

Si Adrienne Monnier, qui avouait ne rien comprendre à ce texte, a combattu pour qu’il existe, bien peu, du vivant de Joyce, l’ont soutenue. Selon Pierre Guglielmina, éditeur et traducteur prolifique, « ceux qui ont défendu Joyce sans aucune arrière-pensée et sans revirement, outre ses traducteurs et Valery Larbaud, ne sont même pas dix : Philippe Soupault et Ivan Goll, PauL L. Léon, Marcel Brion et Victor Llona, Samuel Beckett et Alfred Péron, Eugène Jolas et Jacques Mercanton. »

Chef-d’œuvre ou livre surfait ?
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Les surréalistes étaient hostiles, la NRF aussi, et « Gide, avec l’œil de l’ennemi, a très vite jugé Ulysse, précise avec ironie Pierre Guglielmina. Contrairement aux surréalistes, il a eu le courage de parler. Pour déclarer en 1931, quatre ans avant la pièce hellénisante crétinisante de Giraudoux, que le roman de Joyce était un faux chef-d’œuvre… puisque la guerre de Troie n’avait pas eu lieu et n’aurait pas lieu. C’est une intuition touchante dans la mesure où Joyce entend bien, avec Ulysse, ruiner définitivement cette idée fausse qu’est le chef-d’œuvre et la conception platement terrestre de la littérature qui la nourrit. Ulysse est une percée et le fameux monologue tant décrié de Molly, une trouée. Ce monologue intérieur de Molly Bloom est en réalité – le point a été clairement établi par Philippe Sollers – le polylogue extérieur de James Joyce et, malgré toutes les opérations de travestissement, toutes les tentatives de ralentissement, toutes les volontés de régression, il progresse irrésistiblement parce qu’il est construit sur le modèle du cheval de Troie. Et destiné, comme lui, à faire tomber une forteresse du mensonge, réputée imprenable. »

De l’autre côté de la Manche, c’est Virginia Woolf, dans son Journal, qui juge Ulysses comme « un dévidoir d’indécences », « grossier », « le livre d’un manœuvre autodidacte » (16 août 1922). Mais elle y revient à de multiples reprises, jusqu’en septembre de la même année. Elle fait part de l’admiration de ses amis pour Joyce, reconnaît que «  le génie n’y manque pas » (6 septembre) et s’interroge sur une critique particulièrement pertinente qui, « pour la première fois, analyse au plus juste [le livre] et lui donne assurément une plus grande portée que je ne lui en avais attribué » (7 septembre).

Après les nuances apportées par Virginia Woolf, après le bel essai d’Anthony Burgess sur Joyce, après l’admiration de tant d’écrivains dans le monde entier, Ulysse est-il donc enfin, pour tous, un grand livre ? Certes, beaucoup souscriraient à la phrase de Burgess – dans un essai traduit en 2008 en France au Serpent à plumes sous le titre Au sujet de James Joyce : « Je ne peux songer à aucun autre écrivain qui m’ensorcellerait au point de faire du commencement d’une charge maudite de dur labeur une sorte de rituel joyeux. » Toutefois, il reste des réfractaires, notamment en Irlande. Après Flann O’Brien, c’est Roddy Doyle (né en 1958), auteur à succès, plusieurs fois primé, qui, en 2004, alors qu’on va fêter le centenaire de la fameuse journée du 16 juin 1904 – devenue le Bloomsday, célébré chaque année –, déclare qu’Ulysses est «  un livre surfait, surestimé, trop long et dépourvu d’émotion ».

N’est-ce pas sa plus belle victoire que d’être encore détesté, critiqué, considéré comme « illisible » ? «  “Joyce a voulu dérégler le langage”, entend-on, écrivait Philippe Sollers dans Le Monde, le 11 juin 2004, en rendant compte de la nouvelle traduction d’Ulysse. Mais pas du tout : il a voulu au contraire le régler autrement, à la mesure d’un monde en plein dérèglement (et ça continue de plus belle). » Ce qu’il faut espérer, près de cent ans après l’édition chez Sylvia Beach ? Que le combat continue.

Josyane Savigneau, Le Monde, 13 juillet 2016.

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"Ulysse" de Joyce, l’impossible union de James et Nora

Les Chemins de la philosophie par Adèle Van Reeth, 22 juin 2020

Et si l’oeuvre magistrale de James Joyce, “Ulysse”, était d’abord et avant tout un roman d’amour, tiré de sa rencontre capitale avec Nora Barnacle, la femme de sa vie, le 16 juin 1904 ?

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Le 16 juin 1904, James Joyce rencontre Nora Barnacle.
De cette première rencontre naîtra une histoire d’amour et le roman le plus inclassable de l’histoire de la littérature : Ulysse… sorte de transposition littéraire et contemporaine de l’Odyssée d’Homère et de la vie amoureuse de Joyce lui-même.
Le roman de 800 pages se tient en une journée, un 16 juin également...

L’invité du jour : Philippe Forest, romancier et essayiste

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"Ulysse" : un roman d’amour
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"Ulysse" est d’abord et avant tout un roman d’amour, parce que Joyce choisit de situer l’action de son livre le 16 juin 1904 à Dublin, ce jour-là où lui-même quelques années auparavan, il rencontra celle qui allait devenir sa compagne, puis, des années plus tard, sa femme. Ce livre tire l’essentiel de son sens de ce couple particulier que Joyce a formé avec Nora…
Philippe Forest

Prédation amoureuse
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Le chapitre 8 raconte comment Leopold Bloom se met en quête d’un restaurant à l’heure du déjeuner, cela renvoie au champ de l’"Odyssée" qui concerne les géants cannibales qui ont dévoré les compagnons d’Ulysse. L’homme comme machine à mâcher, c’est presque darwinien comme vision de l’humanité, comme une espèce animale parmi les autres, attachée à se nourrir pour survivre dans une sitution où chacun est à la fois la proie et le prédateur, et l’une des formes de cette prédation, c’est la prédation amoureuse, qui fait qu’on voit Leopold et Molly se manger l’un l’autre de baisers…
Philippe Forest

L’identification au féminin
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Ce n’est pas une femme qui parle, mais un homme qui s’identifie à une femme, avec tout ce que cela comporte de fantasmes, qui sont d’ailleurs conscients de la part de Joyce. Il sait ce qu’il fait quand il se glisse fantasmatiquement dans un corps féminin… ça me semble être une des grandes clés, obscure, de ce que le roman du 20ème siècle a produit de meilleur : l’identification d’un homme au féminin... Proust, Aragon, et Faulkner qui a écrit de très grands monologues intérieurs à la faveur desquels c’est un homme qui se met à parler comme s’il parlait depuis ce corps féminin auquel il s’identifie mais sans doute pour faire apparaître à quel point la distance persiste.
Philippe Forest

Textes lus par Denis Podalydès :

James Joyce, Ulysse, 1922, traduction dirigée par Jacques Aubert, Chapitre 8 : Les Lestrygons, traduction du chapitre de Typhaine Samoyault, éditions Folio, p. 245 et 251
James Joyce, Œuvres complètes, éditions de la Pléiade, Lettre de James Joyce, p. 58

Texte lu par Maëlys Ricordeau :

James Joyce, Ulysse, 1922, traduction dirigée par Jacques Aubert, Chapitre 18 : Pénélope, traduction du chapitre de Thyphaine Samoyault, éditions Folio, p. 1155.

Sons diffusés :

Sons du Bloomsday à Berlin - site internet : visitDublin.com
Archive de James Joyces, 1924
Extrait de la comédie musicale de Jonathan Brielle : Himself and Nora, chanson Without a man.

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1922 : débat homérique autour d’« Ulysse », de James Joyce

« La réception d’une œuvre ». Le chef-d’œuvre de l’écrivain irlandais, censuré pour « indécence » dans le monde anglo-saxon, est publié à Paris dans une odeur de soufre.

Par Nicolas Weill

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Couverture de la version anglaise d’« Ulysse »
qui comporte un « s » final dans cette langue.

Peut-on parler de la publication de Ulysses (Ulysse, en français), de James Joyce, le 2 février 1922, à Paris, comme d’une « révolution » littéraire ? Oui. Ce mot souvent galvaudé n’est ici pas trop fort. Le titre affiche, à lui seul, l’ambition toute révolutionnaire d’un retour aux origines, en l’occurrence à l’Odyssée d’Homère. De plus, dans le texte, le brouillage systématique des limites entre le discours objectif et le « monologue intérieur  », le remplacement de la narration linéaire par une « méthode mythique » (T. S. Eliot), circulaire et chaotique à la fois, ont bel et bien été perçus comme une rupture avec le roman du XIXe siècle, victorien, tolstoïen ou flaubertien. Mais comment le public et les critiques des années 1920 ont-ils réagi ? Qu’ont-ils pensé de la déambulation erratique de ces êtres quelconques, Leopold et Molly Bloom ou Stephen Dedalus, scrutés jusqu’aux tréfonds de leurs organes les plus intimes, dans le Dublin du 16 juin 1904 ?

La lente gestation du livre, écrit principalement à Zurich, de 1915 à 1922, et le processus tout aussi lent de son édition, de 1918 à 1922, place la réception d’Ulysse hors des normes, puisqu’elle précède son édition définitive. Le poète Ezra Pound, vigie de l’avant-garde en cette période, en a été le premier artisan. Grâce à lui, Ulysses commence par paraître en feuilleton dans une revue moderniste américaine animée par deux femmes, Margaret Anderson et Jane Heap, dont Pound est le représentant en Europe, la Little Review. Un scandale s’ensuit, qui débouche sur un procès pour « indécence », mené à l’instigation de la Société new-yorkaise pour la répression du vice. Condamné en 1921, Ulysses va être banni pour treize ans de l’univers anglo-saxon, jusqu’à ce qu’un autre juge new-yorkais en décide autrement, en 1933. La censure veille également sur le sol britannique, et les exemplaires de la Little Review qui franchissent la Manche sont impitoyablement brûlés par les services postaux.

Mais cette prohibition sert le roman car elle transforme sa parution en événement international. James Joyce (1882-1941), venu de Trieste à Paris à l’invitation d’Ezra Pound, est entre-temps devenu un pilier de l’« Odéonie », centre de la modernité littéraire d’alors, bien décrite par Laure Murat (Passage de l’Odéon, Fayard, 2003). Deux libraires, l’Américaine Sylvia Beach et la Française Adrienne Monnier, assurent à leurs frais la parution de Ulysses en 1922, puis d’Ulysse, sa traduction française, en 1929. Tiré à 1 200 exemplaires, Ulysses ne suscite l’intérêt que d’un petit cercle d’amateurs, à commencer par Valery Larbaud, qui succède à Pound en tant que thuriféraire de Joyce.

Ce dernier s’inquiète d’ailleurs de la lenteur des comptes rendus. Dans sa biographie de l’écrivain (James Joyce, Gallimard, 1962), Richard Ellmann reproduit une lettre de 1921 qui témoigne de l’impatience de Joyce : « Je suis depuis un an à Paris et pas un mot sur moi n’est apparu dans un périodique français depuis un an ». Malgré un article de Larbaud dans La Nouvelle Revue française d’avril 1922, le critique littéraire du Temps, Paul Souday, se contente encore, en septembre 1924, d’une mention dédaigneuse à propos de la traduction de Dedalus : «  Il y a chez M. James Joyce une abondance frappante, avec quelques belles images. Mais enfin tout cela est peut-être plus nouveau à Dublin qu’à Paris. » Il faut attendre l’Ulysse en français pour que l’enthousiasme gagne la presse. Robert Kemp, futur critique littéraire et musical du Monde, tout en confessant qu’il lui a fallu deux bonnes semaines pour achever le roman, le décrit comme « une mer, un déluge (…). Un livre énorme dont on ne garde rien qu’une espèce d’ivresse, d’éblouissement et de fatigue. Où il y a, comme dans Rabelais, de l’exquis et du répugnant  » (La Liberté, 22 avril 1929)

Une paternité française inventée
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Mais Joyce s’avère aussi un acteur habile de sa propre réception, estime l’historien de la littérature Régis Salado. Ainsi se fabrique-t-il une « paternité française » en déterrant, en 1923 chez un auteur oublié, Edouard Dujardin et ses Lauriers sont coupés, de 1887, l’invention du « monologue intérieur  » (stream of consciousness) qu’on lui prête. De même insiste-t-il pour que l’analogie avec Homère, qui a l’avantage de le « dés-irlandiser  » et sur laquelle insiste Larbaud, passe dans l’univers anglophone par l’entremise du poète T. S. Eliot. Ce dernier affirme, dans la revue The Dial, en novembre 1923, que «  l’usage que M. Joyce fait de l’Odyssée a une importance considérable. Il a l’importance d’une découverte scientifique ».

Pound avait contesté, dans le Mercure de France (juin 1922), cette grille de lecture homérique, dominante dans la première réception d’Ulysse. Ce parallèle avec l’œuvre du poète antique n’est qu’un simple « échafaudage ». Loin d’être un avatar moderne de l’antique pilleur de Troie, Bloom incarne à ses yeux le «  pignouffisme universel  ». Joyce achèverait donc le travail engagé par Bouvard et Pécuchet, de Flaubert (1881), en complétant « le grand sottisier universel  ». Ulysse était bien terminé et universel. Mais son interprétation reste, elle, un livre ouvert.

Nicolas Weill, Le Monde, 30 juillet 2020.


LIRE AUSSI [A.G.] :
Joyce, de Tel Quel à L’Infini (III)
Joyce encore
Joyce, l’examen
Ulysses de Joyce illustré par Matisse
Joyce, Sollers : "Non serviam !"
Michel Peterson, Ulysse, de Joyce. Une logique de la sensation
Non, « Ulysse » de Joyce n’est ni long ni ennuyeux !.

NOTA [6] : A ne pas manquer, les études de Michel Chassaing sur Joyce. L’intégrale à nouveau disponible sur : http://riverrun.free.fr.

1ère mise en ligne le 15-04-07. Mis à jour le 05-12-13, le 19-07-16 et le 07-01-22.

Portfolio


[1Cette traduction de 1929 due à Auguste Morel avait été entièrement revue par Valéry Larbaud et l’auteur. A.G.

[2« Woman’s reason. Jewgreek is greekjew. Extreme meet. »

[3Cf. Femmes. A.G.

[5Le peintre anglais Frank Budgen, employé du consulat britannique à Zurich dans les années 1918-1919, est un témoin-clé de la création d’Ulysse. Cf. James Joyce et la création d’« Ulysse » et Franck Budgen, James Joyce et la création d’Ulysse.

[6V.K.

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20 Messages

  • Catherine Pierron - Inventio | 26 avril 2022 - 14:37 1

    Nous souhaitons faire part aux lecteurs de votre site de la représentation du spectacle "L’Autre Ulysse" qui se déroulera prochainement à la Bibliothèque Sainte-Geneviève. Merci par avance de votre soutien.
    En partenariat avec la BSG, Sorbonne Nouvelle et le Centre culturel irlandais, cet événement ouvrira l’édition n°7 du festival Inventio "Notes de voyage", édition en hommage à Ulysse de James Joyce,

    Jeudi 19 mai - 18 h 30Fantaisie théâtrale : "L’Autre Ulysse"écrite et mise en scène par Léo Marillieravec Vincent Morieux et Léo Marillier Au cœur de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, une nuit commence sous le regard attentif, actif, silencieux, des bustes du passé… Entre fiction et réalité, mise en scène de personnages extraits chacun à leur manière du roman de Joyce et à la recherche d’une parole qui place l’inachevé au cœur du labyrinthe, s’inventant au souvenir toujours présent de textes météoriques et follement géniaux d’"Ulysse" - phare de cette rencontre fantasmée entre les époques et les visions du mythe homérique…Le spectacle sera suivi de la présentation d’exemplaires rares et anciens du roman "Ulysse" par la Bibliothèque Sainte-Geneviève.

    Voir en ligne : Réservations en ligne recommandées (entrée gratuite)

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  • Albert Gauvin | 4 mars 2022 - 21:56 2

    Un épisode marquant du roman Ulysse de J. Joyce, au cours duquel Léopold Bloom visite la maternité où Mina Purefoy s’apprête à accoucher. Il y retrouve Stephen Dedalus et Buck Mulligan, avec lesquels il se rend ensuite dans un pub. Cet extrait, considéré comme impossible à retranscrire dans une autre langue, est présenté dans une nouvelle traduction en regard du texte original.

    Il est dix heures du soir, le 16 juin 1904. Nous sommes à la maternité de Holles Street, à Dublin : Léopold Bloom rend visite à Mme Purefoy, qui est sur le point d’accoucher. On retrouve Stephen Dedalus ainsi que Buck Mulligan, entre autres carabins adorateurs de la dive bouteille.

    Nous voici dans la plus folle des dix-huit sections d’Ulysse de James Joyce : ce qui se joue dans ce passage relativement autonome (à travers une reprise drolatique de l’épisode des Boeufs d’Hélios de l’Odyssée), n’est rien de moins que l’incarnation sensible de l’anglais en la totalité de ses métamorphoses historiques. Nous assistons en effet à une véritable maturation qui traverse le moyen anglais, passe par le parler fleuri des faubourgs, pour aboutir à l’argot le plus haut en couleurs.

    On ne voit pas gageure plus grande, texte plus impossible à rendre en français. En 2004, c’est d’ailleurs le seul chapitre de la nouvelle édition d’Ulysse qui n’ait pas fait l’objet d’une nouvelle traduction, après la version de 1929 qui avait reçu l’aval de Joyce. C’était sans compter sur l’audace et la virtuosité d’Auxeméry (lui-même poète, mais aussi traducteur de Pound, H.D., Catulle ou Reznikoff), qui nous offre ici une version des Boeufs du Soleil aussi puissamment jubilatoire que l’originale.

    Commençons – centenaire de la publication d’Ulysse le 02/02/22 oblige – par cette nouvelle traduction des Bœufs du Soleil, parue le lendemain-même du jour J aux éditions le corridor bleu, dans leur collection S !NG. Cet épisode 14 d’Ulysse avait été le seul, il y a dix-huit ans, à ne pas avoir bénéficié d’une nouvelle traduction dans l’édition dirigée par Jacques Aubert pour Gallimard – le prétexte étant alors “de conserver l’un des épisodes de la première traduction [de 1929], celui précisément dont le style est constitué par une série de pastiches d’œuvres littéraires allant du Moyen Âge à nos jours (Jacques Aubert).” Auxeméry est le nom – bien connu des lecteurs de Pound, de Reznikoff, d’Olson et tant d’autres – de celui qui s’est attelé à la tâche redoutable de ciseler une nouvelle version française de Oxen of the Sun à l’invitation d’un ami (nous dit-il), Pierre Vinclair, le directeur de cette collection S !NG : “Vous avez navigué à vue, c’est ça ? Pas tout à fait. Vinclair fournissait une clef d’accès : liberté. Joyce, dit-il, s’affirme Joyce, lorsqu’il précise sa volonté de faire succéder ces pastiches dans le chapitre d’accouchement bovin et les libations bavardes d’Ulysse. J’en tire immédiatement ceci : qui ou quoi m’obligerait à en être conscient lorsque je lis le livre ? Cela fait partie de sa pratique, parfait. Moi, ma pratique de lecteur en général, c’est : a, chercher mon plaisir de lecteur, & b, de m’instruire en m’amusant (Aumeméry, Antiphrase).”

    Prenons (pour donner une simple indication) les premiers mots de ce chapitre (si vous désirez prendre connaissance de la suite, il vous faudra acquérir ou emprunter ce livre – recopier 63 pages n’étant pas raisonnable).

    En anglais (en “dialecte joycien”) :

    “Deshil Holles Eamus. Deshil Holles Eamus. Deshil Holles Eamus.

    Send us, bright one, light one, Horhorn, quickening and wombfruit. Send us, bright one, light one, Horhorn, quickening and wombfruit. Send us, bright one, light one, Horhorn, quickening and wombfruit.

    Hoopsa, boyaboy hoopsa ! Hoopsa, boyaboy hoopsa ! Hoopsa, boyaboy hoopsa !”

    En français, dans la traduction d’Auguste Morel (avec Stuart Gilbert et Valéry Larbaud) :

    “Deshil Holles Eamus. Deshil Holles Eamus. Deshil Holles Eamus.

    Donne-nous, dieu du jour, dieu-vautour, Horhorn, fécondation et fruit du ventre. Donne-nous, dieu du jour, dieu-vautour, Horhorn, fécondation et fruit du ventre. Donne-nous, dieu du jour, dieu-vautour, Horhorn, fécondation et fruit du ventre.

    Houplà, c’est un garsungars ! Houplà, c’est un garsungars ! Houplà, c’est un garsungars !”

    En français, dans la traduction d’Auxeméry :

    “Letsgo fissa Holles. Letsgo fissa Holles. Letsgo fissa Holles.

    Porte-nous, lumifer, solifer, PutHorne, délivrance et ventre-fruit. Porte-nous, lumifer, solifer, PutHorne, délivrance et ventre-fruit. Porte-nous, lumifer, solifer, PutHorne, délivrance et ventre-fruit.

    Ouh ! l’beaugarsqu’v’là. Ouh ! l’beaugarsqu’v’là. Ouh ! l’beaugarsqu’v’là.”

    On comprend vite que la lecture de cette nouvelle version française va être une formidable expérience : qu’elle nous procurera du plaisir, tout en nous instruisant sur la nature du “dialecte joycien”. Une préface très érudite et non dépourvue d’humour de Mathieu Jung, éminent joycien (et coordonnateur du numéro 1113-1114 d’Europe paru ces jours-ci pour fêter le centenaire d’Ulysse) apporte de nombreux éclairages. Elle est à lire avec la plus grande attention avant de passer aux Bœufs du Soleil : “L’épisode 14 – écrit Mathieu Jung – figure, au sein d’Ulysse, une sorte de triangle des Bermudes. Les boussoles critiques s’y affolent terriblement. On y navigue à vue pour se heurter aux épaves du sens. […] On conviendra que l’Aux. [Auxeméry] a su prendre l’Oxen par les cornes. En se plaçant au point-pivot du rire joycien, il a su sur quel pied ou quel paturon danser.”

    Christian Rosset, diacritik 2 mars 2022.


  • Albert Gauvin | 27 février 2022 - 00:06 3

    Faisant fi de la censure qui pesait sur le romancier James Joyce dans le monde anglo-saxon, une éditrice parisienne publiait il y a cent ans, à Paris, la version intégrale de Ulysses en anglais, le roman de l’Irlandais mis à l’index. S’inspirant de L’Odyssée d’Homère, ce livre met en scène les événements d’une journée dans la vie de son héros, dans une langue onirique qui fait pénétrer le lecteur dans la conscience des personnages. Ulysses a révolutionné la fiction occidentale. LIRE ICI.


  • Albert Gauvin | 10 février 2022 - 10:33 4

    Ulysses de Joyce a cent ans et continue à avoir ses détracteurs. Il y a quelques années, Michel Onfray ne déclarait-il pas sur France Culture : « Peut-on vraiment souscrire à Ulysses de Joyce ? Oui, parce qu’il y a de l’intimidation intellectuelle. », puis un peu plus tard, dans Le Point : « Ulysse de Joyce m’est tombé des mains » ? Aujourd’hui c’est Jean Duchesne, spécialiste de littérature anglo-saxonne, qui dénonce « un art qui n’est pas du tout populaire ni universel, en ce sens qu’il serait ouvert à chacun et l’ouvrirait au-delà de ses perceptions immédiates et habituelles. On se trouve au contraire infantilisé, sous la dépendance d’une espèce de clergé culturel, au service d’une idole dont il se sert peut-être plus encore qu’il ne la sert. »

    James Joyce, un centième anniversaire à oublier

    Cent ans après la parution d’Ulysse de James Joyce, Jean Duchesne, spécialiste de littérature anglo-saxonne, juge qu’il n’est sans doute pas indispensable de se (re)plonger dans un ouvrage qui n’a séduit que certaines élites.

    Les pages culturelles des médias n’ont pas manqué ces derniers temps de signaler et célébrer le centième anniversaire de la parution à Paris d’Ulysse, le roman de James Joyce (1882-1941), salué comme bien plus qu’un best-seller et même mieux qu’un chef d’œuvre : un monument de l’histoire de la littérature, de la civilisation, voire (tant qu’on y est) de l’humanité. Mais si l’on ne s’est pas joint à ce concert d’hommages, si l’on n’a pas réussi à finir le livre après l’avoir commencé puisque c’est un must, ou si l’on n’a pas seulement l’idée d’y mettre le nez, on peut se dispenser également de culpabiliser. Essayons d’expliquer pourquoi.


  • Albert Gauvin | 4 février 2022 - 01:13 5

    Le centenaire d’Ulysse

    Cent ans après la parution d’Ulysse de James Joyce, à Paris, et 140 ans après la naissance de l’écrivain, la littérature occidentale semble souffrir d’amnésie ou de dénégation, comme si la révolution artistique du modernisme anglo-saxon n’avait pas eu lieu.

    LIRE : La traduction de la préface d’Andreu Jaume à la nouvelle édition d’Ulysse publiée cette année en espagnol chez Lumen (traduction de José-María Valverde).

    LIRE AUSSI : Philippe Forest  : « Ulysse, de Joyce, l’héroïsme de l’homme ordinaire ».


  • Albert Gauvin | 3 février 2022 - 01:38 6

    2 février 2022
    Le 2/2/1922 paraissait Ulysses en anglais, à Paris, grâce à Sylvia Beach, à l’enseigne de Shakespeare and Company (12, rue de l’Odéon). C’était l’anniversaire de James Joyce, qui a eu quarante ans ce jour-là. Il était né le 2/2/1882. Le 2/2/2022, on fête ainsi le centenaire du roman et les cent quarante ans de Joyce. Tiphaine Samoyault, qui a participé à la retraduction collective d’Ulysse en 2004, prépare actuellement un livre sur sa relation à James Joyce intitulé Joyce, langue maternelle, à paraître dans le cours de l’année 2022. Elle présente ici, en relation avec le centenaire, les raisons d’un succès mondial et signale la republication d’un essai de Philippe Forest ainsi qu’un passionnant numéro de la revue Europe. LIRE ICI.


  • Albert Gauvin | 2 février 2022 - 00:59 7

    Célébrer le centenaire de l’Ulysse de James Joyce à la Shakespeare & Co

    La librairie parisienne Shakespeare and Company s’apprête à célébrer le centenaire de l’Ulysse de James Joyce. Et cet anniversaire a une saveur toute particulière pour l’établissement puisque ce n’est autre que sa fondatrice, Sylvia Beach, qui publia le texte dans son intégralité pour la première fois en 1922.

    Les festivités s’étendront du 2 février, jour anniversaire du livre, jusqu’au 16 juin, date à laquelle les évènements du livre se déroulent, autrement appelée le «  Bloomsday  ». On pourra citer parmi les célébrations : des podcasts, des évènements dans la librairie, des rencontres, des partenariats et bien d’autres choses.

    L’Ulysse de James Joyce raconte l’Odyssée transposée en une journée à Dublin en 1904. On y retrouve les personnages d’Ulysse, de Télémaque, de Pénélope et chaque épisode correspond à un épisode du poème épique d’Homère.

    Les festivités débuteront par une lecture du texte non abrégé par plus d’une centaine d’auteurs, artistes, comédiens et musiciens de partout dans le monde. Intitulé «  Friends of Shkespeare and Company Read Ulysses  », ce projet entend faciliter la (re)découverte de ce texte fondateur de la littérature moderne.

    Un épisode de ce podcast sortira chaque jour de la semaine à compter de la date anniversaire du 2 février jusqu’au 16 juin. Parmi les voix, on pourra retrouver celles de l’auteure Margaret Atwood, l’humoriste Eddie Izzard, la romancière Jeanette Winterson, le poète Ben Okri, le romancier Paul Murray, la poétesse Meena Kandasamy, ou encore la nouvelliste Caoilinn Hughes.

    Ces enregistrements seront accompagnés d’une série de podcasts en 10 épisodes – intitulée Bloomcast –, qui seront animés par Adam Biles, le directeur littéraire de la librairie. Il sera accompagné par le professeur Lex Paulson ainsi qu’Alice McCrum. Le premier épisode est d’ores et déjà disponible.

    L’après-midi du 2 février, la librairie accueillera le «  Ulysses 100 Project  », un groupe international autour de l’œuvre de James Joyce. D’autres groupuscules seront présents à Dublin, où se déroule l’intrigue du roman et à Trieste, où Joyce a commencé à l’écrire.

    Le groupe de Saint-Gérand-le-Puy se réunira à la Shakespeare and Company à partir de 14h02 pour des lectures, une exposition de cartes d’anniversaire, mais aussi pour partager un «  bookcake  » le tout en direct en Zoom avec le Caffė Pirona Pasticceria à Trieste, où Joyce a commencé à écrire Ulysse.

    Enfin la soirée se poursuivra autour d’une conversation entre l’auteur Tom McCarthy et l’artiste Susan Philipsz, «  Comment écrire après Ulysse  ?  » Cette entrevue sera diffusée en direct à partir de 20h depuis la librairie Shakespeare and Co.

    Penguin Classics proposera également une édition collector de l’Ulysse de James Joyce à l’occasion de ce centenaire. Le texte intégral y est protégé d’une couverture en tissus décorée par Coralie Beckford-Smith.

    Voir le site de la librairie Shakespeare & co…


  • Albert Gauvin | 13 janvier 2022 - 01:49 8


    L’Ulysse de James Joyce a paru à Paris le 2 février 1922 – date symboliquement choisie par l’auteur car elle était aussi celle de son quarantième anniversaire. On célébrera prochainement le centenaire de ce monument de la littérature mondiale qui, étrangement, semble compter aujourd’hui autant de détracteurs que d’admirateurs. Un roman illisible, dit-on parfois, inutilement compliqué, fastidieusement cérébral, le faux chef-d’oeuvre par excellence… Avec Beaucoup de jours – publié pour la première fois il y a une dizaine d’années –, Philippe Forest prend et gagne le pari de prouver qu’il n’en est rien et démontre avec aisance et clarté qu’il est possible de lire et de donner à lire un pareil ouvrage.

    Il propose un guide pour ce livre-labyrinthe qu’est Ulysse et, en même temps, un essai très personnel dans lequel le lecteur qui le souhaite retrouvera l’écho de certains des romans de l’auteur de L’enfant éternel, de Sarinagara et du Chat de Schrödinger. Car Ulysse est un grand roman qui, dans ses dernières lignes, fait résonner le splendide « oui » à la vie de son héroïne, un ouvrage toujours aussi actuel qu’essentiel, destiné à tous les lecteurs de bonne volonté et qui offre à chacun la chance d’un formidable rendez-vous avec lui-même.

    FEUILLETER LE LIVRE pdf

    SUR PILEFACE : Beaucoup de jours (entretien avec Philippe Forest en 2011)

    fabula


  • Albert Gauvin | 14 décembre 2020 - 01:29 9

    « Jacques Aubert fut pour Lacan l’interlocuteur privilégié concernant Joyce, dont il a dirigé l’édition des œuvres dans La Pléiade – ainsi que celle des Œuvres romanesques de Virginia Woolf. Membre de l’École de la Cause freudienne, il est décédé ce 28 novembre. En hommage, nous republions son texte paru dans le numéro 79 de La Cause du désir — La Rédaction. » Cf. LACAN QUOTIDIEN 902.


  • Albert Gauvin | 22 juin 2020 - 13:17 10

    Les Chemins de la philosophie par Adèle Van Reeth, 22 juin 2020, avec Philippe Forest
    Et si l’oeuvre magistrale de James Joyce, “Ulysse”, était d’abord et avant tout un roman d’amour, tiré de sa rencontre capitale avec Nora Barnacle, la femme de sa vie, le 16 juin 1904 ? VOIR ICI.


  • Albert Gauvin | 1er décembre 2018 - 13:37 11

    Merci pour votre document en pdf.
    Je restitue le lien direct qui permet d’accéder à la conférence de Lacan et, surtout, à l’enregistrement audio qui se trouve à la fin de l’article. LIRE ICI.


  • Henri Brevière | 30 novembre 2018 - 18:19 12

    Bonjour,
    L’audio de la conférence de Lacan au CUM à Nice « De James Joyce comme symptôme », le 24 janvier 1976, est accessible sur le site Œdipe.org à l’adresse suivante :
    https://www.oedipe.org/sites/default/files/users/uid-3042/profile/documents/lacan_a_nice_1.pdf

    Voir en ligne : De James Joyce comme symptôme. Nice.


  • Albert Gauvin | 18 mars 2018 - 19:00 13

    Un don James Joyce à la Morgan Library


    James Joyce photographié par Bérénice Abbott.
    ©Sutton. Zoom : cliquez l’image.
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    Les galleristes new yorkais Sean et Mary Kelly viennent de faire don de leur collection consacrée à James Joyce à la Morgan Library and museum (The Art Newspaper).

    Près de 400 pièces assemblées depuis 25 ans et comprenant des manuscrits, des photographies de Man Ray et de Berenice Abbott, des lettres, un descriptif de Ulysses dactylographié, diverses premières éditions et puis le long poème satirique The Holy Office où James Joyce fustige ses contemporains et tout particulièrement ses autres collègues écrivains, il s’agit d’un très rare exemplaire :

    But all these men of whom I speak
    Make me a sewer of their clique.
    That they may dream their dreamy dreams
    I carry off their filthy streams
    For I can do those things for them
    Through which I lost my diadem [crown]
    Those things for which Grandmother Church
    Left me severely in the lurch.
    Thus I relieve their timid arses,
    Perform my office of Katharsis.
    My scarlet leaves them white as wool
    Through me they purge a bellyful.

    Le poème avait été écrit en 1904 et publié l’année suivante, Joyce avait alors 23 ans. Peu, très peu même d’exemplaires existent au monde, on parle d’une petite centaine. James Joyce alors n’avait pas réussi à faire publier ce poème dans le magazine de l’université de Dublin, finalement il fut publié à Pola en Istrie où il séjourna plusieurs fois et aujourd’hui partie de la Croatie.

    La Morgan Library & Museum organiseront en 2022, à l’occasion du centenaire de la mort de l’écrivain une exposition qui lui sera consacrée et déjà attendue avec intérêt.

    Pierre-Alain Lévy


  • Albert Gauvin | 18 mars 2018 - 00:20 14

    New York : une collection majeure de James Joyce rejoint la Morgan Library


    James Joyce
    Zoom : cliquez l’image.
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    AFP. L’une des plus importantes collections privées d’oeuvres de l’écrivain irlandais James Joyce va être donnée à la Morgan Library, à la fois bibliothèque et musée de Manhattan, par un galeriste new-yorkais d’origine britannique.

    La collection comprend près de 350 pièces, notamment un exemplaire du premier livre publié par James Joyce seul, "The Holy Office", un poème satirique publié en 1904.

    Y figure également un fragment du manuscrit d’"Ulysse", son roman le plus célèbre, considéré par de nombreux critiques comme l’oeuvre anglophone la plus importante du XXème siècle.

    Cette collection a été assemblée, à partir du milieu des années 1990, par le galeriste Sean Kelly et son épouse Mary.

    Pour le directeur de la Morgan Library & Museum, Colin Bailey, cette donation "fait instantanément du Morgan un centre majeur de recherche académique liée à la vie et à l’oeuvre de l’auteur", a-t-il expliqué dans un communiqué vendredi.

    Le musée prévoit la tenue d’une exposition consacrée à James Joyce en 2022, année du centenaire de la publication d’"Ulysse".

    Outre le James Joyce Centre, situé à Dublin dans une demeure du XVIIIème siècle, il existe déjà d’autres collections dédiées à l’écrivain et poète (1882-1941).

    Celle de l’université publique de Buffalo, qui possède des centaines d’objets et documents ayant appartenu à James Joyce, est souvent considérée comme la plus importante au monde.

    La Morgan Library est l’ancienne bibliothèque particulière du célèbre banquier américain John Pierpont "J.P." Morgan, personnage central du monde de la finance au début du XXème siècle.

    Après sa mort, son fils a transformé la bibliothèque en lieu ouvert au public. Il est depuis devenu musée, avec un accent sur les lettres et la littérature.


  • A.G. | 6 novembre 2017 - 02:06 15

    Cinq conseils pour parvenir à lire "Ulysse" de James Joyce

    "En octobre, nous vous avions demandé quel livre vous n’aviez jamais réussi à terminer. "Ulysse", de Joyce, arrivait largement en tête de ce sondage. Nous avons rencontré un spécialiste de Joyce, et lui avons demandé ses conseils pour venir à bout de la grande oeuvre du romancier irlandais." C’est sur France Culture.


  • A.G. | 18 juillet 2016 - 22:52 16

    L’odyssée d’« Ulysses » de James Joyce
    En 1921, jugé obscène, le grand roman de l’écrivain irlandais est interdit de publication. Il finit par paraître en 1934, suscitant de vives controverses, toujours actuelles. Par Josyane Savigneau.


  • MICHEL | 25 mai 2015 - 08:17 17

    Voir nouvelle traduction de Finnegans Wake en français par Hervé MICHEL sur le site "Fini coince quoique"


  • Albert Gauvin | 11 février 2015 - 11:34 18

    Sur les lieux de James Joyce

    Aimer sa patrie comme une muse qu’on ne peut aimer que de loin, vivre expatrié et n’écrire pourtant que sur elle, tel est le résumé que l’on pourrait faire de cette relation ambiguë de James Joyce à sa patrie et à Dublin, sa ville natale. Joyce l’exilé, celui qui a tourné le dos à son île et qui pourtant en a fait un lieu imaginaire incontournable pour les lecteurs du monde entier.

    Ce documentaire est conçu comme un voyage sonore imaginaire, entre Dublin et Paris — terre d’exil où il choisit de passer vingt ans de son existence. Porté par les écrits et les voix de Joyce et des joyciens, nous vous proposons une immersion au cœur de sa biographie et de son imaginaire. De l’Irlande catholique du début du XXe siècle aux années folles de la ville lumière, nous vous proposons l’expérience d’un Bloomsday radiophonique.

    Intervenants en Irlande : Joseph O’Connor, écrivain ; Anne Enright, écrivain ; John Banville, écrivain ; Jack Walsh et Jessica Peel-Yates de chez Sweney’s, lieu majeur du parcours du Bloomsday dublinois.

    Intervenants à Paris : Jacques Aubert, éditeur des œuvres de James Joyce et de Virginia Woolf dans la Bibliothèque de la Pléiade ; Bernard Hoepffner, traducteur.

    Collection Sur Les Lieux de : Sur les lieux de James Joyce


  • Guillaume Basquin | 21 décembre 2013 - 11:28 19

    Merci d’avoir cité mon texte sur Philippe Forest dans L’Infini n° 125. Excellente idée que de faire circuler les textes !


  • Laurent Husser | 26 août 2010 - 11:48 20

    Excellente idée d’avoir trouvé cette étude. Mais je me suis aperçu que celle sur Finnegans Wake que cette personne a publié autrefois a disparu du Net, l’auriez vous quelque part ?