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Le Graal chez Sollers et Vincenot

D 24 mars 2023     A par Michaël Nooij - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


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Michaël NOOIJ nous propose ce nouveau billet pour La Tribune des Lecteurs sur pileface. Sa sensibilité d’artiste lui permet de déceler des connexions qui échappent au commun des mortels. Replonger dans ses créations « signes christiques revisités » peut éclairer les fulgurances d’un ‘fada’ - il lui est arrivé de se désigner ainsi - qui ne se prend pas au sérieux, mais qui comme le fou du roi, dit ses vérités.
« Le Graal chez Sollers et Vincenot » : Un rapprochement insolite, osé ? …Peut-être pas tant que ça !
Sortez avec lui des sentiers battus.
V.K.

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Inconstablement Philippe Sollers est sensible à la dimension ésotérique, avec sobriété son esprit capte immédiatement le sens caché, le déterminant métaphysique lui est inné - si H porte sur son frontispice un carré-soleil*, concentré de gnose, ce n’est pas pour des prunes.

(*) Du point centre zéro partent et reviennent les quatre directions en triple dimension formant et remplissant l’univers visible et invisible

...Y a-t-il d’autres auteurs français à témoigner de ce savoir secret de façon aussi naturelle ? Il suffit de penser au père de la Billebaude, au Maître des Abeilles, au Pape des escargots prix Renaissance des lettres 1979 [1], adapté à la télévision en 1979, Henri Vincenot.

Là où Sollers est un mondain urbain cosmopolite vivant sa vie entre l’Île de Ré, Venise, Paris, New York, Vincenot est un druide qui ne quitte sa forêt qu’en de très rares occasions, chasseur-pêcheur-cueilleur, un sage sachant échapper à tout péril.


Ce que l’Ulysse girondin suggère avec subtilité un rien désinvolte, le barde bourguignon l’expose en pédagogue : la construction des cathédrales devient livre ouvert, les étoiles se mêlent à l’architecture de l’huis, comme au temps des Gaulois le spiritus mundi "face au courant" vole léger devant la pesanteur, souffle sans contrainte, là où je suis est le paradis. Chez Vincenot cette liberté est nourrie par le savoir ancestral de la vigne du terroir validé par des millénaires de saisons, étayé par la connaissance des cycles et les lois de leur mouvement - car tout ce qui est personnel ne l’est-il pas qu’en tant que reflet du ciel ? L’univers est quantique, toutes les particules sont liées d’un seul tenant, entre terre et ciel aucune coupure. Mais qui au fond ne le sait pas ?

Nommer Vincenot le populaire à côté de Sollers l’avant-gardiste ? Et alors ? Aux histoires rustiques racontées par les anges de nos campagnes roulant les R répondent les livres d’initié de l’autre : les deux dévoilent l’essentiel sans quoi vivre est un enfer. Qu’ils en soient remerciés.

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Addendum

Rapprochement osé entre Sollers et Vincenot ? Tout de même un peu, me semblait-il en composant ce laïus.

Mais voilà, en lisant l’article consacré aux Renards pâles de Y. Haenel, je remarque qu’il met le nom "Jehan de Tonnerre" dans "quelle musique pourrait correspondre aux Renards pâles" - or Jehan de Tonnerre est le héros de Les étoiles de Compostelle de Vincenot...

Haenel étant tout proche de Sollers, le rapprochement entre le Bordelais et le Bourguignon n’est pas si incongru que ça...

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VOIR AUSSI

H, 1973 – Le diagramme de couverture : Figura intellectus

Michaël Nooij sur pileface

Archive vidéo : Henri Vincenot interviewé par Jacques Chancel dans son émission radioscopie


Les étoiles de Compostelle


346 pages
GALLIMARD (1987), Folio (2000)

Résumé :

Membre d’une communauté civile d’essarteurs (défricheurs de forêts) du Pays éduen - en Bourgogne du Sud Morvan -, Jehan le Tonnerre sort de sa forêt natale, s’approche du chantier de construction d’une abbaye cistercienne. Sa curiosité lui vaut d’être bientôt enrôlé dans l’équipe des Compagnons constructeurs : les mystérieux « Enfants de Maîtres Jacques » et les non moins étranges « Pédauques ». Il va petit à petit, par une initiation théorique et pratique, devenir « frère constructeur » à son tour et s’élancer sur les chantiers de ce qui sera, un jour, les grandes cathédrales.
Avec une précision hallucinante et un sens profond du merveilleux mystique et poétique, Henri Vincenot restitue dans ce livre et à travers les tribulations de son héros la foisonnante influence celtique sur l’art roman et gothique et sur... le tempérament français, donnant là un prolongement inattendu et « cosmique » à son Pape des escargots...

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