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Volodymyr Zelinsky, comédien, président, résistant

D 20 mars 2022     A par Albert Gauvin - C 3 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


20 mars 2022.

La guerre qui se déroule en Ukraine est comme toutes les guerres une guerre de propagande, une guerre des récits, une guerre des images, une guerre des mots. On connait le récit de Poutine diffusé inlassablement sur les médias russes : ceci n’est pas une guerre, c’est « une opération militaire spéciale » visant au « maintien de la paix » qui a pour but de « dénazifier » l’Ukraine coupable de « génocide » contre les minorités russophones. En Occident, ce récit a encore peu d’écho dans les médias même s’il peut être relayé mezza voce par quelques personnages politiques et même, sur les réseaux sociaux, par certains intellectuels, voire certains écrivains à l’intelligence borgnesse, idiots utiles, certes aujourd’hui minoritaires mais dont on aurait tort d’ignorer l’influence à la vitesse où vont les retournements d’opinion (et de veste).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n’a eu aucun mal à déconstruire cette falsification historique. S’appuyant sur son histoire personnelle, il rappelle certains faits : comment pouvez-vous m’accuser d’être un nazi, dit-il en substance, moi qui suis juif, moi dont le grand-père a servi dans les rangs de l’Armée rouge en lutte contre les nazis pendant la 2ème guerre mondiale, moi qui ai perdu trois membres de ma famille pendant la Shoah par balles ? Refusant l’offre d’exfiltration du président américain Joe Biden avec ces mots déjà célèbres : « J’ai besoin de munitions, pas d’un taxi », il est devenu en quelques jours une figure de héros, le symbole de la résistance face à Vladimir Poutine.
La société du spectacle, au stade du « spectaculaire intégré » que décrivait Debord dans ses Commentaires de 1988 (cité par Philippe Forest dans son dernier article, Le Véritable Saint Zelinsky comédien et martyr), nous avait habitués à voir des acteurs de série B ou issus de la télé-réalité (Reagan, puis Trump) devenir présidents de « la première puissance mondiale » [1]. Il n’y avait aucune raison qu’une Europe en voie d’américanisation accélérée échappât à cette logique spectaculaire. « Le spectacle continue » : c’est ce que chacun pensa quand Volodymyr Zelensky fut démocratiquement élu président de l’Ukraine en 2019 (73% des voix). L’Histoire en a décidé autrement.
Quel curieux destin que celui de ce saltimbanque inventeur d’une série à succès (y compris en Russie) « Serviteur du peuple » (à voir sur arte) où il jouait le rôle de Vassili Petrovitch Goloborodko, un professeur d’histoire (oui, d’histoire) devenu président [2], puis, après avoir créé un parti éponyme, devenant lui-même président, et, par la force des choses, surprenant le monde entier et d’abord son agresseur russe, le chef de la résistance héroïque du peuple ukrainien (avec une maîtrise remarquable des techniques de communication). Hier la fiction devenait réalité, aujourd’hui la réalité dépasse la fiction. C’est ce que racontent un documentaire récent ainsi que Bernard-Henri Lévy et Philippe Forest dans deux portraits singuliers, aussi différents que le sont leurs auteurs.

Zelensky l’homme de Kiev

Réalisation : Dirk Schneider, Claudia Nagel
Allemagne, 2022

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Indéniablement, Volodymyr Zelensky aurait pu se faciliter la tâche, et accepter l’offre des États-Unis qui lui proposaient de quitter Kiev par avion. Sa réplique "I need ammunition, not a ride", comme tirée d’un film d’action, a fait le tour du monde – et en quelques jours seulement, le président ukrainien, symbole de la résistance courageuse et inattendue d’un peuple, a su gagner le cœur de la communauté internationale. Près de quatre millions d’individus le suivent désormais sur Twitter, tandis que ses vidéos génèrent des millions de vue sur Facebook et Youtube. Maniant adroitement l’arme de la communication, doté d’un véritable sens de la formule, il défend bec et ongles sa patrie aux prises avec une guerre que l’Ukraine, selon de nombreux observateurs, ne peut pas gagner. Son sang-froid face à Moscou impressionne, mais survivra-t-il au conflit ?
Ce documentaire, qui s’appuie notamment sur deux entretiens approfondis avec le président ukrainien – l’un réalisé avant la guerre, l’autre il y a quelques jours – interroge les motivations profondes de Volodymyr Zelensky et de ses compagnons d’armes, à l’image de Vitali Klitschko – ancien champion du monde de boxe devenu maire de Kiev. Correspondants de guerre et experts apportent un éclairage précieux sur les évènements actuels ainsi que sur la biographie de Volodymyr Zelensky, ancien acteur qui s’est brutalement retrouvé propulsé sur le devant de la scène géopolitique mondiale.

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Zelensky ou Poutine, telle est désormais la question

Bernard-Henri Lévy


Première rencontre Poutine-Zelensky à Paris (accueillis par Emmanuel Macron)
pour parler de l’Ukraine le 9 septembre 2019.

ZOOM : cliquer sur l’image.
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La tragédie ukrainienne révèle la métamorphose d’un saltimbanque en acteur de l’Histoire : face à Poutine, Zelensky est l’honneur de l’Europe.
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Derrière le choc des armées, le tumulte des Ukrainiens chassés, les éclairs dans la nuit, les jets de sang, les pacifistes de Moscou matraqués, bref, derrière la guerre, ce sont deux figures de l’Europe qui s’affrontent.

D’un côté, Vladimir Poutine. Son hubris.

Ses manœuvres de mauvais joueur d’échecs apprises à l’école de feu le KGB.

Son côté Néron prêt à ce que Rome brûle pourvu que vive son empire.

Son inhumanité étrange qui semble sur le point, parfois, de sombrer dans la déraison.

Cet homme au visage de bois qui n’a plus de maîtrise que de ses traits, et plus aucune de ses pensées.

Ce visage de moujik devenu boyard, surnageant dans les encens de ses popes, mais animé par la même folie qu’on voyait, dans le film d’Eisenstein, sur le visage glacé d’Ivan le Terrible.

Il a commencé sa carrière en arracheur de couilles tchétchènes.

Puis en assassin butant ses opposants jusque sur les marches du Kremlin.

Et le voilà pétrifié en tsar ou persuadé, plutôt, que Tsar signifie César ; que sa Russie est la nouvelle Rome ; et que son Reich, s’il ne s’effondre pas dans les ruines et le sang, durera, lui aussi, mille ans.

Il a ouvert, cet homme, une très ancienne boîte de Pandore.

Celle de la surpuissance russe, implacable et immense.

Celle de la force brute et de ses légions triomphantes.

Et le vieux mythe païen du viva la muerte qui triompha dans les gesticulations apocalyptiques hitlériennes et, sous sa forme slave, dans la démence meurtrière de Staline.

Je regarde Poutine. Je le lis. Je lis ses idéologues. Et l’évidence est là.

L’Europe, selon lui, c’est l’Eurasie contre l’Occident. Les cosaques contre les chevaliers. Les Slaves contre les Germains. Et, entre eux, dans cette guerre des races et des espaces, au bout de ce choc qu’il veut, il y a la perspective de l’anéantissement.

Aux dernières nouvelles, il en serait à la menace ultime.

Il formulerait l’innommable sur lequel l’Europe s’était bâtie.

Ce n’est plus Kim Jong-un, cette baudruche trop énorme avec son doigt boudiné.

C’est, suspendu au-dessus du bouton nucléaire, un doigt osseux, dur, résolu, qui est celui de la haine, non seulement de l’Europe, mais du monde.

Et puis, en face de lui, voici un grand petit homme qui, à quelques lettres près, porte un prénom russe et s’appelle Volodymyr Zelensky.

Comme tout le monde, je l’avais pris pour un clown, un acteur, le triomphe nihiliste du spectacle. Puis, quand je l’ai vu si digne dans l’épreuve, j’ai cru à un Salvador Allende attendant les escadrons de la mort dans sa Moneda kiévienne.

Eh bien non.

C’était Churchill arpentant, tête nue, les quartiers pauvres de Londres les jours de Blitz.

C’est, révélé par la tragédie, un chef de guerre et d’État, souverain et calme, indifférent aux menaces de l’assassin qui l’a mis en tête de sa kill list.

C’est, demeuré parmi les siens, le petit gars de Kiev, chétif et costaud, frêle et déterminé, dont le Musclor du Kremlin pensait qu’il ne ferait qu’une bouchée et qui est peut-être en train de le mettre en échec.

Et c’est le petit juif de Kryvyï Rih, oblast de Dnipropetrovsk, au pays de la Shoah par balles, qui, face à un Poutine enivré par la drogue de la puissance nue, par les roulements de mécaniques et d’essieux de ses chars et par l’extase de ses missiles, a trouvé la force et l’humour d’opposer des vidéos subtiles, postées telles des bouteilles à la mer ou, mieux, au tsunami – et qui, à Joe Biden offrant une exfiltration, a répliqué le déjà mémorable : « nous n’avons pas besoin de taxis, mais de munitions. »

Cet homme, c’est l’autre image de l’Europe.

C’est l’Europe de l’humour et de l’intelligence.

C’est l’Europe du rire et du refus de l’oubli.

C’est l’Europe qui n’existerait pas sans le sourire de Bashevis Singer, le rire de Rabelais et de Cervantès, la douce folie d’Érasme et la sagesse grinçante de Kafka.

C’est l’Europe de l’esprit ; de la résistance par les armes et par la raison ; c’est l’Europe qui, au barbare casqué, oppose l’intellectuel de café (fût-il café-concert) ; et c’est l’Europe qui, à la béance des siècles, aux Walkyries, aux cauchemars des possédés, a toujours répondu par les héros fragiles de la pensée, nerveux et maigres comme Wittgenstein, insaisissables comme Musil, généreux comme l’enfant grec de Victor Hugo exigeant de la poudre et des balles – et géniaux, aussi, comme les personnages de Tolstoï et de Chostakovitch, de Tchekhov et de Mandesltam.

On la pensait perdue, cette Europe, oubliée dans les hontes et les servilités qui faisaient désespérer de la petite princesse, fille d’Agénor et de Téléphassa.

La voici qui ressurgit des limbes.

Et elle le fait par la grâce de cette métamorphose hissant au-dessus de lui-même un homme qui, quand je l’ai connu, rêvait de faire rire Poutine.

Poutine ne rit pas. Mais il est devenu, lui, Zelensky, un Grand d’Europe. Entre eux, c’est la lutte à mort entre civilisation et sauvagerie.

Bernard-Henri Lévy, La règle du jeu, 7 mars 2022.

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Le Véritable Saint Zelinsky comédien et martyr

Par Philippe Forest
Écrivain

Zelinsky comédien jouant un président, puis devenu président : la réalité rattrape la fiction, et peut-être « la vérité n’est-elle jamais que fiction puisque la fiction elle-même devient si aisément vérité », comme l’écrit Philippe Forest. De Saint Genest comédien et martyr (1647) à Serviteur du peuple (la comédie de Zelinsky), de César à Kennedy, peut-être ne s’agit-il toujours que d’une seule et même histoire. Ainsi craint-on que la farce devienne tragédie. La réalité rattrape la fiction, et parfois elle réclame son dû.
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1.

Que les événements d’aujourd’hui répètent ceux d’hier, que les événements d’aujourd’hui annoncent ceux de demain, l’idée – aussi déraisonnable qu’elle semble, aussi paradoxale qu’elle paraisse – fascine forcément. Elle concerne d’abord le philosophe réfléchissant à la loi de l’Éternel Retour et à la manière vertigineuse dont, autour de son axe immobile, tourne sur elle-même l’immense roue du temps. Elle préoccupe aussi l’historien s’interrogeant sur le possible et perpétuel recommencement du récit qu’il raconte à l’intention des générations futures et dont la continuelle nouveauté, la frénétique accélération, peut-être, ne constituent qu’un leurre auquel lui-même se laissera prendre. Elle intéresse enfin l’écrivain se demandant si derrière toutes les fables qu’il fabrique, derrière toutes celles qui furent façonnées par d’autres avant lui, derrière toutes celles qui le seront par d’autres encore après lui, ne se tiendrait pas une histoire et une seule, toujours la même, identique en dépit des apparences toujours changeantes sous lesquelles elle se présente à lui et à chacun de ceux qui la découvrent à leur tour.

L’Histoire se répète et elle change. L’un ou l’autre. L’un et l’autre. Sur tout cela beaucoup de choses ont été écrites, identiques ou différentes. Car c’est le propre du discours que l’on tient sur l’Histoire, à l’instar de l’Histoire dont ce discours disserte, que de se répéter et de changer aussi. L’un ou l’autre. L’un et l’autre. Tour à tour et en même temps.

En des pages célèbres, Marx fait remarquer que les hommes qui, au moment de la Révolution française, donnèrent forme à leur futur avaient les yeux tournés vers le passé. Ils croyaient imiter des modèles hérités d’hier quand ils en inventaient d’autres qui détermineraient les lendemains qu’ils léguaient à l’humanité. Il n’est rien ainsi qui ait lieu une seule fois – même si, à chaque fois, du seul fait qu’il se répète, fût-il identique à lui-même, un événement devient nécessairement différent.

La tragédie, dit Marx, se transforme en farce.

Mais l’inverse se constate aussi bien.

2.

Parfois, il arrive qu’un événement rime avec un autre. À des années d’intervalle, à des siècles de distance, il lui fait écho. L’un de ces événements, l’autre en est la répétition. Il le rappelle ou il l’annonce. Donnant étrangement au présent un air avéré de déjà-vu. À moins que ce ne soit la valeur vague d’un oracle dont il faudra forcément abandonner à l’avenir le soin, quand la chose n’intéressera plus personne, de décider s’il avait dit vrai ou bien faux.

On joue au jeu des ressemblances. Et à ce jeu-là, il n’est nulle chose qui ne soit identique à une autre. Lorsque John Fitzgerald Kennedy est assassiné à Dallas, les circonstances de ce crime rappellent étrangement celles qui entourèrent le meurtre dont Abraham Lincoln, un siècle auparavant, fut également la victime à Washington. La tragédie est la même, dans les moindres détails. Singulièrement, les protagonistes principaux portent les mêmes noms et jouent parfois les mêmes rôles. L’intrigue se déroule, identique et elle mène au même dénouement.

Tout cela, dira-t-on, fut le fait du hasard. Il n’y a pas lieu d’accorder quelque signification que ce soit, ajoutera-t-on, à de semblables coïncidences. C’est pourtant difficile. L’esprit ne peut se défendre contre l’idée que la même tragédie s’est jouée deux fois. Et si tel fut le cas, tout pousse alors à penser que la même pièce, avant Lincoln, avant Kennedy, à la faveur d’autres et mystérieuses occurrences, pour d’autres acteurs, devant d’autres spectateurs, avait déjà été écrite et interprétée à plusieurs reprises. De fait, et à s’y méprendre, elle évoque la conjuration sous les coups de laquelle tomba Jules César, insoucieux de l’avertissement que lui avait prodigué l’augure au moment des Ides de Mars.

La conjuration elle-même, d’ailleurs, compte moins que la manière dont Shakespeare la raconta. Comme si la vérité était tout entière contenue dans la fiction qui l’enferme. Et comme si le meurtre littéraire tel que le dramaturge anglais le met en des vers qu’il place dans la bouche de ses comédiens constituait en quelque sorte la matrice d’où sortirent ou sortiront tous les meurtres bien réels dont l’Histoire a porté, porte ou portera témoignage. Déplaçant vers l’Irlande la scène où le même drame encore se répète, avec une pareille hypothèse, dans l’une de ses « Fictions », – elle s’intitule « Thème du traître et du héros » – joue Jorge-Luis Borges – auquel, le lecteur s’en est aperçu, et puisque l’on ne fait jamais que réécrire ce que d’autres écrivirent avant soi, j’emprunte les idées que j’exprime ici et jusqu’à la forme que je donne à ma propre « fiction ».

3.

Le peu que l’on savait, il y a encore quelques semaines, de Volodymyr Zelensky concernait la manière dont, acteur, il était devenu le président, démocratiquement élu, de son pays.

Qu’un politicien doive nécessairement se faire un peu comédien, nul ne l’ignore, chacun l’observe et les exemples, en général affligeants, sont innombrables. Un seul suffira. On choisira le plus éminent. Napoléon fait plutôt bien l’affaire. Lorsque Vigny dans Servitude et grandeur militaires imagine la rencontre entre le pape et le Premier consul, il place dans la bouche du second une tirade qui semble sortie tout droit de chez Shakespeare. « Mon théâtre, c’est le monde » proclame Bonaparte, ajoutant désabusé, cabotinant avec un peu de mélancolie : « Tout est rôle, tout est costume pour moi depuis longtemps et pour toujours. » Dumas lui fait dire à peu près la même chose et use d’un procédé qu’il emprunte également à l’auteur d’Hamlet : en l’occurrence, le « théâtre dans le théâtre ». Dans le drame plutôt oublié que le romancier des Trois mousquetaires consacre à Napoléon, il montre l’Empereur des Français visitant incognito la Foire de Saint-Cloud où des saltimbanques présentent un spectacle dont il est le héros. Dumas rapporte également – je veux dire qu’il invente aussi bien – le dialogue de Napoléon avec Talma, le grand tragédien d’alors et son ami de longue date. L’Empereur a toujours soutenu qu’il avait appris de l’acteur l’art de jouer son rôle de souverain, à la semblance des grands personnages du répertoire classique dont le comédien passait pour le plus talentueux, le plus prestigieux, le plus autorisé des interprètes. Même si, l’élève ne manquant pas de faire également la leçon au maître, Napoléon, paraît-il et Dumas le dit encore, conseillait à Talma de mettre, par souci de vraisemblance, un peu plus de naturel, un peu moins d’emphase et de solennité dans son jeu.

Qu’un comédien puisse devenir politicien et accéder aux plus hautes fonctions de l’État, la chose, en revanche, est moins fréquente. Les meilleurs exemples nous viennent des États-Unis. Sans doute parce que la Société du Spectacle – le « spectaculaire intégré » tel que le définissait Debord – y a atteint son degré de développement le plus avancé et que les lois du « show business » y gouvernent sans partage tous les aspects de la vie – et jusqu’au fonctionnement du jeu politique. À l’époque – c’est-à-dire : il y a maintenant quarante ans –, un écrivain aujourd’hui disparu – il s’agit de Jean-Edern Hallier – résumait avec esprit la dégringolade qui, à ses yeux, avait conduit de l’Empire romain à l’Empire américain. Autrefois, rappelait-il, Caligula avait élevé son cheval à la dignité de consul – « Heureux ceux que gouverna le cheval de Caligula ! » s’exclamait un demi-siècle plus tôt Louis-Ferdinand Céline indiquant ainsi que la civilisation moderne réservait à ses citoyens un régime bien plus bestial que celui auxquels les plus délirants des tyrans avaient jadis soumis le monde antique. Désormais – je veux dire : alors, dans les années 1980 du vieux vingtième siècle –, continuait Hallier, le cheval qu’il montait dans les westerns auxquels il dut d’abord sa modeste réputation hollywoodienne, avait permis à Ronald Reagan, acteur de série B, d’accéder au bureau ovale que la Maison Blanche réserve au chef de la première puissance mondiale. Ce n’est plus le souverain qui confère le pouvoir à son cheval mais bien le cheval qui sacre son cavalier et lui confie tout pouvoir. La tragédie se fait farce. Et la farce elle-même n’en finit pas de se dégrader. Depuis, le spectacle télévisuel – sans même parler de la foire des réseaux dits sociaux – s’est avantageusement substitué au spectacle cinématographique. La notoriété que Donald Trump acquit, comme on sait, à la faveur des émissions de télé-réalité qu’il animait ne fut pas étrangère à la façon dont il fut porté à la présidence de son pays.

4.

Le cas de Zelensky, cependant, est un peu différent. Certes sa popularité médiatique constitua le marche-pied qui permit à une vedette du « stand-up » de devenir président. Mais d’une façon extraordinairement singulière et peut-être bien unique, sans précédent – si tant est qu’un événement puisse passer pour nouveau et n’en répète jamais un autre qui eut lieu avant lui.

Le feuilleton télévisé qui fit connaître Zélensky du public racontait, d’après ce que l’on en sait, et sans doute selon les codes de la sit’com telle qu’elle sévit désormais un peu partout, l’histoire d’un homme ordinaire qui, dénonçant la corruption du régime, accède à la magistrature suprême et se retrouve en situation de réformer le pays à la tête duquel ses compatriotes l’ont placé. Un peu comme si, toutes choses égales par ailleurs, dix ans après avoir été à l’affiche du Ruy Blas de Victor Hugo, fort du prestige que lui avait valu le flamboyant monologue à la faveur duquel le héros romantique apostrophe les « oligarques » d’Espagne et leur souhaite « Bon appétit ! » tandis qu’ils dépècent le pays, mieux que Lamartine et en lieu et place de Louis-Napoléon Bonaparte, Frédérick Lemaître – l’héritier de Talma, le même qui apparaît sous les traits de Pierre Brasseur dans Les Enfants du paradis – avait été élu au suffrage universel au poste de premier Président de la Seconde République.

La réalité, comme on dit, rattrape la fiction. La fiction se fait réalité. Un homme joue le rôle d’un autre et il devient cet autre. Peut-être jouait-il avec tant de justesse qu’il a convaincu les spectateurs de lui confier l’emploi pour lequel il avait fait preuve de tant de talent et de dispositions, pour lequel il semblait si bien taillé. Peut-être les électeurs ont-ils voulu prendre l’acteur à son propre jeu, lui faisant généreusement cadeau du poste qu’il briguait devant les caméras ou lui réservant, par malice, le mauvais tour de le lui confier dans la vie. À l’ère du Spectacle, à l’âge du Simulacre, l’image prend la place de la réalité qu’elle a évincée et à laquelle elle ne renvoie plus. Sinon afin d’apporter la preuve que tout n’est plus que comédie et que la vérité n’est jamais que fiction puisque la fiction elle-même devient si aisément vérité…

5.

Rotrou est un nom qui ne dit plus grand-chose à personne. Les plus scrupuleuses et les plus canoniques histoires de la littérature française du siècle classique – ainsi le vieux Lagarde et Michard – n’accordent que quelques lignes à cet auteur resté dans l’ombre du grand Corneille. Elles ne mentionnent de lui qu’une seule pièce. Si le titre en évoque vaguement quoi que soit au lecteur d’aujourd’hui – à supposer que celui-ci se soucie encore de littérature –, cela tient plutôt à l’allusion qu’y fit Jean-Paul Sartre dans le titre de l’essai que lui-même consacra autrefois au poète, romancier et dramaturge Jean Genet.

Le Véritable Saint Genest comédien et martyr date de 1647. La tragédie tire son argument de l’hagiographie. Elle s’inspire de l’histoire édifiante d’un homme dont l’Église fit le saint patron de tous les acteurs. À Rome, sous l’Empire, au temps des persécutions dont l’Église était victime, Dioclétien l’avait envoyé espionner les chrétiens afin de tourner leur secte en dérision et de proposer la parodie de leur culte sous la forme d’un petit divertissement théâtral. Mais touché par la grâce, Genest se convertit et, au beau milieu du spectacle, proclame sa foi, suscitant la colère de l’Empereur qui ordonne qu’il soit torturé et puis décapité. De siècle en siècle, cette fable pieuse a prévisiblement fourni souvent un sujet aux auteurs de mystères et de tragédies. Notamment à Lope de Vega qui lui consacra sa Feinte véritable dont Rotrou s’inspire à son tour – puisqu’il n’est jamais d’histoire qui n’en annonce, qui n’en répète une autre.

« Je me trouve être un autre » déclare Genest lorsque, à la scène 4 de l’acte II, il réalise soudainement qu’il partage désormais les sentiments chrétiens qu’il prêtait à son personnage. Celui qu’il imitait, il le devient, pris à son propre jeu, pris à son propre piège. Avant que Diderot ne vienne avec son Paradoxe soutenir la thèse inverse, l’idée, issue de la vieille rhétorique et conforme à son art de convaincre, voulait que le comédien, au même titre que l’orateur, s’abandonne intérieurement aux passions qu’il lui faut accepter de ressentir afin de pouvoir les exprimer. Au risque, duquel il lui faut se défendre, pour le comédien, de ne plus savoir faire la différence entre l’homme qu’il est et celui qu’il joue.

6.

À supposer d’ailleurs qu’une semblable différence existe vraiment. Le grand théâtre baroque – superlativement chez Shakespeare – suggère le contraire. Il nous enseigne que le monde est un théâtre. Nous y interprétons tous un rôle que nous avons à peine choisi, que le hasard ou le destin nous ont confié et qu’il nous appartient seulement de jouer du moins mal que nous le pouvons. Pour son malheur et pour son salut, Genest le comprend : « Ce monde périssable et sa gloire frivole / Est une comédie où j’ignorais mon rôle. »

La pièce de Rotrou relève de l’apologétique. Mais d’une manière en somme assez singulière car elle fait en même temps l’apologie de la vérité et celle de la fiction. Le mensonge qu’il servait, le comédien l’abjure au nom de la vérité qu’il professe. Mais cette vérité ne lui est révélée qu’en raison du mensonge auquel il se prête. Telle est la leçon de saint Genest qui, « de la scène où il représentait, fit l’échafaud de son supplice et le Théâtre de sa gloire » – selon les mots de Georges de Scudéry, contemporain de Rotrou, dans son Apologie du théâtre.

Car à une semblable leçon, la sanction du sang est nécessaire. Le réel réclame son dû. Il fait son retour sur la scène où l’on pensait qu’il n’avait pas sa place. Et cela ne va pas sans que la monnaie de singe dont, sur les tréteaux, sous les cintres, devant le trompe-l’œil d’une toile peinte, on se payait avec des mots ne soit convertie en traites de sueurs et de pleurs. Une fois les trois coups frappés, dès lors que le rideau a été levé, on n’échappe plus à l’intrigue ni au dénouement vers lequel elle conduit, toujours le même, comme le dit l’une des Pensées de Pascal. Car : « Le dernier acte est sanglant, quelque belle que soit la comédie en tout le reste. »

Genest marche ainsi au sacrifice qui seul atteste la sincérité de sa conversion : « Il est temps de passer du théâtre aux autels / Si je l’ai mérité, qu’on me mène au martyre ; / Mon rôle est achevé, je n’ai plus rien à dire. »

7.

Comme le meurtre de Kennedy et celui de Lincoln répètent le crime dont, chez Shakespeare, César fut la première victime, Zelensky interprète le rôle qui, chez Rotrou, appartint d’abord à Genest. La farce qu’il jouait se fait tragédie. Jouant en comédien le rôle d’un martyr, de comédien, il devient martyr – ou du moins possiblement, probablement promis à le devenir afin d’interpréter comme il le faut et jusqu’au bout le rôle qu’il remplit.

Car Zelensky n’en reste pas moins comédien. Son combat, il le livre à sa manière, usant des armes qui lui appartiennent : se mettant en scène lui-même sous l’œil des caméras et dans le costume, sous le maquillage qui sied à son nouveau rôle, mal rasé et en treillis militaire, haranguant les siens et interpellant les autres à la faveur des messages que, sous formes de selfies clandestinement réalisés depuis un pays en guerre, il adresse au monde, prenant bien soin d’apparaître sous les traits d’un personnage en tout point opposé à celui devant lequel il se dresse, qu’il défie, chef d’État en costume et cravate, siégeant entre deux drapeaux et derrière son monumental bureau depuis lequel il commande et ordonne. Le comédien martyr, le martyr comédien signifiant à l’Imperator dont les troupes le menacent, comme le fait le héros de Rotrou, que la vraie victoire est promise à ceux auxquels le jeu des armes paraît parfois donner tort : « … tous les jours la rage des tyrans / Croit faire des vaincus et fait des conquérants. »

Zelinsky joue. Il joue encore. Il joue mieux que jamais. Son audience est planétaire. Il tient son meilleur rôle. Cela ne signifie pas qu’il soit insincère. Car, parlant pour la paix et la démocratie, il dit la vérité. Quand bien même cette vérité, il l’exprime avec tout un art qui lui vient des années qu’il a passées à faire commerce de son talent sur la plus insignifiante des scènes. Le comique populiste se mue en apôtre de la liberté. Mais Poutine ne joue pas moins que lui, ni plus mal que lui. Chacun donne à l’autre la réplique, dans son rôle, devant le décor qu’il faut, avec le costume qui convient. Comme Genest et Dioclétien, indispensables l’un à l’autre. Le premier joue le rôle du bon – et peut-être est-ce aussi pour de mauvaises raisons. Le second joue le rôle du mauvais – mais rien n’exclut qu’il ait aussi de bonnes raisons pour cela. Chacun parle pour sa cause, plaide pour son peuple et défend ses principes.

L’Empereur, au nom de l’ordre nécessaire qui à ses yeux doit régner sur le monde, exige du comédien qu’il se soumette et abjure sa foi dans les valeurs qu’il professe : « Insolent, est-ce à toi de te choisir des dieux ? / Les miens, ceux de l’Empire et ceux de tes aïeux, / Ont-ils trop faiblement établi leur puissance / Pour t’arrêter au joug de leur obéissance ? » Mais le comédien, lui, revendique le droit de se réclamer d’une autre loi que celle que l’Empereur proclame indispensable au bien de son Royaume : « Je cherche le salut, qu’on ne peut espérer / De ces dieux de métal qu’on vous voit adorer. »

8.

Selon le mot fameux d’Oscar Wilde, l’Art n’imite pas la vie, c’est la Vie qui imite l’Art. L’Histoire répète des fictions qui, imaginées autrefois, n’attendaient que le moment propice afin d’être portées une nouvelle fois sur la scène de ce monde où tout – farce ou bien tragédie – n’est jamais que théâtre.

Il est douteux que Zelinsky ait jamais entendu parler de Rotrou ou même de Genest. En revanche, il connaît certainement le To be or not to be de Lubitsch – qui, puisqu’il y en a peu et qu’elles sont toujours identiques, raconte en somme la même histoire. Nous sommes en 1939. Un acteur à la célébrité très locale (« He is world-famous in Poland »), massacre le monologue de Hamlet sur une scène de Varsovie : ce qu’il fait à Shakespeare, les Allemands, lui dit-on sarcastiquement, s’apprêtent à le faire à son pays. Afin de se sauver lui et les siens et de sauver du même coup la résistance que son pays oppose aux occupants, il improvise avec les comédiens de sa troupe une invraisemblable comédie dans le but de duper la Gestapo. L’un de ses médiocres acteurs brûle depuis toujours d’interpréter la grande tirade du Marchand de Venise – qu’aucun metteur en scène sérieux n’a jamais voulu lui confier. Mais l’occasion lui est enfin offerte : afin de détourner l’attention de quelques officiers nazis, se dénonçant lui-même à eux comme juif, le comédien joue pour eux le rôle de Shylock, usant des mots autrefois écrits par Shakespeare, les répétant dans des circonstances où ils prennent une pathétique force nouvelle, l’acteur parvenant fugitivement au sommet de son art, feignant mieux qu’il ne l’a jamais fait d’être un autre et devenant cet autre afin que de son mensonge sorte la seule vérité qui vaille.

Bien sûr, chez Lubitsch, tout se termine par un « happy ending ». On ne peut que souhaiter qu’il en aille de même pour Zelinsky et que la farce ne se fasse pas tragédie. Genest a été officiellement canonisé. Il existe, en Europe, des églises où l’on vénère son souvenir. Ainsi à Rome : l’église Sainte-Suzanne-aux-Termes-de-Dioclétien. Que l’on ait ou pas la foi, l’heure semble venue d’y faire brûler un cierge pour le salut de l’Ukraine, priant pour que le comédien qui en est devenu le président, selon le mot par lequel se conclut la pièce de Rotrou, soit préservé du sort qui le menace : « D’une feinte, en mourant, faire une vérité. »

Philippe Forest, https://aoc.media/, 8 mars 2022

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Le parti du rire

J’entends souvent dire ces temps-ci qu’il ne faut pas « humilier » celui avec qui, tôt ou tard, on sera obligé de « négocier », fût-il un dictateur. C’est peut-être vrai si l’on est diplomate ou dirigeant politique, mais quand on est un artiste, il n’est pas interdit d’en rire. A la fin de son article, Philippe Forest cite le film d’Ernst Lubitsch To Be or Not to Be qu’à titre personnel je ne me lasse pas de revoir [3]. En voici, en condensé, quelques extraits (le film est de 1942).

To Be or Not to Be

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Le dictateur

On a parfois comparé Zelinsky à Coluche, éphémère candidat à la présidence de la République en 1981. Mais Coluche, pourtant soutenu par de prestigieux intellectuels comme le sociologue Pierre Bourdieu (connu pour son sens de l’humour), finit par jeter l’éponge. Fini de rire ! Avant d’être vraiment élu président, Zelinsky, dans ses talk-shows, s’est, lui, volontiers moquer de Vladimir Poutine. En 2014, vêtu de rose, il avait joué la maîtresse secrète et présumée du président russe, la gymnaste Alina Kabaeva. Le comédien jouant le rôle de Poutine y apparaissait tout penaud [4]. Le bruit court que cela fut moyennement apprécié par le maître du Kremlin. On connaît la suite qui n’est pas vraiment drôle. Avant Lubitsch, un autre grand réalisateur s’est payé la tête d’un autre dictateur. Il s’agit de Charlie Chaplin dans Le dictateur. Le film, conçu dès la fin des années trente, est sorti à New York en 1940. Il ne sera visible en France qu’en 1945. Voilà ce qui risque d’arriver.

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Est-ce par idéalisme ? La séquence finale du film m’émeut toujours.

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[2La série est visible sur arte.tv depuis le 19 novembre 2021 jusqu’au 18 mai 2022. Cf. Serviteur du peuple - La série qui a révélé Volodymyr Zelensky.

[3Lubitsch était de parents juifs. Je note en passant que son père, Simon Lubitsch, était né à Grodno dans ce qui est l’actuelle Biélorussie.

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3 Messages

  • Albert Gauvin | 19 mai 2022 - 12:49 1

    Le 20 mars dernier, je terminais mon article par une séquence du film de Chaplin Le dictateur. Invité surprise à l’ouverture du Festival de Cannes, le Président ukrainien Zelinsky s’y est référé explicitement. Spectacle ? Celui qui fut comédien avant d’être président a montré une nouvelle fois qu’il savait admirablement utiliser les codes des différents publics auxquels il s’adressait.

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    «  Il nous faut un nouveau Chaplin qui prouvera que le cinéma n’est pas muet » face à la guerre. Le Festival de Cannes a donné d’emblée une tonalité politique à sa 75e édition en offrant une tribune, depuis Kiev, au président ukrainien Volodymyr Zelensky. L’apparition surprise du visage du président ukrainien, en treillis, sur l’écran du Palais des Festivals, a été suivie d’une longue ovation par le gratin du cinéma mondial, réuni pour la cérémonie d’ouverture d’un festival qui a promis que la guerre serait «  dans tous les esprits ».

    «  Nous allons continuer de nous battre, nous n’avons pas d’autre choix […] Je suis persuadé que le dictateur va perdre », a poursuivi Volodymyr Zelensky, en référence au président russe Vladimir Poutine et au film de Charlie Chaplin, qu’il a cité à plusieurs reprises. En Ukraine, « des centaines de personnes meurent tous les jours. Ils ne vont pas se relever après le clap de fin. […] Est-ce que le cinéma va se taire, ou est-ce qu’il va en parler ? S’il y a un dictateur, s’il y a une guerre pour la liberté, de nouveau, tout dépend de notre unité. Alors, est-ce que le cinéma peut rester hors de cette unité ? » a-t-il encore lancé.

    Cette intervention écrit une nouvelle page dans la longue histoire politique du Festival, fondé en 1939 pour s’opposer à la Mostra de Venise de l’Italie fasciste, mais dont la première édition, guerre mondiale oblige, n’a pu se tenir qu’en 1946. « Le Festival n’a cessé d’accueillir, de protéger et de réunir les plus grands cinéastes de leur temps  », a souligné auparavant le président du jury, Vincent Lindon, rappelant la « ligne artistique et citoyenne  » de cet événement mondial. « Pouvons-nous faire autre chose qu’utiliser le cinéma, cette arme d’émotion massive, pour réveiller les consciences et bousculer les indifférences ? Je ne l’imagine pas ! » a-t-il lancé. (Le Point)


  • Albert Gauvin | 3 avril 2022 - 00:38 2

    Serviteur du peuple - La série qui a révélé Volodymyr Zelensky

    Les 4 premiers épisodes seront diffusés sur arte le vendredi 8 avril à 22h30. La série complète sera disponible sur arte.tv jusqu’au 18/05/2022.

    Dans "Serviteur du peuple", Volodymyr Zelensky jouait déjà le rôle de sa vie : un honnête professeur d’histoire devenu, contre-toute attente, président de l’Ukraine. Quatre ans plus tard, en 2019, le succès retentissant de la série satirique ira jusqu’aux urnes en déclarant Zelensky, humoriste sans expérience politique, président de l’Ukraine avec 73% des voix. Entre la réalité et la fiction, il n’y a qu’un pas. VOIR ICI.


  • Albert Gauvin | 28 mars 2022 - 18:56 3

    Le régime de Poutine recourt à une propagande mensongère systématique. Il arrive que les autorités ukrainiennes tiennent des propos qui se révèlent matériellement inexacts, mais leur comportement est très différent, argumente Mathieu Slama, auteur, en 2016, de "La guerre des mondes : réflexions sur la croisade idéologique de Poutine contre l’Occident" et, plus récemment de "Adieu la liberté - Essai sur la société disciplinaire" (Presses de la Cité, janvier 2022). LIRE ICI.