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OVIDE. Les Héroïdes, Lettres d’Amour

Traduites présentées et annotées par Danièle Robert

D 1er février 2022     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Avec ces lettres d’amour imaginaires attribuées aux grandes amoureuses de la mythologie, en forme de monologues tragiques, Ovide explore la perte et l’exil. Qu’il soit partagé ou non, l’amour qui y est dépeint n’est en aucun cas un jeu badin ou superficiel : il engage l’être jusqu’à la mort.


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Éditions Actes Sud (2 février 2022)
Nombre de pages : 183 pages
Illustration de couverture ; (c) Owen Gent

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Quatrième de couverture

Qu’il soit partagé ou non, l’amour que dépeignent ces missives imaginaires des grandes héroïnes de la mythologie n’est en aucun cas un jeu badin ou superficiel : il engage l’être jusqu’à la mort. Les amoureuses· qui se savent adorées en retour ne trouvent de sens à l’existence qu’ auprès de leur amant ; ainsi, la séparation est insurmontable à Pénélope ou Hermione.

Quant aux femmes délaissées, trahies, abandonnées, toutes victimes de l’inconstance masculine, elles sombrent dans le désespoir le plus profond et passent de la soumission à la révolte, des menaces aux supplications : elles sont Phyllis, Ariane, Médée...

Avec ces lettres d’amour en forme de monologues tragiques initialement parues dans l’ouvrage Lettres d’amour, lettres d’exil ( coll. "Thesaurus", 2006) pour lequel Danièle Robert, la traductrice, a obtenu le prix Jules Janin de l’Académie française, Ovide explore la perte et l’exil. . Il est loin de se douter, lorsqu’il compose cette œuvre de jeunesse, qu’il éprouvera lui-même ces sentiments à la fin de ses jours dans le lieu le plus reculé de l’Empire romain. Et pourtant tout est là, déjà ; dans ces cris de désespoir, dans ces efforts déployés pour fléchir le destin résonnent l’absolu et le vertige du manque.

L’amour au cœur de l’œuvre d’Ovide

« L’amour est au cœur de l’ œuvre d’Ovide : thème traité avec détachement et ironie dans les textes que j’appelle "érotiques" (au sens étymologique du terme, c’est-à-dire où il est question d’Éros), et à la manière d’un auteur tragique dans les Héroides, sans doute parce que l’écriture de sa pièce, Médée, s’élaborait en même temps que celle de ces lettres. Qu’il soit partagé ou non, l’amour ici dépeint n’est en aucun cas un jeu badin ou superficiel : il engage l’être jusqu’à la mort. Les amoureuses qui se savent aimées ne supportent pas l’absence de l’être cher, la vie n’ayant de sens qu’ auprès de leur amant, en totale fusion avec lui. Ainsi Pénélope, Hermione, Laodamie, Hypermestre, Héro vivent tragiquement l’alternative : l’exigence de la présence de l’aimé ou la mort. Le cas de Canacé est plus poignant encore : son amour pour Macarée étant incestueux, elle n’a aucun espoir et aucune autre issue que celle de se tuer, son père ayant déjà mis à mort son enfant et l’ayant condamnée :

Quant à toi, fiancé par erreur à ta sœur malheureuse,
Recueille, je t’en prie, les membres épars de ton nouveau-né,
Ramène-les vers sa mère, dépose-les dans le même tombeau

Et que l’urne, dans son étroitesse, nous renferme tous deux.

(XI, 123-126.)

Quant aux femmes délaissées, trahies, abandonnées, toutes victimes de l’inconstance masculine, elles sombrent dans le désespoir le plus profond et, suivant leur personnalité, passent de la soumission à la révolte, des menaces aux supplications : ce sont Phyllis, Briséis, Œnoné, Hypsipylé, Didon, Déjanire, Ariane, Médée. La jalousie les dévore, que les preuves de trahison existent ou qu’elles les forgent de toutes pièces, et elles l’expriment sur un ton identique : leur main est défaillante, les larmes coulent sur les mots qu’elles tracent, leur faiblesse est extrême, leur désarroi total. Elles vivent l’exil du cœur tout autant que du corps. Elles ne cessent de rappeler à l’ingrat leurs bienfaits, au perfide ses mensonges face à leur candeur, au traître la promesse qu’il n’a pas tenue et chaque lettre est une variation - au sens musical du terme - sur le thème de l’amour douloureux.

Dans cette galerie de portraits, Phèdre et Sappho sont atypiques : la première déclare avec frénésie et détermination son désir à Hippolyre, sans la honte et les remords que lui donnera Racine :

Nous vivions sous le même toit, nous y vivrons encore  ;
Tu m’embrassais en public, tu m’embrasseras de nouveau  ;
Tu ne courras aucun danger avec moi, notre faute te vaudra des louanges,
Quand bien même on te verrait dans mon lit.

(IY, 143-146.)

La secondes’ exprime en femme libre, affranchie des lois morales ; elle affirme sa sensualité, s’enorgueillit de son intelligence et de son talent de poète : par là, elle est à égalité avec les hommes et peut sans rougir décrire le plaisir solitaire qu’elle prend, dans l’attente de Phaon. Sa lettre est l’une des plus audacieuses de l’ensemble.

Deux autres héroïnes s’écartent également du groupe des amoureuses ou des victimes de l’amour : Hélène, qui n’aime pas encore Pâris mais qui est toute prête, à la lecture de sa lettre, à se laisser aller à la tentation, et Cydippe, qui a été prise au piège d’Acontius et se voit liée à lui par serment alors qu’elle ne le connaît pas et n’a fait que lire à haute voix l’engagement qu’il avait écrit sur un fruit lancé à ses pieds. Elle illustre avec force la toute-puissance de la parole dans le monde antique : les mots sont des actes, ils créent une réalité dont on ne peut s’extraire, à laquelle ni les humains ni les dieux ne peuvent échapper. Ainsi, la promesse lue naïvement dans le temple de Diane lie la jeune fille devant la déesse, qui n’aura de cesse que de la lui rappeler en l’empêchant d’épouser un autre homme qu’Acontius. Quant au couple Pâris/Hélène, il nous donne un aperçu de ce que pouvaient être les suasorioe [1] que les jeunes gens apprenaient chez les rhéteurs ; Pâris met en place une série d’arguments destinés à fléchir l’épouse de Ménélas : la décision de Vénus après la scène de la pomme d’or, la réputation de beauté d’Hélène, sa propre naissance et la mystérieuse prédiction qui l’a accompagnée, sa beauté, sa jeunesse, son pays et son titre de prince, ses richesses enfin, qu’il oppose à ce que Ménélas offre à son épouse. Il entreprend ensuite de flétrir l’image du roi pour finir par une invitation cynique à l’ adultère, arguant du fait que le mari lui-même a demandé à sa femme de prendre soin de l’étranger en son absence. Hélène met d’abord en avant son honnêteté outragée par l’impudence du jeune homme, sa pureté sans tache en dépit de son premier enlèvement par Thésée, sa noblesse, puis elle glisse insensiblement vers l’aveu implicite de l’attirance qu’elle éprouve, joue les coquettes, les fausses modestes, et la confidence se fait de plus en plus hardie : elle est sur le point de succomber et le fait savoir clairement. Ce jeu mondain n’est pas dans l’esprit des autres lettres mais plus proche des Amours ou de L’Art d’aimer.

[…]

Mais si le thème de l’amour domine l’ensemble à l’instar des autres poèmes de jeunesse, celui de l’exil est également présent et apparaît ici comme une sorte de douloureux pressentiment. Ovide est loin de se douter, lorsqu’il écrit les Héroïdes, qu’il finira ses jours dans le lieu le plus reculé de l’Empire romain ; et pourtant tout est là, déjà : l’angoisse de la séparation, le sentiment de solitude extrême, le désespoir devant l’indifférence de l’autre, les efforts déployés pour fléchir le destin. Cela donne au recueil - en dépit des conventions littéraires auxquelles le poète sacrifie, comme tout écrivain le fait à cette époque - un ton beaucoup plus grave, plus pathétique que dans ses autres œuvres de jeunesse et résonne en nous comme une mélodie dont les harmonies se retrouveront plus tard, à l’heure du véritable exil.

DANIÈLE ROBERT
extrait de la préface

ARIANE À THÉSÉE

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[Celle que tu as abandonnée aux bêtes sauvages, pervers Thésée,
Vit encore. Et tu voudrais qu’elle ait supporté cela avec résignation ?

J’ai trouvé dans chaque espèce de fauve plus de douceur qu’en toi ;
Je ne pouvais me fier à quiconque plus mal qu’à toi.]

Ce que tu lis, Thésée, je te l’envoie de ce rivage [2],
D’où tes voiles ont emmené ton navire sans moi,

Où mon sommeil m’a violemment trahie ainsi que toi
Qui as profité de mon sommeil avec scélératesse.

C’était l’heure où la terre commence à se couvrir d’un cristal
De givre et où se plaignent les oiseaux, cachés dans le feuillage.

Plus ou moins réveillée, alanguie de sommeil, j’ai tendu les mains
Pour toucher Thésée, en me soulevant à demi :

Personne. Je retire ma main, essaie une nouvelle fois
Et passe mon bras sur tout le lit : personne.

La peur m’éveille tout à fait ; affolée, je me lève
Et me précipite hors du lit vide.

Aussitôt, je me frappe la poitrine à grands coups
Et m’arrache les cheveux, épars au sortir du sommeil.

La lune brillait ; je regarde si je distingue autre chose que le rivage,
Mais mes yeux n’ont rien d’autre que le rivage à voir.

Je cours sans réfléchir en tous sens, à droite, à gauche ;
Mes pas légers sont ralentis par le sable profond.

En même temps, je crie par toute la grève : "Thésée !"
Ce sont les roches creuses qui me renvoient ton nom

Et à chacun de mes appels le lieu t’appelle aussi :
Ce lieu voulait venir en aide à ma détresse.

Il y a là un mont ; on peut voir, au sommet, de rares arbrisseaux ;
S’y accroche un rocher, érodé par des eaux grondantes.

J’y monte (la volonté m’en donne la force) et ainsi
Je parcours largement du regard la haute mer.

C’est de là que j’ai vu - car j’ai aussi été en butte à des vents
Violents - tes voiles tendues par un Notus brutal.

Soit que je les aie vues, soit que j’aie cru que ce que je voyais était là,
Saisie d’un froid glacial j’ai à demi perdu conscience.

Mais la douleur ne me laisse pas longtemps abattue ; elle me redresse,
Me redresse et j’appelle. Thésée à pleine voix.

Je m’écrie : "Où fuis-tu ? Reviens, criminel Thésée !
Ramène ton vaisseau ; il n’est pas au complet !"

Ce sont mes mots ; et quand la voix me manquait, j’y suppléais
En me frappant : les coups se mêlaient à mes paroles.

Comme tu ne m’entendais pas, j’ai fait de grands signes
De la main pour qu’au moins tu puisses me voir,

Et j’ai attaché un tissu blanc à une longue branche
Pour me faire remarquer de ceux qui, de toute évidence, m’oubliaient.

Tu étais déjà hors de ma vue ; alors, j’ai fini par pleurer ;
Mes joues délicates étaient restées jusque-là figées par la douleur,

Que pouvaient-ils faire de plus, mes yeux, sinon pleurer sur moi
Après avoir perdu de vue tes voiles ?

Tantôt j’ai erré seule, les cheveux dénoués,
Telle une Bacchante excitée par le dieu thébain [3]

Tantôt je m’asseyais, froide, sur un rocher pour surveiller la mer
Et tout comme ce siège de pierre, j’étais pierre moi-même.

Souvent je regagne le lit qui nous avait reçus tous deux
Mais qui était destiné à ne plus nous recevoir

Et je touche, autant que je le peux, non pas toi mais ta trace
Et la couverture qui a gardé la chaleur de ton corps.

Je m’y laisse tomber et, sur ce lit trempé par d’abondantes larmes,
Je m’écrie : "Nous étions deux à te couvrir ; réunis-nous !

Nous sommes venus ensemble ; pourquoi ne pas partir ensemble
Lit chéri et perfide, où est la part la plus importante de nous deux ?

Que faire ? Seule, où me rendre ? Cette île est inculte ;
Je ne vois aucune activité : ni des hommes ni des bœufs.

La mer entoure la terre de tous côtés ; de marins nulle part,
Aucun bateau pour aller sur ces routes peu sûres.

Imagine que l’on me donne un équipage, du vent et un navire :
Quel chemin suivre ? La terre de mon père refuse de m’accueillir.

Même si je vogue sur un vaisseau propice par une mer paisible,
Si Éole tempère ses vents, je serai en exil.

Je ne te verrai plus, Crète répartie en cent villes,
Terre connue de Jupiter enfant.

Car mon père et ce sol gouverné par un père si juste [4],
Objets chers à mon cœur, ont été trahis par ma faute

Lorsque je t’ai donné - pour éviter que, vainqueur, tu ne meures
Dans les détours du palais [5] - un fil : pour te guider et diriger tes pas.

Tu me disais alors : "Je te le jure par ce danger même,
Tant que nous vivrons l’un et l’autre, tu seras à moi."

Nous vivons, Thésée, et je ne suis pas tienne - si seulement vit
Une femme que la fourberie d’un amant parjure a enterrée.

Moi aussi, comme mon frère, scélérat, ta massue [6] aurait dû me tuer ;
La promesse que tu m’avais faite aurait été déliée par ma mort.

Maintenant, je me rends compte non seulement de ce que je vais endurer
Mais de tout ce que peut endurer une femme abandonnée.

Mille images de mort me viennent à l’esprit
Et la mort est une peine moindre que l’attente de la mort.

Je crains que de tous côtés des loups ne surgissent bientôt
Pour me lacérer les entrailles de leurs crocs voraces ;

Peut-être cette terre nourrit-elle des lions, des fauves ?
Qui sait si cette île n’abrite pas des tigres féroces ?

Et on dit que de la mer sortent des phoques énormes ! ...
Qui empêchera les épées de me percer le corps

Qu’au moins je ne sois pas captive, attachée par une dure chaîne,
Que je ne file pas de grandes quantités de laine comme une esclave,

Moi qui ai pour père Minos, pour mère la fille de Phœbus
Et moi (ce dont je me souviens le plus) qui suis liée à toi.

Si je regarde la mer, la terre et toute l’étendue de la plage,
La terre, les eaux sont pour moi vraiment très menaçantes.

Reste le ciel ; j’ai peur de voir apparaître les dieux.
Je suis abandonnée - la proie et la pitance des bêtes dévorantes.

[Ou, si des hommes vivent et cultivent ici, je m’en défie :
J’ai appris à mes dépens à redouter les étrangers.]

Plût au ciel qu’Androgée soit vivant, que tu n’aies pas racheté
Ton acte impie par la mort des tiens, terre de Cécrops [7],

Et que ta main haut levée n’ait pas tué, Thésée,
Avec un bâton noueux l’être mi-homme mi-taureau,

Que je ne t’aie pas donné ce fil qui devait te montrer le chemin
Du retour, ce fil que tes mains tendues ne cessaient de reprendre [8].

Certes, je ne suis pas surprise que tu sois victorieux
Et que le monstre terrassé se soit effondré sur la terre de Crète :

Ses cornes n’auraient pu percer un cœur de fer !
Nul besoin de te protéger, ta poitrine n’avait rien à craindre :

C’est un silex, c’est un diamant que tu avais là ;
C’est là que tu as, Thésée, de quoi vaincre les pierres.

Sommeil cruel, pourquoi m’as-tu engourdie de la sorte ?
Ah ! j’aurais dû être du même coup engloutie dans la nuit éternelle.

Mais vous aussi, vents cruels et trop empressés,
Et vous, brises toutes prêtes à me faire pleurer,

Et cette main cruelle qui nous a fait périr, mon frère et moi,
Et toi, promes e faite à ma demande, engagement sans valeur...

Contre moi ont conspiré le sommeil, le vent et la promesse ;
Je suis la seule femme à avoir été triplement trahie.

Sur le point de mourir je ne verrai donc pas les larmes de ma mère
Et il n’y aura personne pour me fermer les yeux ;

Mon âme infortunée s’en ira sous des cieux étrangers
Et nulle main amie ne parfumera mon corps étendu.

Des oiseaux de mer se poseront sur mes os sans sépulture !
Est-ce là une tombe digne des devoirs que j’ai respectés ?

Tu vas rejoindre le port de Cécrops et une fois reçu dans ta patrie,
Lorsque tu te tiendras fièrement, honoré par ton peuple

Après avoir bien raconté la mort de l’homme-taureau
Ainsi que le palais aux chemins incertains, taillé dans la roche,

Dis aussi que tu m’as abandonnée sur une terre déserte ;
Il ne faut pas me soustraire à tes titres de gloire.

Non, tu n’es ni le fils d’Égée ni celui d’AEthra, la fille de Pitthée :
Les auteurs de tes jours sont le roc et la mer.

Si les dieux avaient fait que tu m’aies vue du haut de la poupe,
Mon air affiigé aurait empli tes regards d’émotion.

Regarde-moi encore aujourd’hui, non par les yeux mais en pensée
Si possible, rivée contre un rocher battu par une eau capricieuse ;

Regarde mes cheveux défaits en signe de deuil
Et ma tunique inondée de larmes comme de pluie.

Mon corps, tels des épis bousculés par l’Aquilon, frissonne
Et mon écriture vacille, tracée d’un doigt tremblant.

Ce n’est pas pour mon aide, qui m’a desservie, que je t’implore :
Je n’ai droit à nulle reconnaissance pour mes actes

Mais pas non plus au châtiment ! Ne t’aurais-je pas sauvé la vie,
Ce n’aurait pas été une raison pour que tu veuilles ma mort.

Ces mains fatiguées de frapper tristement ma poitrine,
Malheureuse ! je les tends vers toi par-delà l’immensité des mers ;

Ces cheveux qui me restent, je te les offre dans ma détresse.
Je t’en prie par ces larmes que tes actes provoquent,

Ramène ton navire, Thésée, vire de bord, reviens.
Si je meurs avant, tu emporteras au moins mon cadavre.

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La légende et le mythe d’Ariane, Thésée et du Minautore

Ariane est, dans la mythologie grecque, la fille du roi de Crète Minos (fils de Zeus et d’Europe) et de Pasiphaé, sœur de Phèdre et c’est aussi la demi-sœur du Minotaure.
Séduite par Thésée, elle aide celui-ci à s’échapper du Labyrinthe. Contre la promesse de l’épouser, elle lui fournit un fil qu’il dévide derrière lui afin de retrouver son chemin, seul moyen de triompher du labyrinthe qui n’a qu’une seule entrée. Mais, après avoir tué le Minotaure, le héros, lui préférant sa sœur Phèdre, l’abandonne sur l’île de Naxos. Au réveil, Ariane ne trouvant pas Thésée à ses côtés fut accablée de douleur.

.
Ovide s’arrête là et ne précise pas ce que deviendra Ariane. Selon une tradition elle mourut de chagrin. Pour une autre tradition elle fut mise à mort sur demande de Dionysos par Artémis, à Naxos.

Selon une autre tradition, le sort d’Ariane fut moins tragique, le dieu Dionysos la consolera, l’emmènera à Lemnos et elle eut de lui plusieurs enfants


Ariane et Thésée par Gustave Moreau (1626-1828) (Musée Gustave Moreau)
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Description de l’oeuvre

LE MYTHE DU MINAUTORE

Tout commence par un mythe : Minos, roi de Crète, oublie sa promesse de sacrifier un taureau au dieu Poséidon. Pour se venger, ce dernier fait en sorte que Pasiphaé, épouse de Minos, s’éprenne de l’animal. De cette union contre-nature naît un monstre hybride : le Minotaure. Rouge de honte, Minos cache le rejeton au cœur d’un palais-labyrinthe, exigeant que tous les neuf ans, de jeunes Athéniens lui soient envoyés pour être dévorés… jusqu’à ce que Thésée, aidé d’Ariane, achève la bête d’un coup de glaive !

Au premier plan, nous apercevons Thésée, nu tenant une toge rouge puis, légèrement en retrait, Ariane, vêtue d’une tunique pourpre.Le héros se dirige, sans doute, vers le labyrinthe muni d’une flèche pour tuer le Minotaure. Ariane tend à Thésée un "fil doré" (que malheureusement la faible qualité de l’illustration ne permet pas de voir) et doit le prévenir des dangers environnants pour qu’il retrouve son chemin et revenir à elle, sain et sauf. En effet, ce tableau manifeste l’attachement d’Ariane envers Thésée.

A l’arrière plan, nous constatons que le cadre est flou crée par des nuances de bleu, vert et blanc. Le décor est composé d’une nature verdoyante ; nous pouvons ainsi dire que Thésée et Ariane se trouvent dans un milieu naturel. On imagine alors que le labyrinthe se trouve au bout du chemin.

La légende d’Ariane reste encore présente dans notre imaginaire, surtout si l’on visite le palais de Cnossos en Crête, réputé comme étant le palais du roi Minos, censé abriter le labyrinthe et le Minautore. L’expression "le fil d’Ariane", reste aussi présente dans notre langue, utilisée pour décrire l’usage d’un fil conducteur, d’une solution rationnelle dans le règlement d’un problème complexe. Et Picasso a peint le Minautore pour le fixer dans notre mémoire .Dans Dora et le Minotaure (1936), Picasso explore le mythe et son propre double, offrant à la cruauté lubrique du monstre sa compagne de l’époque, la photographe Dora Maar,.


Pablo Picasso, Dora et le Minotaure, 1936 © Musée Picasso, Paris, RMN
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A propos d’Ovide


Ovide
, en latin Publius Ovidius Naso, né en 43 av. J.-C. à Sulmone (en italien Sulmona) dans le centre de l’Italie et mort en 17 ou 18 ap. J.-C., en exil à Tomis (l’actuelle Constanta en Roumanie)/ Le poète latin vécut durant la période qui vit la naissance de l’Empire romain.

Il naît un an après l’assassinat de Jules César, est adolescent lorsque Auguste s’empare du pouvoir pour transformer la République en Empire, et meurt trois ans après la mort de ce premier empereur

Il est surtout connu pour être l’auteur des Métamorphoses (Babel n ° 1573). Les Héroïdes, œuvre de jeunesse, seront suivis d’Amours, Soins du visage, L’Art d’aimer, Remèdes à l’amour, tous rassemblés sous le titre Écrits érotiques (Actes Sud, collection "Thesaurus"), des Tristes et des Pontiques, écrits en exil (Babel n ° 1670).


Les Métamorphoses

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Une autre traduction, présentée et annotée par Danièle Robert publiée chez Actes Sud en 2001

Commencée sous le règne d’Auguste, à la charnière du premier siècle de notre ère, l’oeuvre majeure d’Ovide est le plus long poème de l’Antiquité latine et sans aucun doute le plus beau. En quinze livres et près de douze mille vers, Les Métamorphoses racontent comment l’univers, à partir du chaos initial et à travers de multiples épreuves, ruptures et bouleversements, est parvenu à réaliser son unité grâce à la puissance romaine. Épopée monumentale et foisonnante, le poème s’attache aux rapports de haine, d’amour, de pouvoir, de servitude, de violence, de résistance que dieux et humains partagent et qui sont source pour le lecteur à la fois de rêves et d’enseignements.

Quatrième de couverture

Pourquoi proposer une nouvelle traduction de l’œuvre de la littérature latine la plus longue et, sans doute, l’une des trois ou quatre plus importantes qui nous aient été léguées, « Les Métamorphoses » d’Ovide ?

Actuellement, il n’y en a, en France, que deux en circulation : celle de Georges Lafaye, dont la première édition date de 1925 (publiée en édition bilingue en trois volumes - dont le deuxième est épuisé - aux éditions Les Belles-Lettres, elle a été reprise, en français seulement, par les éditions Gallimard dans la collection "Folio"), et celle de Joseph Chamonard, datant de 1966 (disponible chez Flammarion dans la collection "GF").

L’une et l’autre se basent sur un principe paradoxal, eu égard à l’exceptionnelle puissance lyrique de l’ensemble original : celui d’une restitution en prose.

L’édition que propose aujourd’hui Actes Sud (deux mille ans exactement après les premières publications à Rome de l’œuvre originale) est donc la première traduction française intégrale en vers et a, par ailleurs, la particularité de se présenter en un seul volume bilingue assorti d’un appareil de notes et d’une préface. Un répertoire en fin de volume reprend par ordre alphabétique tous les personnages apparaissant dans l’ouvrage et une carte ancienne du bassin méditerranéen, théâtre des multiples aventures contées par Ovide, complète l’ensemble.

Par la volonté de rendre compte de la dimension poétique de ce texte majeur à travers sa traduction tout autant que de se situer sur le terrain de la recherche, cette édition s’adresse donc aussi bien aux lecteurs non latinistes désireux de découvrir une œuvre fondamentale de notre patrimoine qu’aux élèves, étudiants ou professeurs de lettres (enseignants du secondaire comme universitaires) - qui, en outre, pourront de nouveau avoir accès à la totalité du texte latin de l’œuvre.

A propos de la traductrice

Écrivain (Les Chants de l’aube de Lady Day, Le Foulard d’Orphée, au Temps qu’il fait), critique et traductrice littéraire, Danièle Robert a traduit pour Actes Sud l’ensemble des œuvres poétiques de Paul Auster, Catulle et Ovide. Elle a obtenu le prix Laure-Bataillon classique et le prix jules-Janin de l’Académie française pour ses traductions d’Ovide ainsi que le prix Nelly-Sachs pour Rime, l’œuvre poétique de Guido Cavalcanti (éditions vagabonde). La traduction novatrice de La Divine Comédie qu’elle a donnée à Actes Sud - Enfer, 2016 ; Purgatoire, 2018  ; Paradis, 2020 - a fait l’objet d’un accueil remarquable et a pris place dans la collection "Babel" (n ° 1734, 2021).


[1Controverses à but délibératif, ou dans le but de persuader, convaincre

[2C’est sur l’île de Naxos (appelée aussi Dia) que Thésée a abandonné Ariane endormie.

[3Bacchus, petit-fils de Cadmos, roi de Thèbes dont le fondateur était Ogygès

[4Le père d’Ariane, Minos, passait pour avoir civilisé le premier les Cré¬tois et jouissait de la réputation d’un roi bon et juste. Après sa mort, il fut chargé par les dieux de siéger aux Enfers en compagnie de son frère Rhadamante puis d’Éaque (fils de Jupiter/Zeus et de la Nymphe Égine).

[5Ce palais est le Labyrinthe construit par Icare pour qu’y soit enfermé le Minotaure.

[6Dans certaines versions de cette légende, ce n’est pas avec une massue (ni un bâton noueux, comme Ovide le dira plus loin) que Thésée tua le Minotaure mais à coups de poing.

[7Rappel des origines de l’histoire de Thésée : Androgée, l’un des fils de Minos, avait été assassiné par les Athéniens (descendants de Cécrops) et Minos avait exigé que ceux-ci paient chaque année à la Crète un tribut de sept garçons et sept filles afin de les donner en pâture au Minotaure.

[8L’image est celle des mains sur lesquelles vient se réenrouler un écheveau de laine.

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