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Les bourreaux de Staline - Katyn, 1940

Le secret

D 14 décembre 2021     A par Albert Gauvin - C 1 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Arte rediffuse ce mardi 14 décembre « Les bourreaux de Staline - Katyn, 1940 », un documentaire sur un des plus gros mensonges de l’Histoire, l’assassinat, sur ordre de Staline, de plusieurs milliers de prisonniers polonais au début de la seconde guerre mondiale. Après que, sous l’ère Gorbatchev, le 3 avril 1990, les archives soviétiques sont partiellement ouvertes, Sollers évoque ce crime de masse longtemps dissimulé dans Le secret, roman publié en 1992.

Les comploteurs

Ils décideront, en mars 1940, d’« APPLIQUER LE CHÂTIMENT SUPRÊME : LA PEINE DE MORT PAR FUSILLADE ».


Hommage à Kalinine (de gauche à droite) : Mikhaïl Kalinine, Kliment Vorochilov,
Joseph Staline (au centre), Anastase Mikoyan et Viatcheslav Molotov.

Photographie, 1929.
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Le document officiel de Lavrenti Beria, daté du 5 mars 1940, demandant à Joseph Staline l’autorisation d’exécuter les officiers polonais. Le mot russe За signifie pour. Sont pour, dans l’ordre : Staline, Vorochilov, Molotov et Mikoyan
ainsi que, en marge, Kalinine et Kaganovitch.

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Lettre du 5 mars 1940.
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Lettre du 5 mars 1940.
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Lettre du 5 mars 1940.
Le document complet et, en marge, PRINCIPE COMMUNISTE
(entre sept. 1939 et... juin 1941)
.

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Joseph Staline, Svetlana Allilouïeva, sa fille, et Lavrenti Beria.
Lavrenti Beria (1899-1953) : « En 1953, après la mort de Staline,
il a été jugé coupable de représailles impunies ayant visé
des personnes indiscernables et de complots antisoviétiques, puis fusillé ».
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Kliment Vorochilov et Joseph Staline.
Kliment Vorochilov (1881-1969) : « Pendant les sept années qui ont suivi la mort de Staline, il a été à la tête du Présidium du Conseil suprême de l’URSS, occupant officiellement le plus haut poste dans le pays (en réalité, c’est le secrétaire général du Parti qui dirigeait le pays). Il a bien vécu, préservant jusqu’à la fin de ses jours sa place au sein des autorités suprêmes du pays. Il est l’un des rares partisans de Staline enterré près des remparts du Kremlin » Russia beyond.
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Sans commentaire.

Le secret

Le 17 septembre 1939 (Pacte), l’ex-URSS envahit la Pologne et fait des millions de prisonniers. Au printemps 1940, les familles de 14 000 d’entre eux cessent de recevoir du courrier. En avril 1943 (modification du Pacte), l’armée allemande annonce la découverte de fosses communes dans la forêt de Katyn, contenant les cadavres de soldats polonais. Le gouvernement soviétique affirme alors que le massacre est l’œuvre des nazis, et cette version sera soutenue par les Alliés pendant près de cinquante ans.
Source : l’Observer, Londres. Confession de l’un des participants aux exécutions à Kalinine (rebaptisée Tver), Vladimir Stepanovitch Tokaryev [1], quatre-vingt-neuf ans, aujourd’hui aveugle, mais ayant gardé toute sa lucidité :

« Je me souviens de Blokhin disant : "Allez, on y va !" Il enfilait alors un uniforme : chapeau de cuir marron, tablier de cuir marron, longs gants de cuir marron. Ses hommes conduisaient les Polonais un par un, menottes aux poignets, chacun devant donner son nom et sa date de naissance. Puis on les faisait passer, toujours un à un, dans la pièce voisine insonorisée, et ils étaient exécutés d’une balle dans la nuque. Aucun simulacre de jugement, bien entendu. La première nuit, il y a eu 300 exécutions. Je me rappelle que Blokhin plaisantait en se plaignant de cette rude nuit de travail. 300, c’était trop, le jour s’était levé, et ils s’étaient fixé pour règle de ne travailler que la nuit. Ils ont réduit le nombre à 250, et Blokhin s’assurait que tous les membres du peloton d’exécution recevaient bien leur ration de vodka. Tous les soirs, il en apportait plusieurs caisses. Combien de temps cela a-t-il duré ? Calculez vous-même : 6 000 hommes à raison de 250 par nuit.
En comptant les congés, cela doit représenter à peu près un mois, tout le mois d’avril 1940. L’ordre d’assassinat immédiat a été signé par Staline en personne. Les fosses ont été creusées près de l’endroit où les officiers du NKVD (ex-ex-KGB) avaient leurs datchas. Quand leur travail a été terminé, ils ont organisé un grand banquet pour fêter la chose. »

L’Observer, faisant état de son scepticisme sur le jugement éventuel des responsables de cette boucherie systématique, conclut que les seuls crimes qui échappent à la prescription, dans l’ex-Union soviétique, sont le génocide et les crimes commis contre l’humanité pendant la Seconde Guerre mondiale, mais que cette loi ne s’applique qu’aux crimes commis par l’Allemagne nazie. Les mêmes principes s’appliquent dans les systèmes judiciaires britannique et israélien.
En 1940, le futur pape polonais a vingt ans. Il en a soixante et un quand la balle du Turc le rejoint. Il ne manque pas de bons esprits qui auraient préféré le voir disparaître dans le charnier de Katyn.
Crimes contre l’humanité : « Actes inhumains et persécutions qui, au nom d’un État pratiquant une politique d’hégémonie idéologique, ont été commis de façon systématique non seulement contre des personnes en raison de leur appartenance à une collectivité raciale ou religieuse, mais aussi contre les adversaires de cette politique, quelle que soit la forme de cette opposition. »

Frénard :
— Juger les nazis et les collaborateurs des nazis, très bien, mais les staliniens, les anciens staliniens reconvertis, les collaborateurs internationaux du plan d’extermination stalinien, c’est une autre affaire ! Qui le ferait ? Quel pouvoir ? Quel tribunal ? Qui le supporterait ? Qui y est préparé ? Qui accuser ? Qui, exactement, serait en position de juger ? Est-ce que l’ex-URSS, comme le troisième Reich, n’était pas un État pratiquant une politique d’hégémonie idéologique ? Et même de purification ethnique ? Il y aura quelques procès bidon pour des sous-figures, bon... Et encore, très solidement négociés, croyez-moi... Vous verrez qu’on va encore nous accuser d’avoir été équivoques pendant la guerre, et d’avoir protégé des nazis en leur permettant de s’enfuir en Amérique latine... A la limite, c’est toujours nous dont il faudrait instruire le procès ! Étrange, non ? Ou logique ? C’est ça : logique.

Le secret, Gallimard, 1992, p. 172-173.

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Les bourreaux de Staline - Katyn, 1940

Réalisation : Cédric Tourbe, 2020.

En 1940, le NKVD fait exécuter plus de 22 000 prisonniers de guerre polonais, dont 4 500 dans la forêt de Katyn. Dans un remarquable documentaire, Cédric Tourbe lève le voile sur un crime de masse longtemps nié par le régime soviétique.

Cette vidéo est soumise à une limite d’âge.

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Le 17 septembre 1939, sans avoir déclaré la guerre à la Pologne, l’Armée rouge envahit sa partie orientale. Conformément aux dispositions secrètes du pacte germano-soviétique, Hitler et Staline se partagent leur voisin. Dans la foulée, le NKVD, la police politique soviétique, organise le regroupement dans les monastères de Kozielsk, Starobielsk et Ostachkov de prisonniers de guerre polonais, principalement des officiers, et des représentants de l’élite intellectuelle. En septembre 1943, alors que la Wehrmacht s’enlise à Stalingrad, Goebbels annonce la découverte d’un charnier dans la forêt de Katyn, près de Smolensk, à la frontière biélorusse. Après avoir mis sur pied une commission d’enquête internationale, composée de médecins légistes originaires de pays alliés à l’Allemagne ou sous son contrôle, le ministre nazi de la Propagande attribue au NKVD l’exécution par une balle dans la nuque de plusieurs milliers d’officiers polonais. En accusant les “judéo-bolcheviques” d’avoir commis entre avril et mai 1940 ce crime de masse, le IIIe Reich espère désolidariser Churchill et Roosevelt des Soviétiques. Mais ni l’Amérique ni l’Angleterre ne peuvent se permettre de lâcher leur allié russe, qui nie farouchement sa responsabilité dans le massacre et en accuse les nazis. Ce mensonge va perdurer jusqu’en 1990, à la veille de l’effondrement de l’URSS...

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A droite, Nikolaï Iejov,
chef du NKVD de 1936 à 1938,
sera remplacé par Beria, son second
(à l’extrême-gauche).

Crime hors norme

Pour comprendre comment le crime de masse de Katyn a été commis, ce qui l’a rendu possible et ce qui a permis qu’il soit nié par ses responsables pendant près d’un demi-siècle, Cédric Tourbe et Olivia Gomolinski déroulent le fil d’une histoire qui débute à l’aube du régime bolchevique avec l’institution de la Tcheka en 1917. Chargée d’éliminer les oppositions, cette police secrète, qui officiera ensuite sous les noms de Guépéou, NKVD, puis KGB, va peaufiner, intensifier et masquer ses méthodes criminelles, des exactions de la guerre civile des années 1920 aux assassinats et déportations à la chaîne de la fin des années 1930. S’appuyant sur de précieuses archives – notamment celles, inédites, découvertes par l’historien Nikita Petrov, de l’ONG russe Memorial, sur les souvenirs d’officiers polonais réchappés du massacre de 1940, parmi lesquels Salomon Slowes, un médecin juif, et l’officier de réserve Jozef Czapski, un artiste peintre qui, après la guerre, témoignera devant la Chambre des représentants aux États-Unis –, et sur une riche iconographie (superbes illustrations de Thierry Murat), cette fresque historique met des noms et des visages sur les victimes et les responsables d’un crime hors norme, qui épouse l’histoire de l’Union soviétique, de la Pologne, de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre froide. Une somme exemplaire.

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Dans Littérature et politique (Flammarion, 2014), si vous regardez dans l’index des noms propres à « Staline », vous trouverez ces passages du Journal du mois publiés dans le JDD et ce que Sollers dit de la Pologne et de Katyn.

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Photogramme extrait de Katyn, 1940.

Le refus du Parlement européen de commémorer le massacre de Katyn irrite les députés polonais (Le Monde du 9 mars 2005) :

« M. Borrell [président socialiste du Parlement européen] a annoncé, lundi 7 mars, que la conférence des présidents du Parlement européen s’est refusée à cette commémoration, au motif qu’il n’est pas possible de consacrer des minutes de silence à tous les événements tragiques du passé, pour lesquels des demandes affluent. "Chaque jour, nous nous rendons compte que l’histoire de notre continent a été tragique, tourmentée. Et, chaque jour, nous aurons une commémoration triste à faire parce que l’Europe a été divisée par des conflits au cours desquels des millions de citoyens sont morts, a-t-il poursuivi. Nous avons une histoire actuelle, une histoire de réunification (...), nous devons renforcer la paix, la démocratie, les valeurs de l’UE, pour empêcher que ces événements du passé ne se reproduisent." »

POLOGNE

Journal du mois du 27 mars 2005 (Littérature et politique, p. 368-369)

Le Parlement européen vient de refuser la commémoration du massacre de Katyn où quatorze mille officiers polonais ont été exécutés par les Russes sur ordre de Staline, signé par lui le 5 mars 1940. Ce charnier a été découvert en avril 1943 et a servi à la propagande nazie. Il n’empêche : la version officielle mettait cette boucherie sur le dos de la barbarie allemande. Toutes les chancelleries étaient au courant, mais motus. Après l’étouffement de ce scandale par les communistes, les faits n’ont été reconnus qu’en 1992. Un témoin : « Jusqu’au début des années 1990, dire la vérité sur Katyn vous envoyait en prison. » L’Europe, donc, ne veut pas se souvenir de cette tragédie, et elle insulte par là la mémoire polonaise.
Des journalistes anglais ont retrouvé sur le tard un des principaux bouchers de Katyn, un certain Blokhin. À la fin de sa journée de tuerie (chaque fois une balle de revolver dans la nuque d’un Polonais), il était un peu fatigué. Il fallait donner à ses aides un supplément de vodka. Les bourreaux font un dur travail. Cela n’a pas empêché Sartre, « conscience de notre temps », de déclarer dans un moment lyrique, en 1954 : « La liberté de critique est totale en URSS. »
L’aveuglement sur la chose communiste a une longue histoire, notamment en France. On peut en voir les symp­tômes dans la correspondance entre Gide et Schiffrin [2] lors de la publication courageuse, par Gide, de son Retour d’URSS. Tout le monde (Schiffrin, Malraux) lui conseille de publier sous prétexte que cela ferait, à l’époque, le jeu du fascisme. Il l’a fait quand même sans se douter qu’il était encore très en dessous de la vérité. Stalinisme, fascisme, nazisme, on n’en sort pas, chacun désignant ses coupables selon ses propres refoulements familiaux ou personnels. C’est ainsi que des militants dévoués essaient, périodiquement, d’empêcher la lecture de Heidegger. Même chose pour Céline. Les procès sur les opinions et les personnes peuvent continuer longtemps, la question est de savoir quelles sont les œuvres qui restent. Ce ne sont pas forcément celles que désire la morale, c’est-à-dire la simplification à courte vue.

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Photogramme extrait de Katyn, 1940.

Katyn (1)

Journal du mois du 24 février 2008 (Littérature et politique, p. 576-577)

J’attends aussi, avec curiosité, le dernier film de Wajda sur le massacre de Katyn, en Pologne, qui a fait l’objet du plus grand mensonge de l’histoire. Staline, à l’époque, a commandé l’exécution de 22 000 Polonais, dont 4 000 officiers (l’élite aristocratique), tous assassinés d’une balle dans la nuque, travail épuisant, mené à grand renfort de vodka. On a fait passer cette horreur, pendant cinquante ans, pour un crime nazi, tout cela pour ne pas avoir d’ennuis avec les Russes (ne pas oublier que Roosevelt appelait Staline « Uncle Joe »). J’ai utilisé dans un roman, Le Secret, la confession hallucinante d’un des bourreaux à des Britanniques [3]. Il y a probablement encore des gens qui ne veulent rien savoir de ces atrocités commises dans un pays rayé de la carte par le pacte germano-soviétique, qu’il convient plutôt d’appeler stalinonazi. Le père de Wajda a été assassiné à Katyn. Sur ce sujet, donc pendant des années, lourd silence, énorme mensonge.

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Le début du film.

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LE FILM EN VO : 1ère partie2ème partie

Andrzej Wajda un cinéaste dans l’histoire.

Andrzej Wajda présente le début de sa carrière et la réalisation de trois films historiques majeurs : Katyn, l’Homme de marbre et l’homme de fer. Cette rencontre a été filmée à Varsovie en 2010 dans le cadre du projet Guerre froide et réconciliation en Europe.

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Katyn (2)

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Le 7 avril 2010, « les Premiers ministres russe et polonais se sont recueillis ensemble à Katyn, symbole du massacre de 22 000 officiers polonais par le régime de Staline. "Un crime ne peut être justifié d’aucune manière", a déclaré Poutine. "Un mot de vérité peut mobiliser nos deux peuples qui cherchent la voie de la réconciliation. Sommes-nous capables de transformer un mensonge en réconciliation ? Nous devons y croire", a de son côté déclaré Donald Tusk, tout en estimant que la Russie et la Pologne avaient encore "du chemin à parcourir vers la réconciliation."
"C’est un geste notable de la part de Poutine", a commenté Lech Walesa, chef historique du syndicat Solidarité, venu à Katyn avec des proches des victimes et des personnalités telles que le cinéaste Andrzej Wajda et le premier chef de gouvernement non-communiste à l’Est en 1989, Tadeusz Mazowiecki.
En signe d’ouverture en Russie, le film "Katyn" de Wajda, dont le père a été tué à Katyn, a été diffusé vendredi dernier sur la chaîne de télévision publique russe Koultoura.
Les relations polono-russes sont devenues difficiles depuis le choix résolu de la Pologne, satellite de l’URSS pendant un demi-siècle, de rejoindre le camp occidental avec l’adhésion à l’Otan en 1999 et à l’Union européenne en 2004. » (Cf. France 24 d’après AFP.). Sans commentaire.

Journal du mois du 25 avril 2010 (Littérature et politique, p. 659-660)

J’ai fait mon enquête : presque personne ne savait jusqu’à ces derniers jours ce que signifiait exactement le nom de Katyn. C’est un des plus gros mensonges de l’Histoire, qui, pourtant, en compte beaucoup. C’est à Katyn que Staline a fait exécuter 22.000 prisonniers polonais d’une balle dans la nuque, en 1940. Ce crime, attribué par les Russes aux Allemands, a été couvert par les Alliés, comme dans un placard morbide. Staline, que Roosevelt appelait familièrement « Uncle Joe », avait soigneusement choisi ses victimes : toute l’élite polonaise décapitée, 7000 corps encore non identifiés aujourd’hui. De même que les nazis ont perpétré un génocide de race, de même les Russes se sont employés à fabriquer un génocide de classe. Ajoutez à cela, en 1944, l’armée Rouge restant bras croisés au bord de la Vistule, pendant que les nazis réprimaient l’insurrection polonaise de Varsovie (200.000 morts), et vous comprendrez mieux, après le crash de l’avion du président polonais, le choc et l’émotion d’une nation entière.

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Pologne : les brûlures de l’Histoire


Commémoration du massacre de Katyn en 1940 au cours duquel plusieurs milliers de Polonais furent abattus par la police politique de l’Union soviétique, en avril 1989 en Pologne.
Crédits : Getty. ZOOM : cliquer sur l’image.
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Concordance des temps, par Jean-Noël Jeanneney (15-09-2018)

Une loi mémorielle impose aux citoyens polonais depuis fin janvier 2018 une vision spécifique du passé. Cette loi a attiré l’attention de l’Europe entière sur la complexité des relations que ce pays entretient avec son passé et sur les controverses ardentes qu’elles suscitent.

Invité : Jacques Rupnik.

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Découverte du massacre de Katyn, "France Actualités", le 7 mai 1943, suivi d’une interview de Bronislaw Geremek lors de la reconnaissance de ce massacre par l’URSS, le 3 avril 1990.

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« C’est toujours, nous le savons bien, un sujet de curiosité, de réflexion et souvent d’inquiétude, que la manière dont une société et ses gouvernants malaxent le passé pour le faire servir à des desseins contemporains. Il s’agit au premier chef de ces fameuses lois mémorielles qui se mêlent d’imposer aux historiens, aux journalistes et en somme à l’ensemble des citoyens une vision spécifique de ce qui fut, au service de ce que l’État voudrait faire de la nation, à plus ou moins bon escient.

Au début de 2018, en Pologne, une loi a été adoptée, punissant d’un maximum de trois ans de prison "l’attribution à la nation ou à l’État polonais, en dépit des faits, la responsabilité ou la coresponsabilité des crimes nazis" commis contre les Juifs pendant la guerre. La loi a été ensuite adoucie, mais elle a attiré l’attention de l’Europe entière sur la complexité des relations que ce pays entretient avec son passé et sur les controverses ardentes qu’elles suscitent.

Tel est donc notre sujet d’aujourd’hui. Nous allons traiter des brûlures de l’Histoire en Pologne, non sans élargir notre curiosité vers un passé bien antérieur à la Seconde guerre mondiale, jusqu’aux multiples malheurs dont le peuple et son territoire ont été frappés à travers les siècles et qui ont laissé naturellement des traces profondes.

J’aime à vous faire profiter, à cette fin, de la compétence rare de Jacques Rupnik. Directeur de recherches au Centre d’études internationales de Sciences Po, le CERI, il est aussi professeur invité au fameux Collège d’Europe de Bruges. Il est un excellent connaisseur de l’ensemble de l’Europe centrale et de l’Europe de l’Est et, avec lui, nous ne nous interdirons certainement pas d’élargir la focale au-delà de la seule Pologne vers les pays alentour. France Culture fait souvent appel à sa compétence. Mais aujourd’hui, il est ici. Tant mieux ! » — Jean-Noël Jeanneney

Programmation sonore :

Lecture d’une lettre de Stephen Pichon, Ministre des Affaires étrangères de Clemenceau, datée du 23 février 1919, adressée à Ignace Paderewski, Ministre des Affaires étrangères polonais, diffusée le 30 novembre 1968.
Chanson « Les Adieux des chasseurs à cheval de la Garde Impériale aux Lanciers polonais » (1814-1815), par Aimé Donat.
Lecture du discours de Joseph Pilsudski aux représentants des partis de la Diète, prononcé le 29 mai 1926, par André Seweryn, le 24 décembre 1982.
Découverte du massacre de Katyn, "France Actualités", le 7 mai 1943, suivi d’une interview de Bronislaw Geremek lors de la reconnaissance de ce massacre par l’URSS, le 3 avril 1990.
Varsovie fête l’achèvement de la reconstruction de son centre historique, "Les Actualités françaises", le 27 août 1953.
Reportage à Gdansk sur une manifestation interdite qui commémorait les morts des émeutes de 1970, Antenne 2, le 16 décembre 1982.

Bibliographie :

Jacques Rupnik, L’autre Europe, crise et fin du communisme, Odile Jacob, Points Seuil, 1993.
Jacques Rupnik, Les Européens face à l’élargissement : perceptions, acteurs, enjeux, Paris, Presses de Sciences Po, 2004.
Daniel Beauvois, La Pologne. Des origines à nos jours, Seuil, 2010.
Daniel Beauvois, La Pologne : histoire, société, culture, Éditions de La Martinière, Paris, 2004.Réédité en 2005.
Daniel Beauvois, Jerzy Kłoczowski et Yves-Marie Hilaire, Regards sur l’indomptable Europe du Centre-Est du XVIIIe siècle à nos jours, Revue du Nord, Paris, 1996.
Roger Portal, Irène Jacqz, Bronisław Geremek, Jean Hugonnot, « La Pologne des origines à nos jours », dans Les Cahiers de l’Histoire, no 44 (spécial), mars 1965.

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LIRE :
Le secret de Philippe Sollers
Andrzej Wajda : Une leçon de cinéma
ET SUR WIKIPEDIA : Massacre de Katyń
VOIR AUSSI SUR PILEFACE :
Le combat spirituel (Le Coeur Absolu)
Jan Karski, notamment Jan Karski ou Le Cavalier polonais

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[1Le général soviétique Dimitry Stepanovitch Tokarev, qui commandait alors le NKVD de Kalinin et avait directement participé à l’opération, acceptera de livrer son témoignage en 1990.

[2André Gide et Jacques Schiffrin, Correspondance 1922-1950, Gallimard, Quarto, 2005.

[3Lire plus haut.

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