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Le nouveau philosophe de Fragonard

Le "Philosophe lisant" aux enchères

D 30 juin 2021     A par Viktor Kirtov - C 2 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


On connaît surtout Fragonard pour ses sujets féminins et libertins dont Philippe Sollers a rendu compte dans son livre « Les surprises de Fragonard » et la Frick Collection en conserve de beaux spécimens : les panneaux refusés par Madame du Barry.

Aujourd’hui, un chef d’œuvre d’une tout autre nature représentant un « Philosophe pensant » récemment exhumé par un commissaire priseur à l’occasion d’un inventaire de succession a été proposé aux enchères.

Le Philosophe lisant aux enchères

Il était tombé dans l’oubli pendant plus de deux cents ans

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Ce samedi 26 juin [2021, à Épernay (Marne), Me Antoine Petit a dévoilé un Philosophe lisant, par l’un des peintres français majeurs du XVIIIe siècle, Jean-Honoré Fragonard (1732-1806).


Fragonard, Le Philosophe lisant, « version Epernay »
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Un tableau peint entre 1768 et 1770, dans la « période la plus virtuose » de cet artiste emblématique du XVIIIe siècle. La toile, disparue depuis près de deux siècles et demi, une toile ovale, de 45,8 centimètres sur 57, a été mise en vente à 1200000euros. . « Un événement unique dans la profession », se réjouissait le commissaire-priseur qui orchestraitl a vacation à l’occasion de ses quarante ans de marteau. Elle a finalement été vendue 7,68 millions d’euros, avec les frais d’achat de22%.

Il s’agit « du troisième prix le plus important » atteint par une œuvre de cet artiste, a fait savoir Stéphane Pinta, expert au cabinet Turquin, et qui avait authentifié le tableau. L’œuvre a été acquise par un collectionneur privé, alors que sept enchérisseurs se sont manifestés, tous par téléphone, autant depuis la France que depuis l’étranger. Si l’identité (et donc la nationalité) de l’acquéreur reste confidentielle, le tableau, lui, « devrait probablement rester en France », a avancé M.Pinta.

« Une histoire comme le marché de l’art les aime »

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« Fragonard est l’un des cinq grands monstres sacrés de la peinture française du XVIIIe siècle (…) On attendait évidemment un prix très important pour ce tableau extraordinaire, dans un état de conservation parfait, avec un sujet rare, très intelligemment composé et complètement inédit sur le marché », commente M.Pinta.

« Le tableau correspond à sa plus belle période, deux ans pendant lesquels il est au top de son génie. (…) Et [la peinture] n’avait quasiment jamais été nettoyée, jamais rentoilée : [elle] est sur sa toile, son châssis et son cadre d’origine », fait en outre observer l’expert.« Ce tableau dormait dans une maison, et personne ne l’avait touché. C’est une histoire comme le marché de l’art les aime. (…) Toutes les planètes étaient alignées pour avoir une enchère intéressante », conclut Stéphane Pinta en souriant.

L’œuvre avait un temps appartenu au miniaturiste Pierre Adolphe Hall, ami du peintre Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), puis elle était sortie des radars pendant deux siècles, avant d’être récemment redécouverte par le commissaire-priseur Antoine Petit lors d’un inventaire de succession.

Ce Philosophe lisant se trouvait dans le salon d’une propriété de la Marne, et était « dans la même famille depuis plusieurs générations » sans que les propriétaires en connaissent l’origine ou la valeur, raconte Me Antoine Petit dans le dossier de presse. Lorsqu’il la « décroche pour l’examiner », le professionnel constate immédiatement « l a touche manifestement experte », les « coups de pinceau incroyablement francs », mais, surtout, une inscription ancienne au revers du cadre en bois doré : « Fragonard ».


L’inscription ancienne au revers du cadre en bois doré : « Fragonard ».

« Touche rapide et légère »

(Re)découverte en début d’année lors d’un inventaire de succession dans un appartement de la Marne, l’œuvre fut conservée de génération en génération par une même famille issue de l’aristocratie française du XVIIIesiècle. Au fil des ans, le fil s’est rompu et l’attribution… oubliée. Parmi les nombreux bibelots et tableaux accrochés dans le salon, Me Antoine Petit repère une toile originale, de forme ovale – peu commun pour les tableaux français de cette époque – accrochée en hauteur. Mué en détective, le commissaire-priseur scrute le tableau, très sali par les années et son cadre ancien en bois. Au revers de ce dernier, il distingue une inscription à l’encre fine, à peine lisible et passée inaperçue par ses propriétaires. Celle-ci affiche : « Fragonard ». Un bel indice pour le spécialiste qui confie sa trouvaille au cabinet d’expertise en art ancien Éric Turquin pour authentification. Après un examen approfondi de l’œuvre, les experts confirment l’attribution à Jean-Honoré Fragonard et situent la réalisation de la toile entre1767 et1770.

L’expert Eric Turquin souligne « l’exécution brillantissime [qui est celle de] Fragonard, une touche très rapide, très légère ». Une légèreté« qui est l’esprit des Lumières ».

« La Révolution va détester ces tableaux-là, note M.Turquin.Pendant la Révolution, l’Empire –ces périodes de guerre–, on a cherché des modes d’expression plus violents, plus brutaux. » Les artistes comme Fragonard « perdent alors leur valeur », analyse-t-il.

Agé d’une quarantaine d’années au moment de sa réalisation, Fragonard s’octroie ici « une grande liberté » d’exécution, fait remarquer Stéphane Pinta. Appliquée très rapidement, la peinture semble « modelée, sculptée dans la matière, parfois même directement avec le doigt ».


Détail de la toile. © Artcento

Le tableau disparu de Fragonard est documenté pour la dernière fois en 1779 lors de la vente aux enchères dite « du graveur de Ghent », où plusieurs de ses œuvres furent cédées. Mis à l’encan ce samedi, il représente un vieillard, en tenue négligée, les cheveux en bataille et comme surpris dans son activité de lecture, espionné à travers une fenêtre. Le peintre se réapproprie ici le thème du philosophe à sa table de travail, qu’il emprunte à Rembrandt, et développé à la Renaissance avec les figures de saint Grégoire et saint Jérôme peintes par Ghirlandaio ou Botticelli. Il délaisse ainsi les sujets qui ont fait sa renommée lorsqu’il se consacrait à des thèmes jugés plus légers, tels que les fêtes galantes ou des sujets libertins et frivoles, empreints d’érotisme. Une période peu connue de Fragonard, et donc très recherchée sur le marché de l’art, d’autant plus que l’œuvre a conservé depuis près de deux siècles sa toile et son châssis d’époque, chose très rare pour les tableaux anciens.


Détail de la toile. © Artcento

Crédit : Le Monde avec AFP, 26/06/ 2021

Lepoint.fr (Arthur Frydman), 27/06/2021

« Un tableau similaire à la Kunsthalle de Hambourg  »

Loin des sujets féminins et libertins, qui avaient fait sa renommée, (Voir « Faire l’amour et Fragonard » par Dominique Rolin) Fragonard s’intéresse aussi à la figure de l’homme mûr, qu’il abordera dans neuf autres portraits, « dans la lignée des portraits pittoresques de vieillards, (…) appréciés par les peintres hollandais du XVIIe siècle –et en premier lieu Rembrandt, que Fragonard admire », analyse encore le cabinet Turquin.

Un tableau similaire est par ailleurs conservé à la Kunsthalle de Hambourg (Allemagne). Il représente lui aussi un philosophe, peint sur le même type de format ovale.

Une copie du tableau de la Kunsthalle de Hambourg ?
Non, une variante certes proche, mais différente dans le détail. Voici une reproduction du tableau de Hambourg.


Fragonard, Le Philosophe lisant, Kunsthalle de Hambourg
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Fragonard, Version Epernay à g. / Version Hambourg à d. (détail).
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Et si nous comparons la version d’Epernay (détail à gauche) qui vient d’être vendue à la version de Hambourg (détail à droite) les différences sont flagrantes, notamment :

- portrait de profil à gauche, de trois quarts à droite

- Plusieurs pages sont enroulées à la base du livre, à gauche, pas à droite

- l’inclinaison du livre

- le soin apporté aux plis de la manche du philosophe dans la version d’Epernay

En outre les dimensions du tableau sont différentes :

45,8 x 57 cm indiqué pour la version d’Epernay
59 x 72,2 cm mentionné sur la fiche technique du musée de Hambourg qui précise en outre « réalisé entre 1764 et 1769 »

Le tableau d’Epernay est le petit frère de celui de Hambourg selon l’expert Stéphane Plata (Le magazine des enchères)

Représentant Un philosophe lisant, la toile a été peinte autour de 1768-1770 alors que Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) est à l’apogée de sa carrière. L’artiste délaisse les sujets féminins et libertins qui ont fait sa renommée, pour s’adonner à un thème qui lui tient particulièrement à cœur : la lecture. « Ce tableau est le petit frère d’une œuvre représentant également un philosophe et conservée au Kunsthalle d’Hambourg, détaille l’expert du cabinet Turquin Stéphane Pinta. Il s’inscrit dans la période des figures de fantaisies, un moment de grâce au cours duquel Fragonard, alors âgé d’une quarantaine d’années, s’octroie une grande liberté dans l’exécution de ses toiles. Affranchis de l’extrême minutie du style rococo, ses coups de pinceau sont rapides, sûrs et très expressifs. Cette grande spontanéité est la marque d’un réel plaisir de peindre.  »

Rendant hommage aux grands maîtres, Fragonard démontre avec cette toile sa grande virtuosité technique. Il adopte la touche fougueuse des peintres italiens, tel Tiepolo, use de blancs vibrants et lumineux qui évoquent les tons crémeux des toiles de Chardin et recourt à un jeu de clair-obscur, dans la lignée des peintres hollandais du XVIIe siècle. « On pense aux “trognies” du XVIIe siècle, ces hommes mûrs, barbus et chauves, dont la blancheur des cheveux permet de capter la lumière. Fragonard a en tête les tableaux de Rembrandt et représente ici un philosophe lisant qui semble être en train de vérifier si le texte qu’il a sous ses yeux correspond bien à sa retranscription.  » La matière s’affirme au gré de coups de brosse francs et exaltés. « Le tableau est peint avec ce que les Goncourt appelaient la “balayure furibonde” de Fragonard, poursuit l’expert. On imagine l’artiste, avec son grand pinceau, griffer véritablement la matière. La peinture semble ici modelée, sculptée dans la matière, parfois même directement avec le doigt. » Au sommet de sa carrière, Fragonard travaille à la hâte, ne ménage aucune transition pour passer de l’ombre à la lumière et juxtapose les couleurs les unes aux autres. Un souffle créateur qui se tarira dans les années 1780, avant que David ne mette un terme à cette fougue picturale.

Diane Zorzi

Crédit : Le magazine des enchères, 29/06/2021

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La version d’Epernay selon La Gazette Drouot

La virtuosité de Fragonard, son « faire » rapide et envolé rendent compte d’un besoin irrépressible de peindre ou de dessiner. Si l’artiste n’avait pas été peintre, il aurait été sculpteur. Il tournoie ici autour de sa figure conçue en ronde bosse grâce à un sens incomparable de la lumière, et en maniant la matière généreuse comme un sculpteur le ferait avec de la glaise. La présence de traces de ses doigts n’est pas anodine et rend compte de cette jouissance, du plaisir de se confronter avec fougue à la couleur qu’il pose avec énergie ou sur laquelle il revient, au besoin, en retournant son pinceau pour apposer avec la hampe trois petits griffoni. Il modèle avec volupté les formes virevoltantes– que dire du traitement aérien des plis de l’habit ?–, il encense son sujet qu’il inscrit dans une dynamique prodigieuse. L’œuvre incarne le bonheur de peindre, l’exaltation et l’ardeur. Certes. Attention néanmoins à ne pas être dupe, car cet enivrement exceptionnel et magique n’est en aucun cas un élan spontané ou hasardeux, mais bien le fruit d’une réflexion mûrie, d’une culture vive d’allusions subtiles, destinées à une société extrêmement cultivée. Fragonard fixe un instant. Son esthétique veut que cet instant pictural ait son éloquence particulière, qu’il retienne le point aigu d’une situation fugitive. Si le Philosophe deHambourg découvre, presque ahuri, une pensée ou une image, celui-ci, avec une sagesse et une sérénité surprenantes, vérifie page après page– les deux ou trois premières feuilles sont enroulées – ses écrits. Grâce au camaïeu de jaune, le personnage fait corps avec les livres et le manuscrit. Le désir et l’effort d’authenticité — constituant l’un des pôles majeurs de la pensée du XVIIIe siècle et passant ici par ce travail sur la couleur — permettent à Fragonard du même coup de traduire l’éternelle quête de savoir du siècle des Lumières et de l’Encyclopédie. Au fond, c’est l’une des images les plus riches de son temps dont nous avons été privés durant plus de deux siècles et demi. Oubli désormais réparé.

Carole Blumenfeld

gazette-drouot.com, 26 juin 2021


Fragonard et ses têtes de vieillard chauve et barbu

Un thème repris et repris

« Le Philosophe lisant » de Fragonard vendu aux enchères d’Epernay et la version de Hamboug nous montrent un visage d’homme âgé, chauve et barbu.
Un thème que l’on retrouve dans d’autres tableaux de la même époque - voire le même visage - ainsi dans « Tête de vieillard » à Amiens, musée de Picardie dont la date d’exécution serait 1766-1769 et ses dimensions : 54 x 45 cm. Il fait l’objet d’une notice intéressante dans la base « Joconde », des collections des musées de France, une ressource à découvrir.


Fragonard, Tête de vieillard, 1766-1769, Amiens, musée de Picardie
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Une autre « Tête de vieillard » - le même visage – est aussi exposée au musée Jacquemard André (datation : vers 1765). Une huile sur toile de dimensions 53 x 42 cm (voisines de la toile d’Amiens).


Fragonard, Tête de vieillard, vers 1765, Musée jacquemart-André
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Dans la même veine bien que la barbe ne soit pas blanche, et le traitement différent, on pourrait aussi ajouter le « Portrait d’homme en costume espagnol » de l’Art Institute of Chicago. Une toile datée de 1768-1770, un peu plus récente donc, et de dimensions plus grandes : 80 x 65 cm)


Fragonard, Portrait d’homme en costume espagnol , 1768-1770 , Art Institue Chicago
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Pourquoi ces inflexions à ses thèmes galants de prédilection ?

En examinant la biographe de Fragonard, on peut note r :

1) que ces œuvres sont postérieures au retour d’Italie où Fragonard a effectué son « Grand Tour » traditionnel des artistes de l’époque. A cette occasion, il résidera à l’Académie de France à Rome jusqu’en avril 1761 et y est notamment influencé par le peintre Tiepolo et le style baroque de Pierre de Cortone. Jean-Claude Richard de Saint-Non devient, à cette époque, son protecteur et principal commanditaire. Il quitte dès lors la Ville éternelle pour la France après avoir achevé en septembre un long périple qui l’a vu traverser les villes de Florence, Bologne et Venise notamment.

2) Fragonard aspire à entrer à l’Académie

S’essayer à des sujets classiques, de ceux qu’il a pu admirer en Italie, pourrait être de nature à influencer favorablement l’académie, bien qu’il n’explore cette voie que de façon marginale.

Néanmoins, en 1765, son tableau « Corésus et Calirrhoé » [1], commandé pour la manufacture des Gobelins pour la tenture des amours des dieux, le fait entrer à l’Académie. Mais, désespérant d’atteindre au premier rang dans ce genre classique, il le quitte pour le genre érotique, dans lequel ses toiles galantes obtiennent le plus grand succès auprès de la Cour licencieuse de Louis XV. Il devient bientôt le peintre à la mode, peint des paysages illusionnistes et des portraits puis des tableaux de cabinets.

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La notice de la Base Joconde pour « Tête de vieillard » du musée de Picardie à Amiens

Ce visage d’homme âgé, chauve et barbu, n’est en rien un portrait. Il s’agit plutôt d’une simple tête, prétexte à une recherche picturale et au rendu d’une expression, dans laquelle on a voulu reconnaître parfois l’effigie d’un saint Pierre, hypothèse fort incertaine.

On connaît dans l’oeuvre de Fragonard un nombre assez important de ces têtes de vieillards qui semblent se répartir sur un peu moins d’une décennie, entre 1761, date de son retour d’Italie, et jusqu’au début de la période où l’on croit pouvoir situer l’exécution de la fameuse série des Figures de fantaisie (1766-1772).

A l’inverse de celles-ci, les vieillards de Fragonard ne forment pas un cycle aussi homogène mais plutôt des expériences ponctuelles, et Pierre Rosenberg distingue le buste du musée Jacquemart-André à Paris, exécuté dans une manière qui évoque Tiepolo (1696 - 1770) et semble proche du séjour vénitien de 1761, et les têtes de Nice (Musée Chéret), Hambourg (Kunsthalle) et Amiens, qu’il situe plutôt à une date voisine de 1766, la série s’achevant avec une ultime figure (Paris, collection particulière) réalisée peu avant 1770.

Bien entendu, dans ce magnifique tableau, Fragonard fait preuve à nouveau de son admiration pour Rembrandt (1606 - 1669) et l’on perçoit l’influence de celui-ci à la fois dans le thème, la décision de la touche et le jeu de la lumière. Même si la dimension philosophique du maître d’Amsterdam ne trouve pas ici d’équivalent, car Fragonard veut avant tout faire montre de son extraordinaire aisance picturale, de sa dextérité à manier la brosse, de son bonheur de peindre, il semble cependant que le regard scrutateur de ce vieil homme, à la fois sévère et mélancolique, ne soit pas dénué d’une dimension de réflexion et d’émotion.

Ne négligeons pas ici l’attention portée par notre artiste à certains peintres italiens du XVIIe siècle tels Guido Reni (1573 - 1642) ou Guerchin (1591 - 1666). Ce qui frappe dans cette toile c’est son incroyable facture, dont Rosenberg (cat. exp. Paris, New York, 1987-1988, pp. 202, 208) parle si éloquemment à propos de cette série en évoquant

"cette belle pâte maniée avec tant d’assurance, (...) cette vitalité du pinceau qui plie le modèle aux exigences de l’artiste, (...) cette vie donnée à la matière picturale"

et il ajoute que :

" rarement, l’emprise de la matière picturale sur le sujet a été aussi éclatante".

Et Jean-Pierre Cuzin (1987, p. 134) d’ajouter :

"Ces pochades désinvoltes constituent en fait l’éblouissante synthèse de toute la culture visuelle des peintres de l’époque : dans leurs accoutrements hors du temps, ces personnages aux frontières de la vie gagnent un paradis de la peinture où Bologne, Venise et Amsterdam se réconcilient joyeusement."

Lorsqu’il peint cette toile, Fragonard vient d’être agréé à l’Académie (1765) avec Corésus et Callirhoé (Paris, musée du Louvre), qui a obtenu un immense succès (et où apparaissent justement plusieurs figures de vieillards). Mais l’artiste tourne bien vite le dos à une carrière officielle : il préfère se consacrer à son art, ainsi qu’à une clientèle choisie d’amateurs éclairés.

Notice de Matthieu Pinette

Base Joconde
Base « Joconde »,

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2 Messages

  • Viktor Kirtov | 1er juillet 2021 - 15:35 1

    Ajout de la section « Fragonard et ses têtes de vieillard chauve et barbu »
    - Un thème repris et repris
    - Pourquoi ces inflexions à ses thèmes galants de prédilection ?
    - La notice de la Base Joconde pour « Tête de vieillard » du musée de Picardie à Amiens.
    C’est ICI


  • Albert Gauvin | 30 juin 2021 - 10:25 2

    Il s’en passe des choses dans la Marne... Voilà qui complète à merveille les informations que je donnais le 27 février 2020 et le 29 mars 2021 dans un article sur le Philosophe inconnu d’un roman nommé Désir.