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Alain Rey, le roi des mots et des dicos est mort

D 28 octobre 2020     A par Viktor Kirtov - C 4 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Point final pour un bon vivant du langage [1], Alain Rey, le roi des mots et des dicos, linguiste et lexicographe, auteur du Dictionnaire amoureux des dictionnaires (éditions Plon), est décédé dans la nuit du mardi au mercredi 28/10/2020 à 92 ans.

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Alain Rey croqué par Riad Sattouf en couverture de l’édition 2020 du Petit Robert
ZOOM : cliquer l’image
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La langue française est notre bien commun, notre maison.
Alain Rey

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Le 13/14 de France Inter du jour

Alain Rey avait été la voix d’Inter, le matin, pendant plus de 10 ans, de 1993 à 2006. J’aimais ces chroniques érudites et vivifiantes : il faisait vivre les mots avec gourmandise.
Par Hélène Roussel

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Le communiqué de l’AFP

• afp,
• le 28/10/2020


Alain Rey le 18 février 2002 dans son bureau à Paris / AFP/Archives
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« Ame » des dictionnaires Le Robert, Alain Rey, décédé à Paris dans la nuit de mardi à mercredi 28/10/2020 à l’âge de 92 ans, a dépoussiéré la lexicographie, donnant vie et couleurs aux mots et considérant ses « dicos » comme des observatoires, et non des conservatoires, de la langue française.
Longs cheveux blancs, moustache, chemises rayées et cravates bariolées, ce petit homme à l’allure de professeur Tournesol était à la fois un érudit et un aventurier du vocabulaire, volontiers facétieux.
Linguiste, philosophe du langage, sans autre diplôme qu’une licence de lettres et un certificat d’études supérieures en histoire de l’art, il était plus proche du truculent Rabelais (1494-1553) que du classique Malherbe (1555-1628), obsédé par la pureté de la langue.
Il fut pendant des années chroniqueur sur France Inter avec « Le mot de la fin », sur France 2 avec « Démo des mots » et souvent invité du Petit Journal de Canal+.


Alain Rey le 18 février 2002 à Paris / AFP/Archives
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Il a publié, outre les dictionnaires Le Robert (des ouvrages collectifs, soulignait-il), une trentaine de livres sur le langage.
Parmi ceux-ci, figurent « Dictionnaire amoureux des dictionnaires », « Le Français, une langue qui défie les siècles », « Dictionnaire amoureux du Diable », des biographies de Littré et Furetière, des essais sur le théâtre et la BD.
Il a aussi écrit de nombreux articles de linguistique, de critique littéraire (dans le Magazine littéraire), de sémiotique.
- « Grande +métisserie+ » -
« On appauvrit la langue à vouloir l’épurer », écrivait-il dans « L’amour du français/Contre les puristes et autres censures de la langue » (2007), tendant la main « à ceux qui, de Rabelais à Céline, des écrivains baroques aux modernes terminologues, ont contribué à ses vertus les plus précieuses : sa richesse et sa mobilité ».


Alain Rey pose le 28 octobre 2015 à Paris / AFP/Archives
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Parlant de « grande +métisserie+ », il insistait sur la créolisation dont résulte le français (latin parlé, celte, germain) et sur l’apport constant d’éléments extérieurs (italien, espagnol, etc).

« Le Petit Robert veut combattre le pessimisme intéressé et passéiste des purismes agressifs comme l’indifférence molle des laxismes. Le français le mérite », notait-il en postface du Petit Robert 2007.

Alain Rey s’intéressait aux langues régionales, à l’argot et, contre l’Académie française, défendait la féminisation des noms de métier. Maurice Druon, ancien secrétaire perpétuel de l’institution, lui reprochait de « ramasser les mots dans le ruisseau ».
Il convenait aisément que ses dictionnaires n’ont jamais eu pour mission de dire le bon usage de la langue, lequel revient uniquement aux « Immortels ».

Pour lui, les mots témoignent des changements de pratiques et des évolutions des mœurs. « Quand le terme »selfie« revient à des millions d’occurrences, on ne peut pas faire comme s’il n’existait pas. Mais cela crée parfois la polémique », admettait-il en 2015.

Sur l’orthographe, ses positions en faisaient bondir certains puisqu’il estimait que, souvent, « la faute d’aujourd’hui est la norme de demain ».
- Un faible pour les « smileys » -
Il n’était pourtant pas un « moderne » béat. Par exemple, il détestait « les anglicismes de passivité » (quand on n’a pas cherché à donner un équivalent), écrivait à la main, avait un téléphone portable mais n’envoyait pas de SMS. Cela dit, il aimait bien les « smileys » : « c’est le retour à la pictographie, état préalable à l’écriture proprement dite ».

En 2016, il avait publié une nouvelle édition de son Dictionnaire historique de la langue française, plein d’humour et d’érudition, dans lequel il se faisait un plaisir d’« écrapoutir » - mot hélas peu usité qui signifie « mettre en bouillie »- les « spoiler » et autres « burn out ».

Alain Rey est né le 30 août 1928 à Pont-du-Château (Puy-de-Dôme) où la bibliothèque porte son nom depuis 2007. Son père, polytechnicien, était directeur commercial. Après un passage par la Sorbonne, il effectue son service militaire parmi les tirailleurs tunisiens.

En 1952, il répond à une annonce parue dans le Monde : un certain Paul Robert, alors avocat, veut lancer un dictionnaire alphabétique. Il est engagé.
A partir de 1964, c’est lui qui dirige les dictionnaires de la jeune maison d’édition, lesquels seront plus tard de grands succès comme « Le Petit Robert », « Le Grand Robert » (9 volumes), « Le Dictionnaire historique de la langue française » ou « Le Dictionnaire culturel en langue française » (4 volumes).
Lauréat de nombreux prix, il a enseigné aux Etats-Unis (dans l’Indiana) et à la Sorbonne.

Alain Rey a été marié avec la grande lexicographe et sémiologue Josette Rey-Debove, pilier des éditions Le Robert, décédée en 2005. Le couple n’avait pas eu d’enfants. Il s’était remarié en 2008 avec Danièle Morvan, autre dirigeante de la maison d’édition qui constitua, toute sa vie, son ancrage public et privé.

Alain Rey et Philippe Sollers invités de Pascale Clark (2012)

Emission "Comme on nous parle" (France Inter)
mercredi 27 juin 2012
par Pascale Clark

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Alain Rey
"Trop forts, les mots !" - Milan
Philippe Sollers
Dernier livre paru : "L’éclaircie" - Gallimard
A paraître en Octobre : "Fugues" - Gallimard
Programmation musicale :
Camille - "Que je t’aime"
Benjamin Biolay - "Mon amour m’a baisé"

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Entretien avec Patrick Cohen (France Inter, 2011)

Réécoutons Alain Rey alors qu’il répondait aux questions de Patrick Cohen et des auditeurs dans Interactiv’ sur France Inter (08h40 – 4 mars 2011).


[1Christine Siméone (France Inter)

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4 Messages

  • Albert Gauvin | 7 novembre 2020 - 16:59 1

    En hommage à Alain Rey, disparu le 28 octobre 2020 à 92 ans, Jean-Noël Jeanneney propose cette rediffusion d’une émission à laquelle le linguiste participait le 7 avril 2007 : Concordance des temps.


  • Viktor Kirtov | 4 novembre 2020 - 11:45 2

    Capté sur le site suisse 1Dex

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    (PAR L’EPISTOLERO)

    Alain Rey c’est la source de tous ses mots.
    Hier, clin d’œil. Aujourd’hui, clin deuil.

    Et suivait un hommage à Alain Rey


  • Oreste | 29 octobre 2020 - 23:42 3

    Le récit de A. Rey est intéressant mais c’est oublier qu’en araméen Abra Cadabra signifie "je crée selon ce que je dis". Inutile donc d’invoquer le Arba’ (quatre).


  • Viktor Kirtov | 29 octobre 2020 - 18:51 4

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    C’était à l’occasion de la parution de la nouvelle édition du Dictionnaire Historique de la langue française, l’histoire de mots racontées par Alain Rey. A commencer par A comme ABRACADABRANTESQUE (Dictionnaire Historique de la langue française Nouvelle édition augmentée publiée en 2016)
    Un dictionnaire unique au monde, à lire comme un roman –
    Plus de dix siècles de voyage dans la langue des idées, des cultures et des sociétés –
    L’histoire détaillée de 60 000 mots Pour chaque mot : son étymologie, son entrée repérée et datée dans la langue, ses évolutions de forme, de sens et d’usage au cours des siècles –
    Des schémas pour retrouver la généalogie des mots, souvent inattendue - Des articles de synthèse qui apportent un éclairage sur le français et toutes les langues qui l’ont influencé - Un regard sur les périodes clés des évolutions de la langue de la Renaissance à l’ère du numérique et jusqu’à l’actualité du XXIe siècle sous l’angle du français parlé sur les cinq continents