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En compagnie de Boris Vian

Poème "Je voudrais pas crever" et +

D 16 mars 2020     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Boris Vian (10 mars 1920 – 1959) aurait cent ans, mais il est mort à 39 ans. Dès l’âge de douze, treize ans, il se savait atteint d’une malformation cardiaque, avec une espérance de vie brève..

Raison de plus, pour lui, de mener une vie frénétique, dense et jouer, à plein, de ses talents multiples : ingénieur à ses débuts, jazzman la nuit et critique pour « Jazz Hot », traducteur, poète, parolier et chanteur, écrivain. Conscient de la précarité de son existence, on en trouve trace dans le texte que nous avons choisi en final – « Je voudrais pas crever » - Serge Reggiani l’a chanté. Il est aussi l’auteur de la chanson « Le Déserteur », sûrement la chanson la plus connue de Boris Vian.
Il laisse une empreinte indélébile. Replongez dans l’air de son temps avec la reprise du spectacle « Vian par Debout sur le zinc » dont nous présentons ici, la vidéo.

Portrait de Boris Vian

Boris Vian, le jazz et Saint-Germain – 1948

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Boris Vian, Jazz à Saint-Germain-des-Prés
Edition vinyle limitée à l’occasion du centenaire de Boris Vian.
Disponible en prévente sur diggersfactory.com
En magasins et sur boutique.ina.fr le 17 janvier 2020
Prix de vente : 20 €
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Il était une fois Saint-Germain-Des- Prés

Si Boris Vian est intervenu à maintes reprises sur les ondes, rares sont les traces de ses prestations musicales live dans les cabarets de Saint- Germain-des-Prés. Ce disque vinyle permet d’entendre non seulement quelques-unes de ses fameuses chansons caustiques, mais aussi et surtout le Boris Vian musicien de jazz, figure de proue du mythique Tabou.
Ne s’étant jamais considéré comme un professionnel mais comme un simple amateur, Boris Vian était pourtant parvenu à acquérir, en autodidacte, une totale maîtrise de sa trompette et de sa chère « trompinette ». Son jeu, alliant vélocité et swing, nous transporte dans le monde insouciant et festif de la rive-gauche d’après-guerre pour la majeure partie de ce disque puis dans les années 50 par ses interprétations de certaines de ses chansons les plus connues.

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« J’avais environ treize ans, j’aurais voulu être clarinettiste de jazz, comme Johnny Dodds » déclarait Philippe Sollers dans une série d’entretiens à la Radio Suisse Romande, à propos de son livre Les Voyageurs du Temps et de sa relation au jazz.

Reprise du spectacle « Vian par Debout sur le zinc »

enregistré le 24 janvier à l’Espace Boris-Vian des Ulis (80 min), l

diffusé le 14 mars 2020 sur France 5.

Si vous avez un peu de temps, remontez le temps en immersion avec ce groupe talentueux .

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Il aurait ainsi écrit, entre autres, 600 chansons, à en croire l’introduction au spectacle Vian par Debout sur le zinc, qui reprend quinze de ses titres dans un éclectisme et une fantaisie qui collent parfaitement à l’auteur de Je bois.

Sur la scène, en pantalon à pinces, chemises et gilets sans manches, les six musiciens sont polyvalents : Cédric Ermolieff (batterie, claquettes, glockenspiel, ukulélé), Chadi Chouman (guitares, tiny piano, trompette), Olivier Sulpice (banjo, mandoline, euphonium), Romain Sassigneux (chant, guitare, clarinette), Thomas Benoît (contrebasse, trombone) et Simon Mimoun (chant, violon, trompette). Tous apprécient visiblement les textes, de On n’est pas là pour se faire engueuler à Ne vous mariez pas les filles !

Entre chaque morceau, un intermède biographique est illustré par Charles Berbérian. Le rythme, tantôt tsigane tantôt pop, se fait cavalcade pour L’Ame slave. Mais c’est le très rock’n’roll J’suis snob, enrichi d’un « Je kiff grave », qui fera parler.Je voudrais pas crever avant d’avoir connu… annonce la fin proche, avant un ultime rappel, interprété façon « doo wop ». Boris Vian n’est pas mort ce soir.

Catherine Pacary
Le Monde.


Portrait de Boris croqué par son voisin et camarade François Rostang dit « Monprince » avec qui il se mesurait aux échecs et à des jeux littéraires comme les « Bourrimés ». Dessin probablement de 1935.
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Poème : JE VOUDRAIS PAS CREVER

Serge Reggiani l’a chanté. Figurait parmi les poèmes restés inédits du vivant de Boris Vian. Écrits entre 1951 et fin 1952, période de dépression et de souffrance physique pour l’écrivain. À cette époque, Boris Vian peine à faire publier ses romans et court la pige journalistique pour vivre. Il est victime de plusieurs crises déclenchées par son atrophie cardiaque, et son médecin le force au repos. Il écrit la nuit, faute de pouvoir trouver le sommeil.

Je voudrais pas crever
Avant d’avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d’argent
Au nid truffé de bulles
Je voudrais pas crever
Sans savoir si la lune
Sous son faux air de thune
A un côté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraiment que quatre
Sans avoir essayé
De porter une robe
Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé
Dans un regard d’égout
Sans avoir mis mon zobe
Dans des coinstots bizarres
Je voudrais pas finir
Sans connaître la lèpre
Ou les sept maladies
Qu’on attrape là-bas
Le bon ni le mauvais
Ne me feraient de peine
Si si si je savais
Que j’en aurai l’étrenne

Et il y a z aussi
Tout ce que je connais
Tout ce que j’apprécie
Que je sais qui me plaît
Le fond vert de la mer
Où valsent les brins d’algue
Sur le sable ondulé
L’herbe grillée de juin
La terre qui craquelle
L’odeur des conifères
Et les baisers de celle
Que ceci que cela
La belle que voilà
Mon Ourson, l’Ursula
Je voudrais pas crever
Avant d’avoir usé
Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux
J’en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux
Je voudrais pas mourir
Sans qu’on ait inventé
Les roses éternelles
La journée de deux heures
La mer à la montagne
La montagne à la mer


La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents
Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs
[…]
Et des pensifs penseurs
Tant de choses à voir
À voir et à z-entendre
Tant de temps à attendre
À chercher dans le noir

Et moi je vois la fin
Qui grouille et qui s’amène
Avec sa gueule moche
Et qui m’ouvre ses bras
De grenouille bancroche
Je voudrais pas crever
Non monsieur non madame
Avant d’avoir tâté
Le goût qui me tourmente
Le goût qu’est le plus fort
Je voudrais pas crever
Avant d’avoir goûté
La saveur de la mort...
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( Dans Je voudrais pas crever,
éditions Jean-Jacques Pauvert,
1962 © Fayard
)

LA VIE C’EST COMME UNE DENT


La vie, c’est comme une dent
D’abord on y a pas pensé
On s’est contenté de mâcher
Et puis ça se gâte soudain
Ça vous fait mal, et on y tient
Et on la soigne et les soucis
Et pour qu’on soit vraiment guéri
Il faut vous l’arracher, la vie.
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( Dans Je voudrais pas crever,
éditions Jean-Jacques Pauvert,
1962 © Fayard
)


Le dernier jour de Boris Vian

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Musicien, écrivain et poète, Boris Vian a connu quelques irrégularités dans la mélodie de sa vie. Un rythme cardiaque à son image, un peu décalé, un peu anarchique. Le peuple n’ira pas cracher sur la tombe de Vian, mais l’embellir de fleurs et de mots doux. Ces mots qui volent au-delà des frontières du sensible comme un dernier poème en hommage.

Boris VIAN – Un siècle d’écrivains : 1920-1959

Émission « Un siècle d’écrivains », numéro 77, diffusée sur France 3, le 19 juin 1996, et réalisée par Marika Princey et Bernard Gonner.

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