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Sollers : « La faribole hétérosexuelle classique est en train d’exploser »

Sollers sort de son silence suivi de "Débats sur les radicalités féministes"

D 14 août 2020     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


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I- ENTRETIEN
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. Affaire Matzneff, César, #MeToo, dérèglement climatique… À l’occasion de la sortie de « Désir », l’écrivain étrille notre époque, et célèbre la révolution.

Propos recueillis par Marion Cocquet et Victoria Gairin

Le Point, 11/03/2020


Philippe Sollers vient de publier « Désir » chez Gallimard. © BALTEL/SIPA / SIPA
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Quoi de commun entre 1789 et 2020 ? Dans Désir (Gallimard), son nouveau roman, Philippe Sollers fait revivre Louis-Claude de Saint-Martin (1743-1803), dit « Le Philosophe inconnu », figure mystérieuse de la Révolution française. Il lui fait traverser les siècles, se confond volontiers avec lui, et célèbre par sa voix la nouvelle révolution en cours : celle de la libération des femmes. Entre deux cigarettes, l’éditeur des Carnets noirs de Gabriel Matzneff – de 1990 à 2007–, et défenseur de Jean-Jacques Pauvert – celui qui osa publier Sade et obtînt gain de cause devant les tribunaux –, n’hésite pas à égratigner avec flegme et ironie « mitou », « novaleurs », le victimisme et la censure galopante.

Le Point  : Parlant de vous, vous écrivez : « Ayant toujours suivi son désir, le Philosophe n’a pas de regret […]. Son regard intérieur fixe le but : une sphère de lumière solide. » C’est joli, mais est-ce juste ? Votre livre est assez mélancolique.

Philippe Sollers : Vous me demandez si je suis mélancolique ? Je ne crois pas. C’est vieux, la mélancolie, ce serait une trace de romantisme. Or, je suis dans une optique résolument affirmative : comme mon personnage principal, je fais sans cesse l’apologie de la Révolution française – dont la révolution féministe à laquelle nous assistons prend la suite. Il y aura beaucoup de dégâts collatéraux, des contorsions plus ou moins violentes. Comme disait Mao, la révolution n’est pas un dîner de gala. Mais il était temps, ce moment révolutionnaire aura beaucoup tardé : la Révolution française a posé la liberté générale du monde, mais il a fallu beaucoup de temps pour qu’on se préoccupe du soi-disant « deuxième sexe ». J’ai été un fanatique de Simone Veil défendant l’IVG à la tribune de l’Assemblée nationale. Vous imaginez le temps qu’il aura fallu pour avoir le mariage pour tous, la PMA, la GPA ? Tout ça est en cours. Après, est-ce que la planète sera encore habitable dans trente ans, est-ce que la révolution pourra continuer, c’est autre chose. Ça ne me rend pas mélancolique, il suffit de mourir et voilà. Mais il y a quand même de grosses inquiétudes à avoir sur la respirabilité du monde.

Mais qu’est-ce qui est révolutionné dans la révolution que vous évoquez ?

La faribole hétérosexuelle classique est en train d’exploser. Or ça, ça ne me dérange pas du tout. Je n’ai jamais été partisan de parler de sexualité avec des hommes. Il m’est arrivé d’en parler beaucoup avec des femmes. À commencer par la mienne [la philosophe et psychanalyste Julia Kristeva, NLDR]. Elle en connaît un rayon. Quatre-vingt-dix pour cent des femmes se plaignent d’avoir été sous pression pour subir un rapport sexuel. C’est énorme. Mais j’ajoute que 10%, c’est énorme aussi. Celles qui ne se plaignent pas forcément, tous mes romans en témoignent, je les ai rencontrées. J’ai publié Femmes en 1983. Une étude de terrain considérable, qui a tout prophétisé. Il suffit de lire, mais qui lit encore ? C’est bien beau d’avoir des convictions idéologiques dans une révolte qui veut devenir une révolution, mais si ladite explosion révolutionnaire féministe est ce qu’elle doit être, elle ne doit pas réclamer la moindre censure.


Jean-Honoré Fragonard, Le Verrou, huile sur toile.73 x 93 cm (musée du louvre).
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Et ça ne vous rend pas mélancolique, qu’on ne lise plus ?

Pas du tout ! Après moi le déluge !

Vous avez dit que la sexualité était une nouvelle religion.

La sexualité, c’est fini ! Quand tout un ancien monde s’effondre : religieux, idéologique, il est normal que l’être humain se raccroche à quelque chose, à une valeur. En l’occurrence, il se raccroche à la sexualité. Ouvrez les journaux, allumez la télé, il n’est question que de ça : des violeurs, des agresseurs, des pédocriminels. Mais la sexualité à l’ancienne, c’est fini ! Écoutez la longue plainte des femmes qui, pendant des siècles, ont été obligées de procréer sans toujours le vouloir, parce que la société en avait besoin, écoutez ! C’est là que l’IVG a été d’une importance considérable. Simone Weil, c’est cette loi qui l’a conduite au Panthéon. Chacun aujourd’hui peut user de son corps comme il lui convient : LGBTUKWXYZ ! Ce que je veux, c’est soutenir comme je l’ai toujours fait dans ma vie et dans mes livres la liberté féminine. Car, voyez-vous, elle m’arrange !

Vous la soutenez, mais vous n’êtes pas tendre avec le mouvement tel qu’il existe…

On peut ironiser sur les excès tout en s’amusant !

Vous avez regardé la cérémonie des César ?

Bien sûr, formidable ! Ce que je peux vous en dire, c’est que j’ai trouvé la prestation de Foresti extrêmement mauvaise, et même inquiétante. La sortie d’Adèle Haenel, pourquoi pas. Et le texte de Virginie Despentes qui est accueilli avec des bravos… bon. Despentes est quelqu’un que je respecte comme écrivain, mais je l’ai trouvé trop vulgaire. Les révolutionnaires sont tranchants, pas vulgaires.

Lire aussi Les César, Polanski, Haenel : « la haine en roue libre »

Ça manque de panache ?

Ça manque de style ! C’est très préoccupant quand même, parce que vous avez un mouvement qui peut très vite déboucher sur la censure, la dénonciation permanente. Regardez ce qui se passe avec les Mémoires de Woody Allen, que sa maison refuse de publier.

Vous écrivez : « Depuis toujours le philosophe se considère comme un innocent tombé dans un monde coupable. » Comment faut-il le comprendre ?

L’enfant que j’ai été et que je reste s’est toujours considéré comme un innocent dans un monde coupable. Les adultes avaient quelque chose à cacher, ils mentaient. Souvent de façon charmante, mais tout de même. Les adultes sont des enfants ratés, voilà le secret de la pédophilie. C’est l’esprit de vengeance qui est à l’œuvre, l’esprit qui a été si parfaitement décrit par Nietzsche, le ressentiment de la volonté contre le temps et son « il était ». L’esprit de vengeance, c’est quelque chose que l’actualité fournit à flots continus. Qui se plaint veut déjà se venger, même si la plainte est nécessaire lorsqu’elle dénonce des pratiques inconciliables avec la loi ou la raison.

Vous avez été récemment entendu dans le cadre de l’enquête pour « viols sur mineur » de moins de 15 ans qui vise Matzneff

C’était à Nanterre. Le jour était gris. Je ne trouvais pas de taxi, j’appelle la commissaire divisionnaire, Véronique, une femme charmante au demeurant, pour la prévenir que je risquais d’être en retard. Elle me dit : « Pas de souci, on a gardé toute la journée pour vous. » Je me voyais déjà en garde à vue ! Mais elle a très vite compris que je n’avais aucun dossier aux Philippines. Je lui ai quand même dit qu’il fallait se méfier de l’effet rétroactif que ça pouvait avoir, les effets d’intimidation sur l’édition, sur le cinéma… Je lui parle de Gide. « Oh non pas ça, c’est dégoûtant. » Sade ! « Ah non, quelle horreur. » C’était parfait ! Mais elle a compris je la plaignais de faire ce boulot mal payé. Nanterre, c’est vraiment loin…

Une fois qu’il a été acquis que vous n’aviez pas de dossier aux Philippines, comme vous dites, on vous a demandé quoi ?

Là, j’ai commis une erreur, j’ai commencé à rire. Mais ça me semblait absurde. Consultez ma vie, ouvrez mes livres !

Mais Matzneff alors ?

Bah Matzneff, il est en Italie, complètement coincé dans son hôtel, aux 36es dessous, ordinateur saisi, voilà.

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Et ses textes, fallait-il continuer de les vendre ?

Vous savez, c’est la force de la Pravda (il désigne un exemplaire du Monde sur son bureau). Il y a eu une enquête, remarquable d’ailleurs, de Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin. Le lendemain, Antoine Gallimard a compris qu’il fallait retirer le livre des rayons. C’était souhaitable. D’ailleurs, Matzneff lui-même a trouvé que c’était plutôt normal.

Mais vous, vous en pensez quoi ?

Je prends acte d’une façon de réagir à une pression énorme de l’opinion.

Vous ne regrettez aucun de ces livres ?

Rien ! Jamais de regrets. Des remords peut-être, mais jamais de regrets. Vous savez, ce que je trouve le plus misérable dans cette affaire, c’est de dire et d’écrire comme ça l’a été fait, notamment par Élisabeth Roudinesco, que Matzneff n’avait aucun talent d’écrivain. C’est faux. Ce n’est pas un très grand écrivain, ce n’est pas Shakespeare. Mais, dire qu’il n’a aucun talent, c’est idiot. Ça, ça me choque. Ce n’est pas du tout ce que j’aime en littérature, mais enfin… Pendant mon audition, Véronique m’a lu un long passage, la sodomisation d’un petit garçon. Je dois dire que, en effet, c’est très pénible à entendre. Elle m’a dit : « Vous n’allez pas me dire que c’est de la littérature, ça. » À quoi j’ai répondu : « Pas de la meilleure, c’est un fait. » Mon point de vue en littérature n’est jamais moral. Vous connaissez la phrase de Pivot ? « Autrefois, la littérature primait sur la morale. Maintenant, c’est la morale qui prévaut sur la littérature. » La moraline, comme dit Nietzsche, m’est absente. À la moraline, aujourd’hui, on vous ajoute la culpabiline, qu’on vous fait boire à haute dose. Eh bien non, un innocent dans un monde coupable ne boit pas de la culpabiline ! L’époque où nous vivons, c’est ça : on est coincés entre la moraline et la culpabiline.

Enfin, il s’agit d’un journal qui témoigne de scènes de viols sur des enfants, qui prétend décrire une réalité. Est-ce qu’on n’a pas à rendre compte d’actes criminels, sous prétexte qu’il s’agirait de littérature ?

Ne mélangeons pas tout. Springora n’a pas été violée, elle a subi une emprise. Les petits garçons de Manille, c’est autre chose. Matzneff s’en est expliqué, il a appelé ça – bêtement à mon avis – « détournement de majeurs ». Il tombait sur un trafic, et un trafic auréolé de la bienveillance de la police. Tout est organisé pour satisfaire les touristes sexuels. Il n’y a pas que Matzneff. Il y a en ce moment même 10 000 pédocriminels en exercice. Je veux bien que Matzneff endosse tout, mais enfin… Bon, ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a pas de dossier sur moi chez la police de Manille, voilà !

Vous avez lu Le Consentement ? Vanessa Springora essaie justement d’échapper à la moraline et à la culpabiline…

Oui, c’est très très bien. C’est un très bon témoignage, qui d’ailleurs a enflammé tout de suite le marché. Il n’a pas à proprement parler de qualité littéraire, mais il faut le lire, pour savoir que le consentement est une notion qui peut être discutée. Vanessa Springora était sous emprise, mais, et elle le dit, elle était tout à fait consentante. Lui-même était très amoureux. Vous savez, il est très naïf, pour lui ce livre est une trahison. Là où Vanessa Springora est intéressante, c’est qu’au fond, et elle le dit, elle aurait pu vivre cette histoire s’il n’y avait pas eu le reste, les autres. Si elle avait été la seule, pourquoi pas ?

Lire aussi Vanessa Springora : un « Consentement » sous emprise

Ah oui, c’est comme ça que vous le lisez ?

Moi, j’ai la plus grande considération pour Vanessa Springora parce qu’elle a mis trente ans à se reconstruire, et elle l’explique très bien, que la psychanalyse a eu son mot à dire, ce que le pauvre Matzneff, lui, ne peut pas comprendre une seconde. Donc, chapeau ! Mais il faut lire d’une main, Le Consentement. Et de l’autre, ce que vous n’avez pas fait – et vous ne le ferez pas puisque le livre est retiré de la vente – La Prunelle de mes yeux, et le rapport extraordinairement minutieux et quotidien que Matzneff y fait de leur relation. Sans avoir lu les deux, vous ne pouvez pas comprendre.

Vous allez nous l’offrir ?

J’aimerais bien, mais je n’en ai plus. J’en avais un exemplaire dans mon bureau. Je l’ai prêté à quelqu’un qui doit me le rendre, une femme.

Vous continuiez, ces dernières années, à lire les textes de Matzneff ?

Pfff… C’est si répétitif. Qu’est-ce qu’il mange, tiens il se pèse, qu’est-ce qui le maintient en bonne santé, comment de 14 heures à 18 heures, il a deux liaisons prévues. Après il va dîner… Enfin bon, on sature, non ?

À propos de pédophilie, vous glissez incidemment dans votre livre une remarque sur les « merveilleuses pédophiles », qui auraient fait votre éducation quand vous aviez 12 ans.

Appelons-les « pédophelles » si vous voulez. J’ai acquis très tôt une grande avance par rapport aux garçons de mon âge, très embarrassés sur toutes ces questions. Je n’ai aucune fraternité sexuelle et, pour tout vous dire, je ne connais pas d’hétérosexuels comme moi. Je ne partage jamais aucune conversation sur ce thème. Ni aucune confidence, cela va de soi. Tout ce qui touche aux histoires sexuelles devient très vite glauque, vulgaire.

La vulgarité, c’est votre grand reproche à l’époque…

Ah oui, oui. La vulgarité et l’ignorance. Comme a osé le dire une amie, pour combattre le slogan « Osez le féminisme ! », « Osez le fanatisme ! ». Oui, c’est ça. Donc, l’ignorance d’abord, la vulgarité s’ensuit, le fanatisme n’est pas loin. Et la censure apparaît.

Cela fait partie des raisons qui nous font trouver à votre texte une pointe de mélancolie. Il y a quand même l’idée que les choses vont de mal en pis.

Mais c’est de l’ironie ! Tout le temps de l’ironie.

Quand vous dites que la « France moisit », c’était encore le bon temps, et que maintenant c’est la France en « déliquescence totale », c’est aussi de l’ironie ?

Oui, La France liquéfiée. Ce serait un beau titre d’article dans la Pravda. Tout dépend comment on considère les choses. Moi, je les considère d’un point de vue révolutionnaire. La situation s’aggrave, mais le but à atteindre, c’est la liberté pour tout le monde, femmes comprises.

Vous parlez aussi, dans votre livre, de la science et de la technique…

Qui vous mènent par le bout du nez, oui !

… que vous célébrez.

Depuis vingt ans, la technique s’est emparée de la fabrication des corps. C’est énorme de pouvoir fabriquer un corps sans recourir à la sexualité traditionnelle.

Mais il vous arrive de lier cela à la fin possible de la planète, à un grand effondrement.

Je suis très très pour la technique, mais elle nous égare, puisqu’on passe son temps à communiquer avec un vocabulaire limité, et en étant dans le numérique et le digital. Rentrez dans un café et regardez : il n’y a plus de conversation. Il n’y a plus de mémoire, non plus. On devrait apprendre des choses par cœur. Je vous le conseille. Au lieu de prendre des anxiolytiques, vous apprenez des poèmes de Baudelaire.

Paradoxalement, vous êtes un grand fan de télévision, de séries…

Oui, je me renseigne sur l’ignorance, la stupidité, la bêtise et les messages en boucle qui sont envoyés. Je fais mon métier de romancier. J’ai en face de moi, dans ma chambre, un poste de télévision. Je zappe. Sans arrêt. Puis j’arrête. Je regarde le plus possible de chaînes. Et, juste à côté du poste, j’ai un papier collé de 1912 de Picasso. Je vous assure que c’est un bonheur extraordinaire de retourner au papier collé. Une pure merveille. Picasso a dit du papier collé : « On aurait dû s’en tenir là. » C’est le cubisme synthétique qui arrive. Parfait pour résister à la « société du spectacle », théorisée par Guy Debord.

Quelles émissions prenez-vous un plaisir tout particulier à regarder ?

Les émissions littéraires ont quasiment disparu. Il n’y a plus que La Grande Librairie, mais je zappe très vite parce que c’est devenu très sinistre, c’est très ennuyeux. Le temps où il y avait Pivot, terminé, fini. Il n’est plus question de littérature, jamais. Mais, ça m’est égal, je m’en occupe moi-même.

Et les séries ?

Je regarde tout. Je m’intéresse à celles qui sont les plus révélatrices. Parce que c’est terrible de voir des corps encastrés sur un plateau, par exemple. C’est étonnant de voir leurs variations. C’est psychologiquement intéressant. Mais CNews est très intéressante aussi. Il y a quelqu’un qui est invité interminablement, avec des partenaires chaque fois différents, mais ça lui donne une audience considérable, c’est Éric Zemmour. Il m’intéresse beaucoup.

Lire aussi La nouvelle vie d’Éric Zemmour

Ah oui ? Pourquoi ?

Parce qu’il est symptomatique de l’époque, qui est ultraréactionnaire au cas où vous ne l’auriez pas repéré ! (Rires) La révolution qui s’accomplit dérange beaucoup de monde et ces gens-là surréagissent en surréactionnaires qu’ils sont, qu’ils auront toujours été.

Aucune figure médiatico-intellectuelle ne vous intéresse ?

Non… Non, ce qui me frappe beaucoup, c’est le glissement de la gauche vers la droite. C’est très révélateur d’une sorte de cryptofachisme ambiant. Tout le monde est en train de trouver normal que le Rassemblement national arrive au pouvoir. Qu’il ait 56% de bonnes opinions. Pour la première fois, une femme serait présidente. Ce serait énorme.

Vous dites que si Marine Le Pen était élue, ce qui compterait c’est que ce soit une femme ?

Une Marianne Le Pen, oui, ce serait un événement considérable. Est-ce que Macron rebondira ? Pour l’instant, ce n’est pas le cas. Et la finale est annoncée.

Vous votez, vous ?

Non ! La dernière fois, c’était pour Ségolène Royal, en 2007.

Mais vous suivez avec intérêt les campagnes ?

Ah bien sûr ! Je fais mon boulot, celui d’un romancier qui essaie de deviner ce qu’on lui cache.

Revenons à quelque chose de plus vulgaire : quelle série vous inspire en ce moment ?

Il y en a une que je trouve extraordinairement intéressante, parce que là vous tombez brusquement dans le marécage petit-bourgeois français, c’est Petits secrets entre voisins. C’est surjoué par des acteurs et actrices, sûrement très mal payés. Et c’est énorme, énorme… Comment faire pour sauver son couple, comment tomber enceinte au bon moment… C’est formidable. Vous avez là la misère petite-bourgeoise à votre disposition. Moi, je suis mort de rire parfois, tellement c’est bête. La bêtise me fait rire. Elle faisait rire Flaubert aussi. Flaubert c’est pas mal. Ah, oui, je pourrais écrire un dictionnaire de la bêtise pourquoi pas ? Ou la version 2020 des Idées reçues… Mais il y a trop de travail ! Et, excusez-moi, je préfère me concentrer sur la beauté.

Vous évoquez Paulhan savourant en secret Histoire d’O. Pourrait-on publier un tel livre aujourd’hui ?

PAULHAN
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« C’est quand même pour ce type-là, grand lecteur de Sade, qu’une femme a écrit le meilleur livre érotique féminin, Histoire d’O.

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Histoire d’O paraît en 1954, l’année de la mort de Colette (sacré décalage). Gide, mort en 1951, n’a pas eu le temps de voir surgir une telle monstruosité féminine. Quant à Paulhan, qui savoure en secret cette bombe, il pousse la provocation jusqu’à se faire élire à l’Académie française.

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Dominique Aury s’appelait en réalité Anne Desclos, mais elle a signé Histoire d’O du nom de Pauline Réage, où il n’est pas difficile d’entendre « Égérie Paulhan ». Elle a réagi aux inclinations de son amant seigneur et maître (Sir Stephen), non sans rage. Le préfacier du livre, Paulhan lui-même, s’amuse en démontrant que Sade était masochiste. Il faut préciser que O n’arrive à un spasme libérateur qu’en se faisant attacher et fouetter. »

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Philippe Sollers,
Désir

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VOIR AUSSI

Il faudrait que quelqu’un existât pour pouvoir l’écrire, la pente est très escarpée. Ce texte est directement héritier de Sade, que Paulhan a toujours défendu et que j’ai fait entrer dans la Pléiade. Est-ce que l’époque le permettrait aujourd’hui ? Les marges deviennent de plus en plus étroites. Voyez ce qui s’est passé avec les pamphlets de Céline. Antoine Gallimard avait signé pour une édition critique, puis sous pression a décidé de la suspendre. C’est terrible ! Ça permettait de le replacer dans son contexte, de montrer que Céline n’est pas tombé du ciel et que toute la France antisémite était déjà là. C’est la même chose pour Sade. On a toujours pensé – trop – qu’il était une sorte d’extraterrestre. Pas du tout. Il a fallu les travaux de Maurice Lever, capitaux là-dessus, pour voir que Sade avait eu un père, figurez-vous. Un libertin consommé et très cultivé. Qu’est-ce qu’un père ? C’est la question.

Et alors, quelle est votre réponse ?

J’ai un fils qui, tous les matins, me salue en disant : « Ah, voilà mon charmant papa ! » C’est ma réponse, elle est très modeste. Montaigne, mon compatriote, commence les Essais par cette formule extraordinaire : « Le bon père que Dieu me donna. » Qu’est-ce que ça veut dire ? Vous sortez ça sur un plateau de télévision, tout le monde s’en va. Voyez comme c’est bien articulé. Un type invraisemblable, Montaigne. Avec La Boétie. Et Montesquieu. Et Mauriac, aussi – lisez le Bloc-notes, c’est une merveille de lucidité.

Et parmi vos contemporains, depuis la mort de Roth, qui est-ce que vous sauveriez ?

Bah écoutez, je suis obligé de me relire souvent quand même. Ah si, il y a Houellebecq  ! Excellent, Houellebecq ! Soumission est un livre tout à fait prophétique. C’est un regard aigu, un vrai mélancolique, lui, pour le coup.

« Désir » sur pileface

Le désir In La Guerre du Goût

Par Philippe Sollers

(soulignement : mise en gras par pileface)

La philosophie dans le boudoir, 1795

« Et vous, aimables débauchés, vous qui, depuis votre jeunesse, n’avez plus d’autres freins que vos désirs et d’autres lois que vos caprices, que le cynique Dolmancé vous serve d’exemple ; allez aussi loin que lui, si, comme lui, vous voulez parcourir toutes les routes de fleurs que la lubricité vous prépare ; convainquez-vous à son école que ce n’est qu’en étendant la sphère de vos goûts et de ses fantaisies, que ce n’est qu’en sacrifiant tout à la volupté, que le malheureux individu connu sous le nom d’homme, et jeté malgré lui sur ce triste univers, peut réussir à semer quelques roses sur les épines de la vie. »

Le désir ? Tout le monde, désormais, se propose de m’y inciter, de m’y adapter, de me l’expliquer. Je suis harcelé quotidiennement de conseils, d’injonctions, de slogans, d’images, de bribes médicales ou chimiques, de suggestions surréalistes ou psychanalytiques reprises en publicité. Dans quelle situation suis-je ? À quoi correspond mon sexe ? Est-il normal, déviant, conformiste, audacieux, bien réglé ? Connaît-il vraiment son objet ? N’a-t-il pas l’intention, à mon insu, d’en changer ? Comment l’employer, le soutenir, l’encourager, l’acclimater, l’économiser, l’investir, le dépenser ? t.a Société du Spectacle a réponse à tout. Journaux, magazines, revues spécialisées, cinéma, télévision, radio, essais bâclés, romans vendus d’avance, c’est incessant, c’est direct, ça cogne. Le désir est une marchandise, c’est même la marchandise des marchandises, vous devez désirer ! Le désir et la science ? Soit. Nos statistiques sont là, nos laboratoires, nos sondages in vitro, versant masculin, versant féminin. Dieu, ce méchant, s’oppose-t-il au désir ? Colloque. Le désir est-il transformé par l’argent ? On ose le dire. Désir et Pouvoir ? Débat du siècle. Désirer avec Freud, sans lui, malgré lui ? Nous en parlons tous les jours. Apprenez à désirer, perfectionnez vos désirs, éclairez davantage cet obscur souci du désir, entraînez-vous au dur désir de durer, voici notre enquête, villes, villages, vacances, voyages organisés, banlieues. Lisez vite nos propos rapportés, nos synthèses philosophiques, nos confidences de stars et de spécialistes. Le désir s’analyse selon l’âge, la profession, les différences affirmées, les perspectives culinaires, l’environnement culturel. L’homme idéal rencontre la femme idéale ? Étrangement, ce couple de l’année est chaque fois formé des deux présentateurs-vedettes de la télévision du soir. Trois sportifs et deux sportives célèbres rassureront d’ailleurs le public sur le bon état dynamique des corps.

LA SUITE ICI


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II - DEBATS sur les radicalités féministes d’aujourd’hui
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Manifestantes contre la culture du viol, à Paris, le 10 juillet. CÉLINE BRÉGAND/SIPA
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Magali Cartigny
Le Monde 14/08/2020

Avec l’affaire Girard, la dénonciation des modes d’action du « néoféminisme » ravive une polémique récurrente

En 1964, Serge Gainsbourg chante « ce mortel ennui qui me vient quand je suis avec toi ». Mazarine Pingeot a ce refrain jazzy et mortifère en tête quand elle rédige une tribune au vitriol, publiée dans Le Monde, le 28 juillet. L’écrivaine, agrégée de philosophie, y décrit le nouveau féminisme comme « une police des moeurs », imposant « une morale adossée à la haine », et « ce mortel ennui », donc, que lui inspire « la victoire d’extrémistes médiocres ». Quelques jours plus tôt, la conseillère écologiste de Paris Alice Coffin, avec d’autres militantes féministes, venait d’obtenir la démission de Christophe Girard, adjoint à la culture d’Anne Hidalgo, accusé d’avoir soutenu l’écrivain Gabriel Matzneff L’autrice de Se taire (Julliard, 2019), roman sur le viol et le silence, dénonce ensuite dans sa diatribe « l’inconséquence des nouveaux maccarthystes » et questionne : « Pourquoi les femmes s’en tiendraient à occuper la seule place de la délation, de la vengeance et de la vindicte ? » Ironie du sort, le jour même, Gisèle Halimi, l’avocate emblématique du féminisme, décédait à l’âge de 93 ans.

Ce texte de Mazarine Pingeot – tout comme celui de la romancière Belinda Cannone, évoquant les « maladies infantiles du néoféminisme » – ravive un débat récurrent, qui a ressurgi avec la révolution #metoo, sur les « dérives » du combat pour les droits des femmes et contre la domination masculine. Si la dénonciation du radicalisme n’est pas nouvelle, celles de la chasse aux « sorciers » et du délit d’opinion résonnent différemment à l’ère des réseaux sociaux, et divisent une partie de celles qui se revendiquent comme féministes.

En janvier 2018, un collectif de cent femmes s’insurgeait déjà contre ces « dérives » dans un manifeste publié dans Le Monde, défendant notamment « le droit d’importuner » cette « drague insistante et maladroite ». Parmi les signataires, la dessinatrice Stéphanie Blake, l’écrivaine Catherine Millet, et

Catherine Deneuve. Vilipendée sur les réseaux sociaux, l’icône du cinéma français fut soutenue par un Tweet de l’Américaine Samantha Geimer, violée en 1977, à l’âge de 13 ans, par le réalisateur Roman Polanski. L’actrice du Dernier Métro avait toutefois présenté ses excuses dans Libération quelques jours plus tard, « à toutes les victimes d’actes odieux qui ont pu se sentir agressées par cette tribune (…), et à elles seules ».

Pour Caroline De Haas, du collectif Nous toutes, « ces tribunes en disent beaucoup plus sur ces femmes que sur nous ». Elle analyse ces réactions « épidermiques » comme « des soubresauts », « des poches de résistance » face à l’accélération de l’histoire. Comme le signe que les moeurs évoluent et que la société avance. « Un ministre qui se déclare féministe à la télé, c’était du jamais-vu, dit-elle à propos de l’entretien d’Eric Dupond-Moretti sur BFM-TV, le 31 juillet. Cela prouve que ce combat est légitimé. »

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« Une rupture d’évidence »

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La philosophe Camille Froidevaux-Metterie explique dans un autre texte, publié jeudi 13 août dans nos colonnes, que ces tribunes qui « confondent éthique et puritanisme » sont l’expression du « refus de voir disparaître l’ancien monde ». Du côté de certaines féministes historiques, le regard est plus nuancé. Ainsi, Liliane Kandel, ex-membre du Mouvement de libération des femmes (MLF) et coautrice des « Chroniques du sexisme ordinaire », dans Les Temps modernes. La sociologue met en garde contre « ces tribunaux populaires immaîtrisables car ils ne sont plus téléguidés du sommet, comme ce fut le cas à Moscou ou Pékin, mais érigés sur les réseaux sociaux ». L’historienne Michelle Perrot alerte, quant à elle, s’agissant du cas Girard, sur ce « système d’amalgame vicieux, qui pourrait conduire à la reconstitution d’une morale bornée ».

« Ancien monde » contre « police des moeurs » ? La question est évidemment plus complexe. Pour Michelle Perrot, l’émergence du mouvement #metoo a déclenché « une rupture d’évidence », selon la défínition de Michel Foucault. Les structures mentales ont changé et ce qui était acceptable hier ne l’est plus aujourd’hui – qu’il s’agisse du sexisme ordinaire ou des violences sexuelles. C’est ce bouleversement majeur, qui, en libérant comme jamais la parole des femmes, a conduit à « l’affaire Polanski » en 2019, à la mise en examen du réalisateur Christophe Ruggia pour « agression sexuelle sur mineur » après le témoignage de l’actrice Adèle Haenel en janvier, et au scandale Matzneff, un mois plus tard. Ce même mouvement qui a poussé à la démission Christophe Girard ; un homme de gauche, homosexuel, militant de la première heure en faveur des minorités sexuelles.

Après la révélation du versement d’une aide fínancière à Gabriel Matzneff par la Fondation Bergé-Yves Saint Laurent, en 1986 – alors que M. Girard en était le secrétaire général –, et des trois dîners de l’adjoint avec l’écrivain défrayés par la Mairie, une manifestation avait été organisée, le 23 juillet, devant l’Hôtel de ville de Paris. Ces militantes féministes, dont deux élues vertes (Alice Coffin et Raphaëlle Rémy-Leleu) y réclamaient sa démission. L’image de la pancarte « Mairie de Paris, bienvenue à Pedoland » a tourné en boucle sur toutes les chaînes d’information en continu. Et irrité Anne Hidalgo, qui a défendu son adjoint. Le lendemain, en plein conseil municipal, alors que la salle ovationnait l’élu démissionnaire, Alice Coffin criait, à la manière d’Adèle Haenel quittant la cérémonie des Césars : « La honte ! La honte ! » La riposte n’a pas tardé. La vidéo d’une interview donnée en 2018 sur RT (branche francophone de la télévision russe) fut exhumée. Dans l’extrait devenu viral, on y voyait l’élue EELV déclarer : « Ne pas avoir un mari, ça m’expose à ne pas être violée, ne pas être tuée, ne pas être tabassée. » Après avoir reçu des tombereaux d’insultes et de menaces de viol et de mort, l’élue et militante LGBT a été placée sous protection policière.

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« Jeté avec l’eau du bain »

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Après la publication de la tribune de Mazarine Pingeot, certains n’ont pas manqué de souligner que l’écrivaine était le témoin du mari de Christophe Girard. Faisant peser le soupçon sur la nature réelle de son indignation. « Oui, Christophe est un ami. Bien sûr que cela m’a heurtée mais ce que je dénonce est plus global, répond-elle au Monde. Je suis féministe. C’est cette dérive dangereuse qui, pour moi, nuit à la cause. Ce discours séparatiste qui rend impossible le dialogue. Plein de gens ne s’expriment plus par peur du retour de bâton. » Et d’ajouter : « Pour moi, Christophe Girard a été jeté avec l’eau du bain, mais il n’est pas le seul. »

L’eau du bain, c’est donc celle de Gabriel Matzneff pédophile notoire publié chez Gallimard, récompensé par un prix essai Renaudot en 2013, et qui racontait dans ses livres, mais aussi à la télévision publique, ses « exploits sexuels » avec des enfants. Sans que cela ne choque grand monde à l’époque – du moins dans le milieu culturel. Jusqu’à la publication du Consentement, de Vanessa Springora, en 2019 (Grasset), qui mit au jour l’emprise de ce prédateur sexuel sur l’adolescente qu’elle était, ce dans l’indifférence générale. Comme l’écrit la romancière Cloé Korman, il faut « tout un village » pour créer un monstre. Ce village, c’est Mai 68, selon Liliane Kandel. Une période souvent désignée aujourd’hui comme la responsable de tous les maux.

« C’est vrai que, lors de la révolution sexuelle, certains ont pu considérer que l’interdit de la pédophilie était un des derniers bastions de la pensée bourgeoise » , affirme-t-elle. « Il y a eu un certain aveuglement, c’est certain et il faut le dénoncer », ajoute Michelle Perrot. Mais, « aujourd’hui, on assiste à une forme de dégagisme. On cherche la victime expiatoire pour se sentir mieux », regrette Liliane Kandel, pour qui la ligne rouge, c’est la loi. La sociologue cite cette phrase de Lacordaire, chère à GisèleHalimi : « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit. » Et quand l’Etat de droit est menacé, « ce sont les femmes qui trinquent en premier », prévient-elle.

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« On dérange »

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« On dérange et on met le doigt là ou ça fait mal. Ce n’est pas de l’acharnement contre Girard, ce que l’on combat, c’est un système de silence, de complicité, et de soutien face à la pédocriminalité », défend Caroline De Haas. “Pedoland” « vaut d’autres slogans, explique de son côté l’historienne Christine Bard. Il y a toujours eu de la radicalité dans le mouvement féministe, comme dans la lutte ouvrière ou d’autres combats politiques dans l’histoire. C’est le signe de l’exaspération, de la colère. » Et de rappeler que ce sont les « radicales » qui ont obtenu le droit de vote, de travailler, d’avorter, d’avoir son propre compte en banque, etc. Le MLF jetait du mou de veau sur les anti-avortement. « Elles avaient eu le temps de constater qu’il ne suffisait pas de demander gentiment. »

« On nous traite d’ayatollahs, on se fait insulter alors que notre mouvement est le plus pacifíste qui soit », insiste Céline Piques, d’Osez le féminisme ! « “Terreur révolutionnaire”, “maccarthysme”, “hystérie”, “fín de la séduction”, ce sont mot pour mot les archétypes que l’on nous oppose depuis toujours. » La militante rappelle que, contrairement à d’autres mouvements contestataires, le féminisme n’a jamais tué personne. Et que le scandale n’est pas dans une pancarte mais dans le fait que seuls 1 % des viols sont condamnés par la justice., dit-elle en référence à la sociologue Christine Delphy.

« Bien sûr qu’il faut un certain degré de radicalité, et les dégâts collatéraux font partie du combat politique reconnaît Mazarine Pingeot. Mais il s’agit là d’une lame de fond, d’une philosophie antidémocratique. Ces militantes ne sont pas propriétaires de la libération de la parole, elles sont même parfois un obstacle. J’y vois une forme d’intimidation qui fragilise la démocratie. »

Lors de la cérémonie des Césars, le 28 février, le « sketch » de la maîtresse de cérémonie, Florence Foresti, comparant Polanski à « Atchoum » et J’accuse à « un fílm sur la pédophilie dans les années 1970 », avait déjà fait grincer des dents. Le 5 mars, sur Europe 1, l’écrivain Frédéric Beigbeder – démarrant sa chronique par : « Ma tête sera mise à prix. » – fustigeait « une meute de hyènes en roue libre ». Et concluait ainsi : « Cette pauvre Florence Foresti se prend pour une grande intellectuelle obligée de répandre son opinion sur le bien et le mal (…) Elle ne connaît rien au cinéma ni au droit pénal (…) Elle reproduit l’injustice de l’affaire Dreyfus. »

Des hyènes imbéciles, apôtres de la censure. « C’est la rhétorique classique de l’antiféminisme depuis cent cinquante ans, dit Christine Bard. C’est ce qui arrive lorsqu’on s’attaque au pouvoir des hommes entre eux. » Dans « Le complot féministe », publié en 2003 dans Le Monde diplomatique, Gisèle Halimi

écrivait, à propos d’une des premières enquêtes sur les violences faites aux femmes (Enveff, 2001) qui, d’Alain Minc à Elisabeth Badinter, était vertement critiquée : « Tirs à boulets rouges. La cible ? Le féminisme d’aujourd’hui : “Une escroquerie”, une entreprise de “victimisation” des femmes, qui “fragilisent” les hommes, les transforment en “objets” de leurs “nouveaux maîtres”, les féministes »

Dans Une farouche liberté, écrit avec Annick Cojean (Grasset, 160 pages, 14,90 euros, à paraître le 19 août), l’avocate du « procès du viol » laissait un dernier message : « Il faut une relève à qui tendre le flambeau. Le combat est une dynamique. Si on arrête, on dégringole. Si on arrête, on est foutues. »

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