Il faut relire Céline en le voyant. Céline a dit la vérité du siècle : ce qui est là est là , irréfutable, débile, monstrueux, rarement dansant et vivable.
Philippe Sollers in Céline, Voyage au bout de la Nuit, Gallimard
Les Français ont-ils donc été pour la plupart antisémites ? Collaborateurs [1] ? Et leur progéniture, et la progéniture de leurs progéniture ont-elles ce cadavre dans leur placard ? S’agit-il ici du massif et misérable secret des familles ? Nous savons bien que oui. Les survivants , les descendants, vont donc tout faire pour effacer cette culpabilité mal sue, souvent à peine soupçonnée, rentrée, pourrissante, non dite. Céline sera le "bouc qui pue" (LFC) idéal : "Vous verrez que je finirais par être l’auteur le plus maudit du siècle.". Honte et haine de soi, la mécanique, d’un conformisme et d’une bien-pensance à toute épreuve, est en marche.
Préface aux Lettres à la N.R.F. 1931-1961 de Louis Ferdinand Céline par Philippe Sollers, Gallimard, 1991
Autres points de vue sur le Voyage au bout de la nuit
« Saisissante épopée de la révolte et du dégoût , long cauchemar visionnaire ruisselant d’invention verbale [...]l’absurdité de la vie humaine ».
« Pour nous la question n’est pas de savoir si la peinture de M. Céline est atroce, nous demandons si elle est vraie. Elle l’est. Et plus vrai encore que la peinture , ce langage inouï, comble du naturel et de l’artifice, inventé, créé de toutes pièces à l’exemple de la tragédie , aussi loin que possible d’une reproduction servile du langage des misérables, mais fait justement pour exprimer ce que le langage des misérables ne saura jamais exprimer, la sombre enfance des misérables. »
[1] note1