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La Negro Anthology de Nancy Cunard

Nancy Cunard dans le "Dictionnaire amoureux de Venise" par Philippe Sollers et plus...

D 16 mars 2018     A par Viktor Kirtov - C 1 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


22/03/18 Plus sur Nancy Cunard »

La Negro Anthology de « Nancy » Cunard

Première réédition dans son intégralité et son intégrité

Parution le 15 mars 2018 - 99 euros.
Au Salon du Livre 2018 sur le stand du Musée du Quai Branly.

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Version intégrale de la plaquette (pdf) ICI.

Tirée à 1000 exemplaires en 1934 et très peu distribuée jamais rééditée, la Negro Anthology est un véritable collage-documentaire, mêle culture populaire, sociologie, politique, histoire, histoire de l’art. Ce document rassemble archives, rapports, extraits de presse et d’ouvrages, photographie, statistiques, discours politiques, proverbes, tracts, statistiques, poèmes… qui expriment la réalité des conditions noires dans les Amériques, en Afrique et en Europe.

872 pages 155 contributeurs 230 textes plus de 100 documents augmentée d’un appareil critique.

« En procédant à une archéologie complète du temps du monde, Cunard restructure l’architecture de la « bibliothèque humaine » dont était absente la poutre faîtière noire. » Mamadou Diouf, Professeur d’études africaines et d’histoire, Columbia University.

« Rééditer Negro en fac-similé, ce n’est pas produire un fétiche bibliophilique ?, mais répondre à l’œuvre elle-même, à l’exigence de sa construction. Rééditer, c’est, à un moment clé de leur existence, mettre en cohérence des documents épars, difficilement accessibles qu’il nous paraît indispensable de remettre à la disposition d’un public de chercheurs et de curieux. » Cyrille Zola-Place (éditeur)

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A l’occasion de Livre Paris 2018, une présentation de la réédition par Sarah Frioux-Salgas (Responsable des archives du Musée du quai Branly) est prévue le samedi 17 mars à 18h sur notre stand (G 76).

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PLUS SUR NANCY CUNARD
ses amants Aragon et Henry Crowder,
ses combats dont sa Negro Anthology est l’emblème


Nancy Cunard, ici sous l’objectif de Man Ray, les bras couverts de bracelets d’ivoire. Mais si son corps et son visage androgyne se prêtent à la perfection à la photographie, Nancy Cunard ne s’est jamais contentée d’un simple statut de muse. Collectionneuse d’arts africains et océaniens, elle était avant tout écrivain, poétesse et militante.
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Déjà, au musée du Quai Branly, en 2014 s’est tenue un exposition sur le thème « l’Atlantique Noir, Nancy Cunard, negro anthology (1931-1934) » et l’affiche de l’exposition reprenait la photo de Man Ray

L’Express, partenaire de l’événement en rendait compte ainsi :

· Par Maïté Koda
Publié le08/03/2014

La muse des surréalistes Nancy Cunard fut aussi, et surtout, une femme engagée contre la ségrégation. Le musée du Quai-Branly lui consacrait une exposition en 2014 pour éclairer ce destin exceptionnel. Explications avec la commissaire de l’exposition, Sarah Frioux-Salgas.
Une silhouette gracile à la classe folle, drink dans une main, fine cigarette dans l’autre. Ainsi apparaissait Nancy Cunard, "queen of the jazz age". Petite fille riche née en 1896 au château de Nevill Holt, dans la campagne anglaise, de sir Bache Cunard -héritier d’une riche famille américaine (les paquebots Cunard)- et d’une mère fantasque originaire de San Francisco, elle assiste très tôt au spectacle de l’aristocratie mondaine et artistique, naviguant de château en palazzo.

Elle en devient l’une des héroïnes, muse des peintres et des poètes. Ses amis s’appellent Louis (Aragon), Constantin (Brancusi), Ezra (Pound), Tristan (Tzara), Samuel (Beckett) ou Jean-Michel (Frank). A sa mort, en 1965, dans une salle commune de l’hôpital Cochin, à Paris, après une nuit d’alcool de plus, il ne lui reste pas d’amis, ou si peu. Iris Tree, qui l’avait connue au début du siècle, à Londres, écrivit d’elle : "Elle voulait vraiment accomplir sa vie."1896-1965, une vie riche et mouvementée, et -c’est son versant le moins exploré- faite d’un engagement intellectuel et politique, sincère et passionné, sur lequel Sarah Frioux-Salgas est intarissable.

"Je connaissais de Nancy Cunard le célèbre portrait de Man Ray, qui illustre d’ailleurs l’affiche de l’exposition : une icône au regard de khôl, coupe garçonne et bras chargés jusqu’aux coudes de bracelets -une allure qui inspirera Loulou de la Falaise. Une femme d’une élégance stupéfiante dont chaque photo témoigne d’un sens du style parfaitement naturel. L’image est impressionnante, voire écrasante. C’est un mythe qu’il a fallu déconstruire pour comprendre ce destin passionnant aussi bien historiquement que culturellement.
Nancy Cunard a connu tout le monde, comme de nombreuses femmes bien nées et versées dans l’avant-garde, de Peggy Guggenheim à Marie-Laure de Noailles. La différence, c’est qu’elle est bien plus qu’une mécène. Bien sûr elle est la maîtresse d’Aragon -avant Elsa Triolet, qui disait d’ailleurs que les plus beaux poèmes d’amour d’Aragon avaient été écrits pour Nancy Cunard et non pour elle !- mais c’est elle qui fait traduire l’intraduisible classique anglais La Chasse au snark de Lewis Carroll ; elle encore qui publie le tout premier texte de Beckett ; et, quand elle crée à Paris sa maison d’édition Hours Press, elle s’engage pleinement dans l’aventure. Son rapport au monde littéraire n’est jamais anecdotique, jamais mondain.

Elle occupe une place à part dans la caste des grandes dames des arts. C’est une intellectuelle agissante. Une femme qui fait des choix. Le choix de se révolter, en particulier. Elle s’épuise physiquement à venir en aide à des réfugiés espagnols qui, ayant fui le franquisme, ont été internés dans un camp français. Elle disait : "Je hais : le fascisme [...]. Et le snobisme, et tout ce qui va avec." Mais le grand combat de sa vie, ce fut la lutte contre la ségrégation raciale. Là encore, déconstruisons le mythe : Nancy Cunard n’est pas simplement cette femme au destin romanesque qui a rencontré un Noir -le musicien américain Henry Crowder, en est tombée amoureuse et s’est alors embarquée dans la lutte pour l’égalité.

Elle était prédisposée à devenir cette militante. Proche des surréalistes, qui lui avaient transmis leur sensibilité anticolonialiste, elle est marquée en 1931 par l’affaire des Scottsboro Boys. Neuf garçons afro-américains âgés de douze à vingt ans, accusés d’avoir violé deux femmes blanches dans un train de marchandises traversant l’Etat de l’Alabama. Huit des neuf accusés furent condamnés à mort par le tribunal de Scottsboro quinze jours après les faits, à l’issue de plusieurs procès n’excédant pas une journée.
Cette année-là, lors d’un voyage aux Etats-Unis, Henry Crowder lui présente tous ses amis militants. Au même moment, elle est rejetée par une gentry britannique scandalisée par cette union mixte. Sa mère, pourtant elle-même aristocrate bohème, lui coupe les vivres. Nancy, femme frêle à la petite voix toujours au bord de la rupture, écrit alors Black Man and White Ladyship, un pamphlet très violent à l’encontre de sa mère. Mais cette révolte politique, attisée par son mal-être familial, elle décide de la mettre au service de son grand oeuvre ; un projet d’une ambition démesurée qui, étonnamment, ne demandera que trois années de travail.

En 1934, Nancy Cunard sort à Londres Negro Anthology.
Un ouvrage collectif tiré à 1000 exemplaires, qui rassemble plus de 150 collaborateurs et qui a pour but de "démontrer que le préjugé racial ne repose sur aucune justification [...] que les Noirs ont derrière eux une longue histoire sociale et culturelle, et que ceux qui les rejettent comme des sous-hommes ignorent tout de leur histoire passée, de leur civilisation, de leurs luttes" -Raymond Michelet, collaborateur de Nancy Cunard. C’est une anthologie panafricaine qui regroupe des écrits d’auteurs africains, afro-américains et antillais. Et de Noirs qui vivent en Europe. C’est un document unique par sa forme, très inspiré de l’objectivisme américain en ce qu’il recense des documents bruts, des extraits de journaux, des tracts. On y trouve un texte fondateur d’une force inouïe, The White Man is killing Africa, mais également les premiers textes de femmes qui marqueront par la suite la pensée noire.
Parmi elles, Zora Neale Hurston. Alors inconnue, elle deviendra un personnage fascinant, mythique aux Etats-Unis. Et qui mourra comme Nancy Cunard, pauvre et méconnue. Au moment de sa parution, tout le milieu afro-américain est enthousiaste et admiratif. En Europe, le retentissement est moindre. Rapidement, l’ouvrage est censuré aux Antilles et en Afrique. "On connaît en France Nancy Cunard. Elle y a passé la majeure partie de sa vie et plus tard on ne pourra faire, sans parler d’elle, l’histoire intellectuelle d’une part de ce siècle." Aragon avait raison. Et "plus tard", c’est maintenant.".

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"L’Atlantique noir" de Nancy Cunard : Negro Anthology, 1931-34. Musée du Quai Branly. La commissaire, Sarah Frioux-Salgas, a également coordonné l’excellent numéro de Gradhiva, 19. , qui sert de catalogue.

Crédit : http://le-beau-vice.blogspot.fr/

Le pianiste afro-américain Henry Crowder supplante Aragon.


Nancy Cunard entre ses deux amants
Louis Aragon et le pianiste afro-américain Henry Crowder.
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Ce dernier supplantera Aragon. C’est Henry Crowder, notamment, qui la sensibilisera au sort des Noirs américains, victimes de discrimination et de lynchages Outre-Atlantique.

De simple indignée, Nancy Cunard devient activiste, se rend à Harlem, provoque le scandale comme ce jour où elle s’installe à l’hôtel Grampion de Harlem, un hôtel réservé aux Noirs. Elle ira même jusqu’à poser pour la presse sur le perron de cet hôtel.

Negro Anthology

L’engagement de Nancy Cunard n’a pourtant rien d’un caprice d’une jeune bourgeoise en demande d’excentricité.
En 1931, elle se lance dans ce qui deviendra un de ses œuvres majeures :la Negro Anthology. Une enquête documentaire fouillée qui lui prendra quatre années. Pendant cette période Nancy Cunard sollicite des écrivains, des historiens, des artistes, des militants, européens africains et américains.
Hommes et femmes, tous écriront des textes sur leurs conditions de vie, leur ressenti, leurs visions, et démonteront les préjugés raciaux.

Crédit : https://la1ere.francetvinfo.fr/


Nancy Cunard dans « Dictionnaire amoureux de Venise de Philippe Sollers

Nous retrouvons Nancy Cunard à l’entrée Aragon :

Dictionnaire amoureux de Venise


Aragon Louis 1897-1982

[…] Pourquoi Louis Aragon a-t-il tenté de se suicider en septembre 1928 à Venise ? Il ne s’en est jamais expliqué vraiment. L’épisode reste flou, controversé, masqué. Il est pourtant d’une grande importance.

A ce moment-là, Aragon vit avec Nancy Cunard, une riche et excentrique Anglaise ( en ce moment même, un paquebot des Lignes Cunard entre devant moi dans le port de Venise). Depuis cinq ans, après des livres fulgurants comme Le Libertinage et Le Paysan de Paris, il écrit à corps perdu un énorme roman, ou plutôt un livre-bordel, un « livre-orgie », La Défense de l’infini. Ses amis font la tête. Il écrit trop facilement, c’est superbe et souvent pornographique, ça risque d’avoir du succès, on le soupçonne de vouloir faire une carrière « littéraire », alors que toutes ses forces devraient être consacrées à l’activité de groupe et à la Révolution. Breton aime beaucoup Aragon, mais Aragon le choque. Trop de brillant, trop d’effets, trop de désinvolture par rapport à ce qui va devenir la plaie du Surréalisme, l’idole féminine, la femme en soi, le couple idéal, etc. Le plus drôle est que le repentir, largement masochiste, d’ Aragon trouvera à s’exprimer plus tard dans le mythe d’Elsa. Mais ça, c’est pour un après-demain qui déchante, quand Aragon, après sa mort manquée à Venise, sera mis sous surveillance à Moscou, « Moscou-la-gâteuse », comme il vient de le dire, dont il ne sortira jamais qu’à moitié, en mentant beaucoup.

Ses amis, très importants pour lui, le découragent.

Nancy Cunard, quoique plutôt exhibitionniste et frivole ( des amants au pied levé, ça ne lui fait ni chaud ni froid ), n’aime pas qu’on dise crûment les choses. Si on en croit sa biographe, elle n’avait aucune attirance pour l’érotisme : « Elle ne manquait pas d’être intriguée par le sujet, mais elle était capable de manifester un dégoût digne du puritanisme. » La même biographe note que Nancy avait très peu d’estime pour « ce chef-d’œuvre, Le Con d’Irène, dont elle possédait pourtant un exemplaire avec envoi de l’auteur ».

Le Con d’Irène est en effet un chef-d’œuvre, mais c’est un fragment de La Défense de l’infini. Il a été publié anonymement et sous le manteau au début de 1926, et Aragon ne l’a jamais reconnu, discipline politique oblige. C’est son enfant naturel.

Il faut imaginer les réactions, à l’époque, des amis d’Aragon, et surtout de Nancy Cunard, en tombant sur des choses de ce genre :

« La lecture des journaux nous livre de temps en temps des histoires assez incomplètes qui vont du crime passionnel banal à de stupéfiants excès, à des écarts admirables qui, moi, me plongent dans des abîmes de regret et de songe. Alors je me mesure, alors je ne me sens pas fier. Je ne suis pas un magicien, cette constatation ne va pas sans tristesse. La magie du plaisir est peut-être la plus extraordinaire, avec ce qu’elle comporte de matériel, de merveilleusement matériel. Et sa sanction confondante, le foutre pareil aux neiges des sommets. »

En octobre 1927, à Madrid, dans une chambre d’hôtel avec Nancy, Aragon brûle son manuscrit de La Défense de  ! ’infini, mille cinq cents pages, dit-il. Premier suicide, dont le second à Venise, un an plus tard, est la suite logique. Tout n’a pas disparu, puisque deux éditions se succèdent, l’une en 1986, l’autre en 1997. Aragon est mort, Nancy est morte, Elsa est morte, Staline est mort, l’URSS a disparu, le communisme est dévoilé depuis longtemps comme criminel. Les pages, elles, sont là, plus vivantes que jamais, échappées au feu, à l’idiotie massacrante d l’Histoire, à la censure de tous bords.

[…]

Derrière le masque, il y a ceci qui, en somme, a été puni par l’auteur lui-même :

« Je crois que j’ai eu besoin des femmes comme pas un. D’autres les ont sans doute aimées davantage. J’en ai eu besoin. Et non pas d’une. De toutes les femmes. De la foule des femmes. Du tableau indéfiniment mobile de leurs possibilités. Celle-ci, celle-là, j’étais la proie du changement, cela m’a repris souvent dans ma vie, entre deux amours, ou pendant un amour que n’insultaient pas ces voyages physiques, ces orages d’un soir, ces chutes dans la nuit. Anonyme amant des putains, je me suis plu à cet effacement de ce qu’on croyait moi-même, dans leurs bras faits à d’autres et leurs yeux déjà vides. Je crois que j’ai eu besoin de ces femmes comme pas un. »

[…]

Aragon tente donc de se tuer à Venise, et il est sauvé de justesse. Amis méfiants et jaloux, Nancy froide mondaine infidèle, humiliations et manque d’argent... Staline et les staliniens français vont bientôt récupérer ce corps, le faire monter dans leur hiérarchie, l’idolâtrer et le momifier. J’ai en main un tiré à part de sa grande époque, Une vague de rêves, avec la dédicace suivante : « A Philippe, de la part d’un de ses cadets, Louis. » Je pense quelquefois à lui, en me demandant ce qu’il aurait pu faire s’il avait pris réellement connaissance de Venise. Il s’est écrasé contre un mur, l’époque était déjà terrible, elle l’est encore, mais d’une autre façon. En 1928, Mussolini était déjà là, Hitler est sur le point de venir...

[…]

Et voilà. Suicide manqué, Palladio manqué, Venise manquée... […] A croire que Le Con d’Irène n’a jamais été écrit :

« Ce n’est pas pour rien, ni hasard ni préméditation, mais par un BONHEUR d’expression qui est pareil à la jouissance, à la chute, à l’abolition de l’être au milieu du foutre lâché, que les petites sœurs des grandes lèvres ont reçu comme une bénédiction le nom de nymphes qui leur va comme un gant. Nymphes au bord des vasques, au cœur des eaux jaillissantes, nymphes dont l’incarnat se joue à la margelle d’ombre, plus variables que le vent, à peine une ondulation gracieuse chez Irène, et chez mille autres mille effets découpés, déchirés, dentelles de l’amour, nymphes qui vous joignez sur un nœud de plaisir, et c’est le bouton adorable qui frémit du regard qui se pose sur lui, le bouton que j’effleure à peine que tout change. Et le ciel devient pur, et le corps est plus blanc. Manions-le, cet avertisseur d’incendie. Déjà une fine sueur perle la chair à l’horizon de mes désirs. Déjà les caravanes du spasme apparaissent dans le lointain des sables. [...] Enfer, que tes damnés se branlent, Irène a déchargé. »

Il faut imaginer Nancy Cunard lisant ces pages, ou plutôt oubliant le plus vite possible qu’elle les avait lues.

Il faut en imaginer des copies entre les mains de Staline, Mussolini, Hitler, Franco, Pétain, et des dirigeants communistes français.

Inutile de se demander aujourd’hui ce qu’en pensent Bush, Sharon, Poutine, ou Ben Laden.

Elles sont faites par tous les temps, pour être lues à haute voix à Venise.

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1 Messages

  • Viktor Kirtov | 8 avril 2018 - 08:54 1

    En temps d’hommage à Martin Luther King, la Negro anthology présentée au Centre Pompidou, à la Bibliothèque Kandinsky, le 19 avril.

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    La Bibliothèque Kandinsky du Musée national d’art moderne est heureuse de vous convier au lancement de la réédition en fac-similé de Negro Anthology (editée par Nancy Cunard) aux Nouvelles Editions Place suivi d’une discussion en présence de Sarah Frioux-Salgas, responsable des archives du Musée du quai Branly, Cyrille Zola-Place, directeur éditorial, Daniel Soutif, philosophe et critique d’art et Pascale Obolo, artiste plasticienne, productrice et réalisatrice.

    Jeudi 19 avril 2018, à partir de 18h30

    Bibliothèque Kandinsky, Centre Pompidou, Niveau 3

    Réservation obligatoire à : reservation.bibliothequekandinsky@centrepompidou.fr

    Pendant de nombreuses années, laNegro Anthology, éditée en 1934 par Nancy Cunard à Londres chez Wishart Co., est restée une rareté bibliophilique, disponible pour consultation seulement dans quelques collections publiques françaises de livres rares. En 2017, à travers une acquisition exceptionnelle, la Bibliothèque Kandinsky faisait entrer dans ses collections l’exemplaire portant un envoi autographe de Nancy Cunard au poète cubain Nicolas Guillén. Les Nouvelles Editions Place réactivent aujourd’hui l’aventure éditoriale de cette formidable encyclopédie transnationale du monde noir par une réédition en fac-similé accompagnée d’un appareil critique réalisé par Sarah Frioux-Salgas, responsable des archives du Musée du quai Branly et préfacé par Mamadou Diouf.

    Objet inclassable, vaste projet documentaire relevant à la fois d’ethnographie surréaliste, d’un certain romantisme révolutionnaire de la modernité artistique des années 1930 et d’engagements anti-impérialistes, anticoloniaux et antiségrégationnistes,Negro Anthologycondense plusieurs voix consacrées à l’histoire des noirs d’Amérique du Nord, du Sud, des Antilles, d’Europe et d’Afrique. Comme Cunard l’écrivait au romancier jamaïcain ClaudeMcKay, l’anthologie se voulait un grand « symposium », un énorme rassemblement cosmopolite de témoignages alternatifs sur la question raciale. Parmi les contributeurs, figures de la résistance noire comme W.E.B. du Bois, George Padmore ou Jomo Kenyatta côtoient les représentants de la Renaissance de Haarlem (Zora Neale Hurston), des communistes engagés dans la cause africaine comme James Ford ou Raymond Michelet, des écrivains comme Langston Hugues,Michael Gold, Jacques Roumain, Mario de Andrade, Nicolas Guillén, Louis Zukofsky, Beatrice Hastings ou bien les surréalistes français (André Breton, René Crevel, Benjamin Péret, René Char, Roger Caillios, etc.). Avec 385 illustrations, l’anthologie - compilation est rythmée par des photographies documentaires, extraits de journaux à l’état brut, affiches, cartes, illustrations pour enfants et partitions musicales.

    La rencontre sera l’occasion de revenir sur les engagements politiques et sociaux, les choix esthétiques, les dissonances et les résonances contemporaines de ce projet éditorial hors pair.