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« Vous avez aimé mon émasculation ? Ça a plu à tout le monde »

Transfuge N° 96, mars 2016

D 24 février 2016     A par Albert Gauvin - C 5 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook



Photo Thomas Créné.
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Je n’ai jamais vraiment saisi le problème posé par Sollers ou Tel Quel : la dévotion des happy few, la férocité d’autres. Quand Laurent Binet l’année dernière a délaissé les nazis pour dézinguer Sollers et Barthes, je me suis dit : passer un an de sa vie à faire rire Saint-Germain en rendant folklo des profs au Collège de France, des admirateurs de Joyce, quel horizon !
Et puis, la semaine dernière, j’ai compris. À lire et rencontrer Sollers une nouvelle fois, m’est venue une image : celle d’un haut aquarium où résonneraient, dans un même son ou différé, une centaine de voix. Au centre, une pieuvre. Sollers est une pieuvre. Oui, je vois Sollers, le lis depuis quinze ans, et comprends enfin ce que je n’avais fait que sentir depuis ma lecture de Paradis : il aspire ce qu’est notre temps. Le Nouveau Roman, le maoïsme, le lacanisme, le situationnisme, mais aussi tout le XVIIIe relu au prisme des précédents, il le recrache, Sollers. En fait littérature. Un grand écrivain est une pieuvre, bien sûr. Picasso était une pieuvre. Pas étonnant donc que Laurent Binet ait voulu sa peau, jusqu’à l’émasculer dans la fiction : tuer Sollers, c’est abattre la pieuvre. Tentation naturelle, on veut une nouvelle eau où l’on ne se confronterait à aucune bête dangereuse, sinon aux raies dociles du polar, aux poissons-pilotes du roman populaire, aux gras saumons héritiers du roman du XIXe. Attaquer la pieuvre ne coûte rien, ne dérange personne, en satisfait même pas mal : ces épouilleurs du Nouveau Roman, ces amis de Barthes, cet alcoolo de Debord, ça nous a bien foutus dedans, la preuve, les Américains ne lisent plus d’auteurs français ! (Et oublions que Derrida, qui était aussi un merveilleux exégète de la littérature de la fin du XXe siècle, a fait sa carrière là-bas...) Abattre la pieuvre, c’est redevenir exportable au grand public, c’est redevenir libre d’encenser le « lisible ». Seulement, la pieuvre ne se laisse pas si facilement émasculer. La pieuvre, comme chacun sait, s’autoféconde. Sollers accomplit ce travail difficile rue Gaston-Gallimard, dans un bureau étroit, devant une calligraphie de poète chinois. De la Chine, présente dans son dernier livre, Mouvement, on parlera.
Mais avant, il faudra saisir la genèse du livre que l’auteur présente ainsi : « Le grand roman millénaire de la caverne. » L’aquarium, la grotte, on y est. Lascaux, l’obsession de Georges Bataille, devenue le lieu central de Sollers : le lieu des premiers signes humains. Et que nous dit-il de la grotte ? Beaucoup d’idées dont une : si nous vivons dans une époque si réactionnaire, c’est parce que nous, Français, n’avons jamais su penser la Révolution française. Donc lire Hegel qui, lui, y est parvenu. Il faut revenir au penseur allemand, à sa vie, à sa présence persistante aujourd’hui. Comme dans le nuage d’encre soufflé par le poulpe, on a un sentiment de clarté à écouter Sollers. Il fait bon entendre penser contre la domination des conservateurs, des apocalyptiques, des antilittéraires. Il n’est pas tout seul, convoque ses fantômes dans son livre : « Je revois Georges Bataille, à la fin de sa vie, entrer et s’asseoir très calmement, enfin d’après-midi, dans le petit bureau d’une jeune revue d’avant-garde. Il se taisait beaucoup, et j’écoutais son silence. Il avait l’air heureux d’être là. » Cet après-midi, parmi ses livres, Sollers parle beaucoup : lui aussi a l’air heureux. Maître de l’aquarium. Il me montre une photo d’Hegel, allure de jeune homme, quelques années avant sa mort. Plus tard, sur sa propre jeunesse, lorsque je lui demande si ces procès faits à Tel Quel ne le dérangent pas, il me répond : « Non, ça me rajeunit ! »

Pourquoi convoquer Hegel, figure tutélaire de ce Mouvement  ? En quoi est-il nécessaire à notre époque ?

J’ai voulu montrer un Hegel révolutionnaire, tel qu’il le reste à mes yeux. Dans un livre précédent, Une vie divine, je me suis intéressé précisément à la vie de Nietzsche. Je pense qu’on n’a pas pris la mesure de la biographie de ceux qui prétendent penser : les grands philosophes. Ne parlons pas des intellectuels qui sont depuis quelque temps dans un état que je ne qualifierai pas. C’est à partir de ce constat que s’est détaché Hegel. Je me suis préoccupé de connaître sa biographie, et celle-ci m’a ouvert un espace considérable : Hegel et deux de ses amis, Hölderlin et Schelling, à vingt ans, à Tübingen, viennent d’enregistrer un phénomène considérable, une splendide aurore, une réconciliation de la divinité avec le monde : la Révolution française. Ça n’est pas rien ! La philosophie entre dans l’histoire par deux dates : le christianisme — toutes les transactions mondiales se fondent sur la date chrétienne — et la Révolution française. Là, c’est l’interprétation d’Hegel qui commence et qui va devenir extraordinairement importante sur le plan de l’action politique mondialisable.

Qu’avez-vous appris dans la biographie d’Hegel ?

Il a été très surveillé de son temps, comme Marx le sera aussi. Pour une raison précise, il s’agissait d’une époque très révolutionnaire. Comme nous sommes aujourd’hui dans une époque ultraréactionnaire, c’est intéressant de revenir à l’étincelle révolutionnaire, mais d’un autre point de vue que ce qui a été fait par le marxisme. Ce qui est étonnant, c’est que les Français ne sont pas capables de penser leur révolution ! Pourtant il n’y en a pas eu d’autres, celles qui ont suivies en ont été des copies, pour la plupart désastreuses, à part la chinoise, mais c’était sur un autre socle.

« J’ai voulu
montrer un Hegel
révolutionnaire »

Hegel, c’est un vrai immortel dans votre livre !

C’est le penseur de la mort, ce n’est pas tout à fait la même chose. Ce n’est pas comme la parodie de l’Académie. Souvenez-vous de l’exergue de Madame Edwarda, sur la mort de Hegel. Marx a donc sa clé pour lire Hegel, l’argent. C’est vrai, l’argent domine le monde aujourd’hui. Mais vous remarquerez qu’il ne parle jamais de la mort. Or on y est en plein non ?

Freud apparaît aussi dans le roman, vous êtes très dur avec son héritage...

Je ne comprends pas comment le roman familial peut survivre après l’intervention de ce docteur de génie, enfin. Mais oui, Freud, c’est fini. On peut faire comme si ça continuait, ma femme est psychanalyste, j’ai avec elle des discussions passionnantes. Voici ce qu’elle me dit par exemple il y a six mois : je suis frappée par le fait que beaucoup de patients se plaignent de ne pas pouvoir mémoriser ce qu’ils viennent de lire. Et si c’était vraiment là que ça se passait ? La mémoire n’est plus entraînée. La lecture et l’écriture sont un sport, un sport de haut niveau. Si on n’entraîne pas ce corps-là, il devient flasque, superstitieux, poreux, passif. Et il peut même aller jusqu’à une soumission, pour parler comme notre écrivain national qui a mis le doigt sur ça à travers la recherche d’un dieu, mais le dieu ultradécadent de la fin du XIXe siècle, le dieu de Huysmans. Pourquoi Huysmans, alors que vous allez avoir Proust ? Parce que Proust, c’est trop long, c’est trop nuancé, trop compliqué. Tout est là pour créer des ruines, et éventuellement une passivité coopérante, réactionnaire. Il n’est plus question de révolution française, c’est sûr. Il n’est même plus question du catholicisme, d’où le pauvre Houellebecq qui se pointe dans un monastère sans succès...

Lorsque vous évoquez Bataille qui venait à Tel Quel, était-ce pour assister aux débats intellectuels qui vous animaient ?

Non, le débat intellectuel, ça bavarde, ça bavarde, et ça ne dit pas grand-chose. Il faut s’occuper des œuvres qui sont conduites par des singularités réfractaires à toute idéologie. Il faut des œuvres. Bataille, c’est une œuvre, et pas n’importe laquelle. Sauf qu’il a fallu quarante ans avant que ses romans passent en Pléiade [1] !

Le premier livre cité dans Mouvement, c’est la Bible. On ne s’y attend pas, dans un livre consacré à Hegel...

Oui, le narrateur a besoin d’entendre les psaumes parce qu’il entend la nuit gronder. La grande poésie y éclate. Petit à petit, nous évoluons, avec Hegel, jusqu’à la poésie chinoise. C’est très encyclopédique, Hegel. C’est à refaire l’encyclopédie, avec Barthes on dînait, il me disait que ça allait très mal — déjà ! —, qu’il fallait refaire l’encyclopédie. Et puis Barthes est mort. Je la fais tout seul.

Vous vous plaignez de la disparition des dieux grecs aussi...

Oui, parce que j’ai fait du grec et du latin dans mon enfance, et je pense que si vous supprimez le latin et le grec, c’est tout vu, vous entrez dans la barbarie la plus constante. Ça s’est vu, et c’est en train de se revoir. Regardez la Grèce d’aujourd’hui, regardez l’État islamique, c’est effrayant. Comme Heidegger, le penseur maudit de notre temps, qui est refusillé toutes les semaines. Mais à force de lui faire des procès, de le dire épouvantable, on signale son importance. De la Bible à Heidegger, quelle merveille, non, que ce Mouvement, roman dû à Hegel ?

Vous écrivez dans votre livre sur « le prédicateur apocalyptique » qui entre à l’Académie française. On a entendu, justement, Alain Finkielkraut déclarer que l’Académie française était le dernier rempart de la civilisation. Ça vous amuse ?

« J’adore le mot
d’Hemingway, quand ça va
très mal la littérature
est en première ligne. »

C’est pathétique. Consternant. Ce qui est étonnant, c’est que ça suscite autant de stupeur.

Vous avez lu le livre de Laurent Binet, La Septième fonction du langage ? Vous y êtes le seul écrivain attaqué. Comment l’expliquez-vous ?

Oui, attentivement. Il fallait que je laisse croire que je ferais un procès. Ça fait partie de la casuistique. Vous avez aimé mon émasculation ? Ça a plu à tout le monde. Dans ce livre, tout ce qui a pu être effervescent dans la pensée est à éradiquer. D’abord le spectre de 68, Sarkozy a commencé, et ça se suit, tout se tient. Foucault est protégé par son église, mais Barthes, Lacan sont plus vulnérables. Derrida aussi est protégé, il y a l’Algérie, c’est plus difficile. Tout est fait pour ramener une nouvelle version de l’histoire, politiquement correcte, fondée sur le bien. On recherche donc un saint laïc. Péguy ! Péguy, c’est vachement plus fort que Barthes. Et ne parlons pas de Bataille ! C’est dégoûtant, Bataille ! J’adore le mot d’Hemingway : « Quand ça va très mal, la littérature est en première ligne. » Pourquoi pas. C’est la lutte à mort. C’est raisonnable, au sens hégélien. Je m’enchante de ça, c’est la guerre. La poésie, c’est la guerre, comme disait Mandelstam. Sauf qu’une émasculation, tout de même, avec la pauvre Julia Kristeva qui porte mes couilles, c’est très, très raciste, au bord du fascisme, et ça personne n’a voulu le voir, sauf elle...

Crédit Transfuge

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TRANSFUGE

Au sommaire de ce numéro :
GEOFFROY DE LAGASNERIE Le penseur de la gauche qui monte... Le jeune philosophe et sociologue signe un essai magistral sur la justice pénale. Juger. Dossier : Le meilleur de la littérature arabe. Philippe Sollers : Vous avez aimé mon émasculation ? Ça a plu à tout le monde. Focus sur la nouvelle garde du cinéma français : Léa Fehner, Emmanuel Bourdieu, Lucile Hadzihalilovic.

Editeur : TRANSFUGE
Périodicité : mensuel
Numéro 96 du Mercredi 24 Février 2016.
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Le poulpe

A quoi a pensé Oriane Jeancourt Galignani dans le bureau de Sollers ? A Lautréamont bien sûr.

« O poulpe, au regard de soie ! toi, dont l’âme est inséparable de la mienne ; toi, le plus beau des habitants du globe terrestre, et qui commandes à un sérail de quatre cents ventouses ; toi, en qui siègent noblement, comme dans leur résidence naturelle, par un commun accord, d’un lien indestructible, la douce vertu communicative et les grâces divines, pourquoi n’es-tu pas avec moi, ton ventre de mercure contre ma poitrine d’aluminium, assis tous les deux sur quelque rocher du rivage, pour contempler ce spectacle que j’adore ! »

Lautréamont, Les Chants de Maldoror, Chant premier, strophe 9.

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5 Messages

  • V. Kirtov | 1er mars 2016 - 19:40 1

    Au déjeuner des best-sellers, au Royal Monceau, le 16 février 2016. Compter parmi les auteurs les mieux vendus en France ne suffit pas à épater ses enfants. C’est pourquoi, à l’Hôtel Le Royal Monceau, à Paris, des écrivains à succès réunis pour le déjeuner des best-sellers font des selfies avec la youtubeuse Marie Lopez, elle-même auteure à succès. [...]

    On se présente à table. Paul Veyne, l’auteur de Palmyre, l’irremplaçable trésor, s’excuse presque d’être là. « Je ne suis pas écrivain, je suis juste érudit. » Arrivé en retard, Laurent Binet consulte le palmarès des meilleures ventes de l’année. « Houellebecq est là ? », demande-t-il en scannant l’assistance. « J’imagine que non, sinon je ne serais pas à cette table », se ressaisit-il en voyant qu’il est assis à la table centrale, qu’il suppose - à tort - être celle des plus gros vendeurs. A l’autre bout de la table, Amélie Nothomb a réussi à obtenir une nouvelle coupe de champagne. « Seize ans pour en arriver là... »

    Elle assure à Laurent Binet qu’elle aurait volontiers voté pour son livre, La Septième Fonction du langage, au prix Décembre (sa lauréate, Christine Angot, n’est pas assise à portée d’oreilles), mais qu’il n’a pas idée du culte que Josyane Savigneau, journaliste au Monde et présidente du jury, voue à Philippe Sollers. « Plus fort encore que le culte que Philippe Sollers voue à Philippe Sollers ? », s’amuse Laurent Binet. A ceux qui se demandent pourquoi cette allusion à Philippe Sollers, c’est parce qu’il fait partie des personnages que Laurent Binet a empruntés pour son roman. Il y en a plein d’autres. On pourrait aussi parler des réactions d’Umberto Eco (à l’époque de ce déjeuner, il n’était pas encore mort) sur la façon dont il est représenté dans le livre. Mais il s’y exprime surtout par des « Ma », des « Bene » et des mouvements de barbe, tandis que Sollers s’y fait couper les testicules. « Vous savez, Philippe Sollers, c’est un vieux monsieur maintenant... », essaie de temporiser un journaliste littéraire. « Oui, mais ce sont les lois de la nature, les jeunes butent les vieux », réplique Binet,
    […]
    Puis on parle de la marée de livres politiques. Celui de François Hollande est attendu au printemps. « Mais son historique de ventes est très mauvais », assène quelqu’un.

    Francis Esménard, patron d’Albin Michel, prend le verre de vin blanc d’Amélie Nothomb qu’il reverse dans son verre. L’écrivaine chapeautée, malgré l’ébriété, sait garder un mot pour chacun. Elle interroge le journaliste Jérôme Dupuis, célèbre débusqueur de plagiats, sur le plus gros qu’il ait révélé. En volume, sans doute les cent pages de PPDA sur Hemingway, répond-il. « Vous écrivez en ce moment ? », demande-t-elle ensuite à Laurent Binet. « Vous, je ne vous demande pas... », blague-t-il. Mais oui, effectivement, il écrit, « une idée géniale », une fresque historique qui exige d’apprendre l’espagnol. « Et là, ils sont tous morts comme ça, je n’aurai pas de souci. »

    Guillemette Faure
    Chroniqueuse M le Magazine du Monde


  • Thelonious | 29 février 2016 - 00:04 2

    Oh ! C’est donc une méprise de ma part Mr Untel, toutes mes excuses. Mais pourquoi une burne, vous souhaitez mon émasculation ?


  • Untel | 27 février 2016 - 18:12 3

    Excusez-moi Mr Thelonious Moinillon, je ne suis pas un intellectuel, au regard de cette société je ne suis rien et peut-être même un moins que rien, je me suis sans doute mal exprimé mais mon intervention est un éloge et de Heidegger et de Sollers qui se font constamment piller et insulter, alors soit vous le faites exprès soit vous êtes une burne.


  • Thelonious | 27 février 2016 - 14:04 4

    Un tel contresens de Mr Untel est remarquable ! Sollers pilleur, ne citant jamais ses sources ? Et puis quoi encore ? Alors qu’il n’arrête pas de dire qu’il refait l’Encyclopédie ! Lui qui rend hommage aux classiques en faisant résonner leurs phrases comme personne !


  • Untel | 26 février 2016 - 13:30 5

    Est-ce qu’existe encore la notion de "Maîtres anciens" pour reprendre le titre du livre de Thomas Bernhard c’est-à-dire des artistes qui, à leur début, copient leurs illustres prédécesseurs avec passion et reconnaissance et ensuite prennent leur propre voie, sans pour autant cracher ultérieurement sur leurs maîtres ? Sûr on n’a jamais autant copié les artistes d’avant mais ce qu’il y a de remarquable dans cette époque c’est que ceux qui pillent allègrement les œuvres jamais ne citent leur inspirateur si ce n’est pour le railler et le torturer au pilori de leur méchanceté ; ainsi l’œuvre de Heidegger, celle de Sollers.