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Art et Politique chez Philippe Sollers

Par Aliocha Wald Lasowski

D 4 décembre 2014     A par Aliocha WALD LASOWSKI - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


ART ET POLITIQUE CHEZ PHILIPPE SOLLERS

Littérature et politique, Philippe Sollers, éd. Flammarion, 810 p., 25 €

et

Dictionnaire amoureux de Venise. Version illustrée, Philippe Sollers, éd. Plon et Flammarion, 254 p., 30 €.

Face au chaos du monde, l’écrivain est à l’affût, guettant les mots, prêt à faire résonner un gai savoir et une joie nouvelle, si rares aujourd’hui. Pour comprendre l’actualité, il faut ouvrir un livre, explique Philippe Sollers, « la vraie morale est là, avec l’acide et l’ironie qui conviennent à chaque situation ». Face à la tragédie contemporaine, la littérature est politique, elle est un acte d’interruption et de réveil, qui ouvre vers la liberté et la singularité poétiques. Dans Littérature et politique, Sollers parcourt le monde à travers notes et réflexions qui visent l’aujourd’hui littéraire et artistique. De « Bonheur de Sartre », où Sollers évoque à merveille la complicité amoureuse comme réponse au mensonge et à la haine sociale - « Sartre et Beauvoir sont joyeux, voilà le crime » - à « Musique », sur la puissance active qui conduit à passer tout un été en compagnie exclusive de Mozart... D’« Amour », qui rend un vibrant hommage à Christiane Taubira, l’actuelle Garde des Sceaux, fidèle lectrice d’Aimé Césaire et d’Edouard Glissant, que Sollers décrit avec amour - « elle est transportée, transportante, transvasante » à « Passion », où il imagine un film d’Hitchcock avec James Stewart incarnant Edward Snowden, jeune informaticien qui a révélé les programmes de surveillance américains...

Devant les images de mort, en boucle à la télévision, et le poison de ces spectacles de désolation, Sollers pratique l’art du sublime et mobilise l’énergie fulgurante de l’artiste : « Il serait temps que la France retrouve un peu de ses esprits. Seule la bonne littérature y aide. » Si l’immédiateté évanescente nous submerge, conclut Sollers, « ce livre est en définitive un vibrant éloge de la politique », la vraie, l’authentique.

Mais où la trouver ? L’envers de l’histoire contemporaine, il faut le trouver dans le Dictionnaire amoureux de Venise de Sollers, publié dans une superbe version illustrée. Retour à Venise et à l’esprit des Lumières, entrelacement de chemins et déambulation vibrante avec Monteverdi, Vivaldi ou Mozart. Art et politique se retrouvent : face à Rome, pouvoir central et massivité de l’autorité, Venise s’offre en lagunes, modelée comme un souffle ou comme une éponge, toute entière dans le corps glorieux de ses navigateurs et de ses marchands, en mouvements secrets, dispersés et insaisissables. Comme Sollers lui-même.

ALIOCHA WALD LASOWSKI (*)


(*) Maître de Conférences en philosophie à l’Université catholique de Lille (note pileface)

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