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Ainsi parlait Zarathoustra

Correspondances peinture, musique et philosophie

D 21 décembre 2012     A par B. Bouin - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Artiste peintre passionné par le rapport Musique-Peinture, Bernard Bouin nous a écrit pour nous donner sa vision de « Ainsi parlait Zarathoustra ».
Le sujet n’est pas étranger au propos de pileface : Philippe Sollers nous a donné sa propre vision de Friedrich Nietzsche dans Une vie divine, et les références au philosophe abondent dans son œuvre.

Outre le sujet, Pileface n’aime rien tant que ces jeux de pile et face sur et autour de Sollers. Aussi, sommes nous heureux d’accueillir, dans la "Tribune des Lecteurs",
un peintre,
pour un pile-face musico-pictural.

V. Kirtov

Avant-propos

J’aime la musique....

C’est à la suite du concert de Richard Strauss « Ainsi parlait Zarathoustra » Dimitri Liss et Orchestre de l’Oural au moment de la Folle Journée de Nantes en 2011 que j’ai imaginé relier cette oeuvre avec 14 peintures.

Ainsi parlait Zarathoustra

Ensemble de quatorze peintures de Bernard Bouin

d’après l’oeuvre de Friedrich Nietzsche
« Ainsi parlait Zarathoustra » (1883 - 1885)
et

du poème symphonique du même nom, opus 30
de Richard Strauss

« Sans la musique, la vie serait une erreur,
une besogne éreintante, un exil »

« On pourrait peut-être classer
tout le Zarathoustra dans la musique ? »

Friedrich Nietzsche

Philosophe musicien

et

philosophe parce que musicien.

La composition de l’ensemble suit la structure de l’oeuvre musicale de Richard Strauss.

En effet, j’aimerais que mon projet soit comme un éloge à la musique comme elle a été au centre de la vie de Nietzsche.

Je suis moi-même revenu à Nietzsche par la musique...

En faisant des lectures multiples de Zarathoustra, j’ai isolé les aphorismes qui pourraient faire naître "mes images".

J’ai longtemps cherché ce que pouvait être cette joie à laquelle Nietzsche nous appelle et certains textes (l’enchanteur) m’ont conduit jusqu’au "Le dithyrambe à Dionysos" (même si Nietzsche n’évoque pas Dionysos dans "Zarathoustra") et j’en ai fait un épilogue : la plainte
d’Ariane.

Bien sûr, il n’était pas question pour moi d’embrasser l’ensemble de l’oeuvre, mais plutôt d’en donner ma vision personnelle.

J’ai travaillé pour créer mes "images" entre la musique de Richard Strauss et les aphorismes de Friedrich Nietzsche que j’ai choisis.

Je veux lier ainsi peinture, musique et philosophie.

Avec ce projet, j’aimerais réussir être "un passeur" pour le plus grand nombre vers Nietzsche, vers sa philosophie et vers son amour de la Musique et de la vie : la musique comme langage du corps.

Il pense dans le paysage, en marchant, et son Zarathoustra est aussi très visuel : c’est ainsi que sont nées "mes images"...

Dans cette oeuvre, je veux poursuivre ma quête picturale en particulier celle de l’installation musique-peinture « Le Chant du jour » crée à Vannes en 2010 avec le violoncelliste Bruno Cocset.

Bernard Bouin, Octobre 2012.

Le poème symphonique « Ainsi parlait Zarathoustra »

opus 30 de Richard Strauss


Richard Strauss (1864-1949) : « Ainsi parlait Zarathoustra », Op.30 (1896)
Herbert von Karajan : Berliner Philharmoniker
(durée 36’11)

Antagonisme des tonalités, antagonisme des éléments thématiques

S’opposent d’emblée deux tonalités : Do majeur symbolique de la nature, Si mineur symbolique de l’esprit humain.

... Les épisodes s’enchaînent par association des idées musicales, par leur dissolution , déconstruction souvent accompagnée d’une

diminution de la sonorité ou au contraire de son exaspération liée à celle de l’écriture, art consommé de la métamorphose, de la mystification qui donne une signification opposée aux mêmes motifs...*

* Analyse musicale Geneviève Deleuze

Enregistrement Decca Herbert Von Karayan, Orchestre de Vienne 1959 durée 33’26.

Correspondances peinture, musique et philosophie

« Le caractère de l’ensemble du monde
est de toute éternité celui du chaos »

Je vous le dis :
il faut avoir encore du chaos en soi
pour enfanter une étoile dansante.

Je vous le dis :
vous avez encore du chaos en vous.*

*Ainsi parlait Zarathoustra Friedrich Nietzsche

« Et savez-vous bien ce qu’est « le monde » pour moi ?
Voulez-vous que je vous le montre dans mon miroir ?

Ce monde : un monstre de force, sans commencement ni fin ;
une somme fixe de force, dure comme l’airain, qui n’augmente, ni ne diminue,
qui ne s’use pas mais se transforme, dont la totalité est une grandeur invariable...
une mer de forces en tempête et en flux perpétuel...un flux et un reflux de ses formes,
allant des plus simples aux plus complexes, des plus calmes, des plus fixes,
des plus froides aux plus ardentes, aux plus violentes, aux plus contradictoires,
pour revenir ensuite à la simplicité, du jeu des contrastes au besoin d’harmonie,
affirmant encore son être dans cette régularité des cycles et des années,
se glorifiant dans la sainteté de ce qui doit éternellement revenir,
comme un devenir qui ne connaît ni satiété ni dégoût, ni lassitude :
voilà mon univers dionysiaque qui se crée et se détruit éternellement lui-même...

voulez-vous un nom pour cet univers ?

une solution pour toutes les énigmes ?

Ce monde, c’est le monde de la volonté de puissance — et nul autre ! »*

* Fragments posthumes, automne 1884-automne 1885
— Friedrich Nietzsche



Le lever du soleil (100x81cm)


La lumière du jour (100x81cm)


Le couchant doré (81x100cm)


Il est nuit (81x100cm)


La nuit du tombeau (81x100cm)


Le chant de l’Univers / Le lever de terre (100x81cm)


Le chant de l’Univers / Le lever du soleil (100x81cm)


La joie (114x146cm)


Le chant des saisons / Le printemps (81x100cm)


Le chant des saisons / L’été (81x100cm)


Le chant des saisons / L’automne (81x100cm)


Le chant des saisons / L’hiver (81x100cm)


Le chant des voyageurs / Minuit profond (100x81cm)


La nuit est un soleil aussi : Plainte d’Ariane (100x81cm)

Faîtes glisser le curseur pour découvrir peintures et textes associés ;

La chanson ivre

....Ne le sentez-vous pas ce parfum ?

un parfum qui monte vers nous, secrètement, un parfum, une odeur d’éternité,

le bouquet d’un vin d’or bruni, délicieux comme un parfum de rose,

le parfum d’un très ancien bonheur, du bonheur enivré de mourir à Minuit, du bonheur qui chante :

Le monde est profond, plus que le Jour ne l’imagine...

Avez-vous jamais dit oui à une joie ?

O mes amis,

vous avez alors dit oui en même temps à toute douleur.

Toutes les choses sont enchaînées, enchevêtrées, amoureusement liées.

Avez-vous jamais souhaité qu’une même chose revienne deux fois ?...

Alors vous avez souhaité le Retour de toutes choses,

toutes revenant de nouveau, toutes éternelles, enchaînées, enchevêtrées, amoureusement liées ;

Oh ! c’est ainsi que vous avez aimé le monde !...

Toute joie veut l’éternité de toutes choses,

veut du miel, veut la lie, veut l’ivresse de Minuit, veut les tombes,

veut la consolation des larmes funéraires, veut la splendeur dorée du couchant.

Que ne veut la joie !

Elle est plus avide, plus tendre, plus affamée, plus terrible, plus secrète que tous les maux ;

elle se veut elle même, elle mord dans sa propre chair,

en elle se referme la volonté du cycle éternel,

Elle veut l’amour, elle veut la haine,

elle est d’une richesse surabondante, elle donne, elle gaspille,

elle supplie qu’on accepte ses dons, elle remercie ceux qui acceptent,

elle souhaite qu’on la haïsse.

Si riche est la joie qu’elle à soif de douleur,

d’enfer, de haine, d’opprobre, d’infirmité, de monde - vous la connaissez bien !..

Car toute joie se veut elle-même, - elle veut donc aussi l’affliction.

O bonheur, ô douleur ! Brise-toi, ô coeur !

Sachez-le donc, toute joie veut l’éternité,- la joie veut l’éternité de toute chose,

Elle veut une profonde, profonde éternité !*

Textes empruntés librement à « Ainsi parlait Zarathoustra » de Friedrich Nietzsche — Traduction Geneviève Bianchis — Editions Montaigne.

Dithyrambe à Dionysos - la plainte d’Ariane » de Friedrich Nietzsche — Traduction Henri Albert.

http://www.bernardbouin.com


Lettre ouverte

Cher Philippe Sollers,

J’espère vous intéresser à ce projet.
Le cheminement qui m’a conduit à le concevoir et ses grandes lignes sont présentés dans l’avant-propos ci-dessus.

La composition de l’ensemble suit la structure de l’oeuvre musicale de Richard Strauss, c’est le scenario.....
Les peintures seraient présentées dans un lieu d’exposition afin que le public suive l’exposition au rythme du poème symphonique de Strauss.
Il existe une transcription pour deux pianos faite par Otto Singer en 1896 (elle a été jouée par Nicholas Angelich et François Frédéric Guy au Musée d’Orsay en 2001) qui permettrait une réalisation moins lourde.... à réaliser .
J’ai proposé à deux pianistes de travailler ensemble cette transcription pour pouvoir la présenter à cette occasion sous forme d’un concert.
A cette occasion une vidéo des peintures ( avec les textes de Nietzsche qui ont structuré mes "images") seraient projetée pour lier peinture et musique.
En effet, j’aimerais que mon projet soit comme un éloge à la musique comme elle a été au centre de la vie de Nietzsche.
A partir de la peinture "La joie" 114 x 146 cm ( dans le paysage de Sils Maria ! "Restez fidèles à la terre" dans l’abri-bus Dionysos, Apollon et le Serpent..)) , j’essaie de décrire la vision chaotique du monde et comme une ultime sagesse pour échapper au Nihilisme...l’acceptation joyeuse par l’homme de sa condition : Minuit est aussi Midi.
Je veux lier ainsi peinture, musique et philosophie
Nietzsche semble avoir eu peu d’intérêt pour la peinture, en dehors de Le Lorrain ou de Nicolas Poussin (que j’aime tant moi aussi et je lui rends hommage dans ce travail ainsi qu’ à Giorgione-Le Titien).
Nietzsche est d’abord pour moi un artiste, un poète même s’il est surtout un grand philosophe.
Il pense dans le paysage, en marchant, et son Zarathoustra est aussi très visuel : c’est ainsi que sont né "mes images".

J’espère vous intéresser avec ce projet.

Bernard Bouin

PS : J’’ai exposé récemment à Paris, Galerie de L’Europe 55 rue de Seine, 6e.
(carton de l’exposition et critique dans la Gazette de l’Hôtel Drouot(pdf), pour information.

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