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La guerre des transmissions

D 13 avril 2011     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Paris (GMT+1)

Pékin (GMT+8)

Chine. Nous sommes en 20XX, les rebelles chinois ont pris les armes et affrontent le pouvoir central. Un vieux slogan, illusoire, a refait surface « Assez ! Plus de démocratie ! Plus de liberté ! ». Les blindés, l’artillerie et même l’aviation chinoise pilonnent les foyers rebelles dans les grands centres du pays, depuis déjà quatre longues semaines. Les témoignages qui filtrent font état de milliers de morts civils, l’ONO, l’Organisation des Nations de l’Occident - qui a succédé à l’ONU quand les Occidentaux ont pris conscience que les Chinois avaient transposé à l’économie, l’Art de la guerre - vote une intervention armée pour protéger les populations civiles chinoises.

Des bombardiers furtifs de la FONO, la force d’intervention de l’ONO, sont entrés en action, cette nuit à minuit, heure locale et se sont succédés sans relâche jusqu’à 6 heures, ce matin, heure locale, afin de détruire artillerie lourde, avions et blindés engagés contre les rebelles. Frappe sans précédent dans l’Histoire chinoise. Frappe justifiée par l’ONO compte tenu des moyens disproportionnés engagés par le pouvoir chinois et les nombreux morts civils. L’ONO sait aussi que cette frappe, pour exceptionnelle qu’elle soit, dans son intensité et dans ses résultats, ne pourra venir à bout de l’armée chinoise, dont les bases arrière regorgent de matériel militaire, fruit du programme de réarmement long-terme engagé depuis le début des années 2000.

C’est pourquoi la FONO a décidé d’utiliser son arme jusque là tenue secrète. Immédiatement après le bombardement conventionnel, une deuxième attaque a eu lieu, plus discrète, mais dont on attend beaucoup. « C’est le premier acte de guerre électronique à l’échelle d’un continent » déclare-t-on dans l’entourage du Haut Commandement. Une opération coordonnée relayée par les satellites espions et « bombes informatiques », ces virus Internet spéciaux conçus par la Nasa et installés, au fil des années, au c ?ur des serveurs des fournisseurs d’accès Internet chinois, routeurs téléphoniques, et centres stratégiques. Le contrôle des serveurs, par le pouvoir chinois, qui en avait, de facto, limité la prolifération incontrôlable, comme en Occident, va peut être se révéler son talon d’Achille. Ces bombes informatiques dormantes viennent d’être activées. Elles ne visent rien moins qu’à parasiter le réseau de communication, radio, téléphone, informatique chinois. Les programmes de routage informatique des messages Internet et des communications téléphoniques sont devenus fous. Les messages ou conversations réputés sensibles sont éliminés, les autres distribués aléatoirement à n’importe quel destinataire... Une vraie pagaille ! Les communications sont rompues entre les forces militaires sur le terrain et les organes de décision centraux.

C’est alors qu’un colombophile français se manifesta dans l’émission matinale de France Inter (6 heures en retard sur la Chine, à l’heure d’été de ce matin printanier) : « La parole aux auditeurs ».
- « C’est à vous, Mr... »
- Adjudant Bertrand, du colombier militaire du Mont Valérien
- Posez votre question.
- Les généraux de la FONO ont-ils prévu des boulettes de poison pour empoisonner les pigeons ?
- Nous sommes en guerre, les plaisanteries ne sont pas de mise répliqua sèchement l’animateur. Vous êtes militaire ? Si j’étais votre chef, je vous mettrais aux arrêts.
- Je suis très sérieux, Monsieur. D’ailleurs certains de vos auditeurs s’en souviennent peut-être :

En 2011, les Chinois ont constitué une armée de pigeons voyageurs, justement pour faire face à une paralysie de leurs moyens de communication en cas de guerre.

J’ai là un article de l’époque. Je l’ai conservé, car les pigeons, c’est ma passion. Et l’armée française s’honore d’en conserver la mémoire. Pas comme vous, Monsieur !

La Chine forme une armée... de pigeons voyageurs

L’information a été annoncée sur la chaîne de télévision nationale CCTV [1], relayée par chine-informations.com (et a été reprise par les grands et plus petits journaux français.)

La Chine va recruter quelques 10 000 pigeons voyageurs et les former à leur mission militaire. Les oiseaux devraient notamment être utilisés pour permettre d’échanger des messages essentiels en cas de rupture massive des moyens de communication. Ces pigeons pourraient aussi être envoyés sur différents fronts en cas de conflit.

Selon les médias chinois, les pigeons sont formés par une unité spéciale de l’Armée populaire de Libération, dans le centre ville de Chengdu. « Dans la guerre moderne, le pigeon est indispensable... et nous avons autant de pigeons qu’il y a de soldats dans l’armée suisse par exemple »(sic) a déclaré Chen Hong, un expert de l’armée de l’air.

Chen Chuntao, l’officier chargé d’entraîner les volatiles, a aussi indiqué : « C’est le moyen de communication le plus efficace pour les petites et moyennes distances. De plus, en cas d’interférences ou de pertes de signaux, ils sont un outil efficace pour communiquer. ».

La Chine avait déjà créé une division de pigeons dans son armée en 1950, mais l’unité d’alors n’avait que quelques centaines de volatiles utilisés pour les correspondances entre les bases chinoises sur les îles de la mer de Chine et le continent.

« Une initiative qui ne manque pas d’air, mais qui pourrait s’avérer payante si les systèmes de communication actuels avaient du plomb dans l’aile... » ajoutait un commentaire de blogeur.

Le colombier militaire du Mont Valérien

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Colombier militaire du Mont Valérien

La mémoire colombophile militaire est entretenue au Mont Valérien, où l’on trouve le dernier colombier militaire français, sous les auspices du 8° Régiment des Transmissions. Au c ?ur du musée de la colombophilie militaire. Souvenons nous du pigeon nommé Vaillant (matricule 787.15), héros de la 2ème guerre mondiale, et remis dans l’actualité par un film d’animation sorti en 2005 par les studios Vanguard dont le pigeon-Soldat jouait le rôle de transporter des messages.

Un autre pigeon célèbre s’est illustré, lui, dans la 1ère guerre mondiale - lors du siège du fort de Vaux, cerné et bombardé journellement par l’armée allemande - lâché le 4 juin 1916 à 11h30 pour apporter à Verdun un ultime message du Commandant Raynal défendant la place. Le pigeon soldat a eu le privilège d’être cité à l’ordre de la Nation (un fac-similé de cette distinction est conservé au colombier militaire du Mont-Valérien) pour avoir transporté au travers des fumées toxiques et des tirs ennemis le message suivant :

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Monument : Au pigeon soldat.
Situé à Charleroi, Belgique, dans le parc Astrid
« Nous tenons toujours, mais nous subissons une attaque par les gaz et les fumées très dangereuses. Il y a urgence à nous dégager. Faites-nous donner de suite toute communication optique par Souville, qui ne répond pas à nos appels. C’est mon dernier pigeon. Signé : Raynal. »

Qu’est devenue la rebellion chinoise ?

Le lendemain de l’attaque de la FONO, sur France Inter, lors du bulletin d’informations suivi du quart d’heure « La parole aux auditeurs », le journaliste-animateur s’excusa, au nom de la chaîne, auprès de l’adjudant Bertrand. L’agence Chine Nouvelle avait annoncé que face à l’agression barbare impérialiste, l’armée chinoise avait engagé son unité de pigeons-soldats dans les opérations de maintien de l’ordre au sein de ses provinces, et que les communications militaires étaient assurées. Le Président chinois indigné exige des excuses et réparation.
Le Haut Commandement de la FONO s’interroge sur la nouvelle riposte à adopter.
L’adjudant Bertrand, lui, propose une collecte pour offrir une bible au commandant, afin de méditer sur son imprévision, avec un signet(*) à la page où Moïse raconte qu’après le déluge, alors que les eaux recouvraient encore la terre, Noé lâcha une colombe. Celle-ci revint à l’arche, comme ses congénères colombes ou pigeons savent revenir à leur colombier depuis les premiers temps de la civilisation. Celle-ci portait un rameau d’olivier.

« Puissent les Chinois, lâcher une colombe de la paix » lut-on, le lendemain, sur le blog de l’adjudant Bertrand, du colombier militaire du Mont Valérien du 8ème Régiment de Transmissions.

(*) sur le signet, cette mention : « Méditer aussi Homère et l’histoire d’Achille »


La Chine en guerre

Dans La Chine en guerre, Philippe Sollers citait le chapitre 13 du « Sun Tzu [2] » ( le plus important) qui traite du renseignement et de l’espionnage : Selon Sun Zi (ou Sun Tzu) :

« Il existe cinq sortes d’agents : les agents indigènes, les agents intérieurs, les agents retournés, les agents sacrifiés, les agents préservés. Lorsque ces cinq sortes d’espions sont simultanément à l’ ?uvre sans éveiller les soupçons, le souverain a tissé un filet magique, lequel constitue le plus précieux de ses trésors. »

Et les pigeons  ? Sun Zi serait-il moins pertinent qu’on veut bien le clamer ? Mais non, les pigeons soldats font partie des agents intérieurs, à part entière. Et ceci même au Vè siècle avant J.C. quand le général Sun Zi expérimentait son Art de la guerre. Les Chinois comme les Égyptiens, les Perses, les Grecs, ont utilisé les pigeons voyageurs comme messagers lors de leurs campagnes de guerre, depuis fort longtemps. Leur domestication par les Chinois remonterait même à quelques trois millénaires si l’on en croit les conclusions des archéologues suite à la découverte d’un pigeon en jade, de cette époque, trouvé dans des fouilles au Hénan en 1976 [3].

Et aujourd’hui encore, une étrange coutume survivrait à Pékin.

Les pigeons de Pékin

« les pigeons de Pékin ne sont pas des volatiles ordinaires : ils sont, pour la plupart, élevés et choyés dans le calme des vieilles cours de la capitale, et portent, attaché à la queue ou aux pattes, un sifflet qui vrombit quand ils volent. C’est une étrange coutume qui mérite quelques explications. » [4]

Wang Shixiang , un vieux Pékinois a publié il y a quelques années un livre sur le sujet, co-édité avec un expert du collège d’agriculture du Shandong. Wang Shixiang relate une bataille entre l’armée des Song et celle des Xia de l’Ouest, vers l’année 1041. « L’histoire raconte que l’armée Song découvrit plusieurs boîtes en bois fermées le long de leur route. Le capitaine ordonna de les ouvrir, et des centaines de pigeons s’en envolèrent, les sifflets attachés à leurs pattes dévoilant la présence des Song et leur position (différentes voies avaient été piégées). Les soldats Song se retrouvèrent bientôt dans une embuscade tendue par leur ennemi ainsi averti - stratagème non répertorié par Sunzi ! » (sic) [5].


[105/03/2011

[2Sun Tzu ou Sun Zi (en pinyin). D’ailleurs, aujourd’hui, il faut dire Sun Zi puisque la transcription pinyin du mandarin standard a été adoptée en 1979 par le gouvernement chinois. Pinyin signifie littéralement « épeler les sons ». Le pinyin est la transcription phonétique officielle en écriture latine.

[4ditto

[5ditto

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