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Le Siècle des nuages, de Philippe Forest

Ils en parlent et c’est très bien

D 17 septembre 2010     A par Albert Gauvin - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Philippe Forest s’entretient avec Sylvain Bourmeau à l’occasion de la parution de son livre "Le Siècle des nuages" (Gallimard), l’un des 30 livres de la rentrée littéraire Mediapart 2010.

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Le roman

Inspiré par la vie du père de l’auteur, ce roman raconte un siècle terminé à travers les progrès de l’aviation.

Quatrième de couverture

« Ils descendaient depuis l’azur, laissant vers le bas grossir la forme de leur fuselage, traçant doucement leur trait au travers des nuages. Le vrombissement des quatre moteurs, juchés sur le sommet des ailes, enflait, vibrant dans le vide, résonnant jusqu’à terre. Leur ventre touchait enfin la surface de l’eau, projetant à droite et à gauche un panache puissant qui retombait en écume, bousculant tout avec des remous épais qui dérangeaient les barques amarrées et remontaient haut sur le bord des berges. C’était l’été sans doute. Les vacances étaient déjà commencées. Il avait couché son vélo dans l’herbe toute brûlée par la chaleur du soleil. Peut-être attendait-il allongé sur le sol ou bien se tenait-il assis sur un ponton, les jambes se balançant au-dessus du courant très lent. À perte de vue, le grand ciel bleu du beau temps recouvrait le monde. Il regardait descendre vers lui le signe en forme de croix de la carlingue et des ailes. Lorsque l’avion heurtait l’eau, le choc le ralentissait net. Forant dans le fleuve une tranchée immatérielle, il creusait son sillage entre les rives, rebondissant formidablement d’avant en arrière, basculant sur l’un et puis l’autre de ses flancs, oscillant sur ses deux flotteurs jusqu’à ce qu’il s’arrête enfin : rond avec son ventre vaste comme celui d’une baleine, inexplicable parmi les péniches et les navires de plaisance, immobile comme un paquebot étrange mouillant au beau milieu des terres. »

Les premières pages du Siècle des nuages.

Le Siècle des nuages, de Philippe Forest, Gallimard, 560 p.

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Interview de Philippe Forest par Jacques Henric

art press n°370 (août 2010)

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Ph. Forest (photo : J. Henric)

Le titre le dit, c’est l’histoire d’un siècle, le nôtre, le 20e. C’est l’histoire d’un pays, le nôtre, la France. C’est l’histoire d’une famille, celle du narrateur-auteur. C’est l’histoire d’un homme, celle de l’auteur-narrateur, Philippe Forest. Une histoire tournée vers le ciel, une histoire se déroulant parfois au-dessus des nuages, souvent dans et au-dessous des nuages, au plus près de la terre et de ses tragédies. Ce Siècle des nuages : un des beaux grands livres de cette rentrée de septembre. Paraît de Philippe Forest, dans le même temps, aux éditions Cécile Defaut, un essai titré le Roman infanticide, consacré à Dostoïevski, Faulkner et Camus. Essai sur la littérature et le deuil.

LIRE L’ENTRETIEN.

LIRE AUSSI : Philippe Forest. « De la phrase et d’un certain usage du participe présent » (2011)

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Philippe Forest en son for intérieur

Sur France Culture, le 10 septembre 2010, l’écrivain s’entretient avec Olivier Germain-Thomas.

1ère partie (31’30)

Les raisons d’écrire. Le Japon.

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2ème partie (26’)

Le siècle des nuages. Le nouvel amour.

Programmation musicale :
"Je t’ai donné mon coeur", interprété par André Baugé de l’opérette Le pays du sourire.
"Les djinns", poème symphonique de César Frank, interprété par Bertrand Chamayou et le Royal scottish national orchestra.

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Critiques

Jeux d’épreuves

Josyane Savigneau défend le livre sur France Culture (04-09-10)

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Portrait du père en absent céleste

Peut-on se penser comme fils ? Tôt ou tard la question se pose pour un romancier, plus volontiers porté à réfléchir à ce qu’il crée qu’à l’homme auquel il doit la vie. Après avoir consacré à la perte de sa fille le grand livre que fut L’Enfant éternel (Gallimard, "L’Infini", 1997), Philippe Forest a beaucoup écrit sur l’autofiction. Il a analysé l’oeuvre des autres, écrivains souvent japonais (comme Kenzaburô Ôé et Yûko Tsushima, dont les romans tournent inlassablement autour du deuil et du drame familial). Il a approfondi l’écriture de soi liée au sentiment de déréliction.

Mais la question du père, c’est autre chose. Et l’on sent, par les dimensions mêmes de ce livre, dimensions inhabituelles pour un récit intime, par le ton adopté dès les premières lignes, par l’exergue d’Apollinaire qui donne au roman son beau titre un peu hautain, que l’auteur s’est détourné de la confidence pour tenter d’inventer un nouveau genre et y parvenir avec éclat. Sans doute, curieusement, parce qu’il est intimidé par son sujet et par l’ambition qu’il avoue : à travers son père, comprendre non pas seulement une autre psychologie que la sienne propre, ni même une autre génération, mais une Histoire tout entière, celle du XXe siècle.

Le père de l’écrivain a traversé ce siècle passé et en a vécu le coeur désastreux, la seconde guerre mondiale. Pilote dans l’aviation américaine, comme un certain nombre de jeunes Français, il a découvert l’âge adulte dans le ciel et y est resté, engagé par une compagnie aérienne. Il a suivi toute l’évolution technique de l’aviation jusqu’au Concorde. Ses voyages constants ont permis à cet homme de s’éloigner de sa famille et d’y revenir fidèlement, mais aussi de donner à ses enfants une vision d’un monde ouvert, en les emmenant avec lui de l’autre côté de la planète. Un romancier passionné, comme Forest, par d’autres cultures devait rendre hommage à celui qui lui en a facilité l’accès dès son plus jeune âge.

Plutôt que de s’en tenir à raconter ce destin, certes unique comme toute vie humaine, mais sans événements spectaculaires, Philippe Forest a préféré le fondre dans une sorte de galerie des miroirs, au milieu d’autres aviateurs. Une profonde tristesse accompagne l’image nostalgique d’un père vieillissant qui comprend avec stupeur que sa vie est un naufrage : "Qu’il y ait eu toute cette accumulation d’instants avant d’attendre la fin." Si son père lui-même a échoué à se comprendre et à communiquer ce que son expérience avait de plus singulier, le fils en sera-t-il capable ? Un écrivain moins scrupuleux aurait romancé le passé, aurait prêté des analyses, des sentiments à son père. Forest s’y refuse. Il opte pour une distance historique, rationnelle, pudique, qui n’interdit pourtant ni lyrisme, ni émotion, ni empathie. Il fait entendre une voix parfaite de simplicité rigoureuse : authentique, mais tenue.

Il cherche des détours, des délais pour échapper à l’emphase, à la légende complaisante, à la noblesse affectée. Il veut être juste et demeurer lui-même : un intellectuel pour qui les livres sont, en dernière instance, les seuls garants de la réalité. "J’ai fait de ma fille un être de papier", écrivait-il avec un mélange de désespoir et d’orgueil dans L’Enfant éternel. Et le père, de même, va devenir un homme de papier, mais non moins réel, à travers l’histoire de sa sensibilité et de la conquête des airs.

Il y a deux commencements au livre. Un accident aérien auquel le père aurait pu assister adolescent, et son décès brutal sur le trottoir, au milieu d’inconnus. Né en septembre 1921, mort en novembre 1998, il aura mené une existence respectablement longue, mais trop courte pour résoudre l’énigme de la vie : tout juste le temps de voir se développer cette "mythologie neuve" célébrée par Saint-Exupéry. En 1921, rappelle Forest, c’était Proust lui-même qui attachait, dans Sodome et Gomorrhe, à l’aviation une sorte de mystère sacrificiel et destructeur, se disant "aussi ému que pouvait l’être un Grec qui voyait pour la première fois un demi-dieu". Proust, dont l’amant Alfred Agostinelli, modèle d’Albertine, s’était accidentellement tué, en 1914, aux commandes de l’aéroplane qu’il lui avait offert.

CET "AUTRE ABSOLU"

Fils de libraires, Jean Victor Forest, le futur aviateur, aura passé ses jours à se détacher du monde, comme le dit un autre romancier, italien lui, également fasciné par l’aviation et la technique, par les livres et les voyages, par le récit de soi et l’éloignement de toute intrigue artificielle, Daniele Del Giudice : Quand l’ombre se détache du sol, titre d’un de ses romans... Or, cette abstraction volontaire, le fils ne veut pas la recouvrir d’une intrigue factice. Il cherche seulement, dans sa propre affectivité des ressources pour comprendre celle de cet "autre absolu" qu’est pour lui, pour nous, un père.

C’est aux Etats-Unis que se confirme sa vocation de pilote. Après une formation aérienne en France, il embarque, à l’automne 1943, à Casablanca pour rejoindre l’armée américaine, laissant une fiancée en France, comme tant d’autres jeunes soldats. Il s’entraîne là-bas, découvre le Nouveau Monde et y apprend qu’il ne combattra pas, ne participera pas au débarquement des Alliés. Ni à l’épreuve finale du Pacifique.

Mais si la guerre s’est éloignée au lieu de se rapprocher comme il l’avait imaginé en subissant un entraînement intensif, Jean Forest, à son retour, va demeurer dans les airs. Et la famille qu’il fonde (cinq enfants, dont l’écrivain est le plus jeune) lui sert d’écran protecteur, plus que de véritable assise dans le monde. Et la différence des tempéraments du père et du fils se dissipe dans cette zone douloureuse qui se résume à une déception, des promesses non tenues, une désillusion, un accablement. "Comme s’il s’agissait d’un secret que chacun découvre enfin, mais dont la révélation même oblige à ne pas le divulguer, établissant une sorte de solidarité singulière entre tous ceux qui le savent, mais qui, pour cette raison même, ne le disent pas. Une évidence tellement énorme et banale que d’ailleurs il n’y aurait personne avec qui la partager. Pensant ainsi : finalement, ce n’était que cela, la vie..."

René de Ceccatty, Le Monde du 26.08.10.

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La critique de Bernard Loupias, Philippe Forest, entre ailes et lui, N.O. du 7-09-10.

La critique de la revue Transfuge, août 2010.

La crtique d’Antoine Perraud La tectonique des âmes, La Croix.

La critique de Nathalie Crom Télérama, août 2010.

La critique de Jean-Claude Pinson Philippe Forest et son père, dans le siècle et le ciel
, Place publique, sept-oct. 2010.

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Flash back

Le nouvel amour

« Il paraît que l’amour n’est pas la grande affaire dans l’existence des hommes, qu’ils ne grandissent pas en pensant qu’il y a devant eux cette chose affolante, ce souci d’être à quelqu’un d’autre où se tient tout le sens possible de leur vie. Il paraît que de telles fables sont l’affaire exclusive des femmes. Que ce sont elles seules qui calculent tout de leur temps en raison de l’amour qui viendra. Je ne sais pas. Il me semble que j’ai toujours pensé que l’amour m’attendait, que j’allais à sa rencontre, et que si par malheur je le manquais, j’aurais tout manqué avec lui. Qu’il n’y avait au fond rien d’autre que cela à attendre de la vie. Rien d’autre, oui, si ce n’est l’amour. Et comme l’écrit le poète, tout le reste m’est feuilles mortes. »

Le 15 octobre 2007, Philippe Forest parlait de son roman avec Joëlle de Sermet à la librairie Mollat à Bordeaux (47’17).

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La critique d’Alice Granger

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Laure Adler reçoit Philippe Forest, écrivain

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Philippe Forest © Radio France

Avec les voix de Susan Sontag (2001), Kenzaburō Ōe (2006), Michel Leiris (1968), Louis Aragon (1970).
Avec un extrait de Pierrot le fou de Jean-Luc Godard.

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Hors-champs, 26-11-2012.

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