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Casanova et l’effet placebo

intermezzo

D 20 mai 2007     A par Viktor Kirtov - C 5 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


« Un des grands mystères de la vie pour ceux qui ne croient pas aux vertus du psychisme, ou à la capacité du psychisme à intervenir sur le physique, c’est l’effet placebo. Parfois c’est un geste, un rituel ou un individu qui possède un certain charisme, et ça se situe au-delà de l’expérience matérielle comme telle. Qu’importe, qu’il s’agisse d’un produit ou d’un être, l’effet placebo va déclencher un processus de guérison dans le cerveau et aura un effet sur le métabolisme, sur l’organisme physique, etc. L’effet, autrement dit, du psychisme sur le physique.
Récemment, j’ai trouvé un extraordinaire exemple de l’effet placebo. Je l’ai découvert dans un ouvrage de Philippe Sollers qui s’intitule Casanova l’admirable, paru chez Plon. C’est un ouvrage absolument merveilleux qui nous fait découvrir le côté bon sorcier de Casanova. J’ai retenu le passage suivant qui me paraît être l’un des plus parfaits exemples d’effet placebo.

On y raconte qu’une nuit, Casanova se trouvait dans une voiture en compagnie d’une dame appelée Camille, qui était actrice et danseuse à la Comédie italienne, et de son amant en second, le comte de la Tour d’Auvergne qui, lui-même, entretenait une petite maîtresse, etc. Les soirées sont brillantes, Casa, un peu coquin, veut palper un peu cette Camille, mais il se trompe dans son attouchement et caresse le comte qui en plaisante. «  On rit, écrit Sollers. Là-dessus, comme on pouvait s’y attendre, les deux hommes deviennent amis, se battent un peu en duel pour une affaire d’argent, se réconcilient peu après et se fréquentent. La Tour d’Auvergne est malade, il a une sciatique ? Non, lui dit Casa, ce n’est qu’un vent humide que je vais vous guérir sur le champ en vous appliquant le talisman de Salomon, et en prononçant dessus cinq paroles. Le comte et Camille croient à une plaisanterie, et Casa, intérieurement, en sourit lui-même, mais pas de blague, soyons sérieux. Il fait commander du nitre, du bleu de souffre, du mercure et un pinceau. Force le malade à lui donner un peu de son urine. Mélange le tout (’fait l’amalgame’). Interdit qu’on ricane ou qu’on grimace. Trace l’étoile à cinq branches sur la cuisse de la Tour d’Auvergne en prononçant de prétendues formules magiques dans une langue incompréhensible (’je ne comprenais pas moi-même ce que je disais’). Toute cette comédie n’est-elle pas très comique ? Mise en scène par Molière, sûrement. Mais accomplie dans la réalité avec une gravité imperturbable ? Quelques jours après, dit Casa, alors qu’il ne pensait plus à cette farce, la tour d’Auvergne vient le voir : il est guéri.
 »
Effet placebo, non ? »

Crédit : http://www.radio-canada.ca/

Philippe Sollers, Casanova l’admirable
, Éd. Plon, 1998, (aussi Gallimard/Folio n°3318)


Casanova l’admirable

par Brice Depasse
Chroniqueur littéraire à Radio Nostalgie Belgique

Aujourd’hui, j’ai craqué. J’ai publié une critique d’un livre de Philippe Sollers, l’une de mes idoles (j’ose l’écrire) sur le site CritiquesLibres.com. La voici : "Je crois que la plupart des hommes meurent sans avoir pensé". "Chacun dans ce monde tâche de faire du mieux qu’il peut, et à faire des armes, non pas avec le dessin de tuer mais pour empêcher qu’on le tue". "Il n’y a point d’homme au monde qui parvienne à tout savoir, mais tout homme doit aspirer à tout savoir". Toutes ces vérités, nous les devons à Giacomo Casanova, un des plus grands écrivains français, selon Philippe Sollers, puisque ses célèbres mémoires, Casanova les a écrites directement dans la langue de Molière. Oui, Casanava fut bien plus que le plus célèbre séducteur de la société vénitienne décadente qui carnavalait jusqu’à la damnation. Philippe Sollers dans ce merveilleux ouvrage rétablit la vérité, fracasse la pensée unique avec le brio qu’on lui connait. Preuve par l’exemple :"L’homme est un animal qui ne peut être endoctriné que par l’expérience. Cette loi fait que le monde existera toujours dans le désordre et dans l’ignorance car les doctes n’en forment tout au plus que la centième partie". Et Sollers d’ajouter : " La centième partie ? On voit que Casanova était un optimiste".

Brice Depasse
25-06-2005,
Le blog de B. Depasse

Giacomo Casanova

Un documentaire d’Alain Jaubert pour Arte, avec P. Sollers (1998)

La postérité de Casanova (1725-1797) doit pour l’essentiel à son "Histoire de ma vie". Au rythme de 13 heures par jour, il y consacra les neuf dernières années de son existence. Pour cerner sa personnalité et retracer sa vie, Alain Jaubert convoque "in situ" cinq casanovistes passionnés : P. Sollers, L. Flem et C. Thomas, l’historien H. Watzlawick et le neurobiologiste J.-D. Vincent.


Nota :
Le même Alain Jaubert est l’auteur d’un article "Mozart, Casanova, Da Ponte : L’étrange trio", L’ Infini 98, printemps 2007 qui retrace l’histoire du manuscrit.
Mozart, Casanova, Da Ponte : L’étrange trio

De la rupture en politique...

Ah l’heureux temps d’autrefois, où le président Mitterrand, me prenant à part dans un clin d’oeil, me disait qu’il était en train de lire Casanova : "Bienvenue au club", lui ai-je soufflé, à l’époque.
Philippe Sollers
Le Journal du mois, JDD du 29 avril 2007


Couverture de la version allemande
Ich habe, sagt Sollers, dieses Buch geschrieben, um meine Zeit zu beschämen. [1]

Casanova dans le corps du texte
La critique de Valérie Cadet, Le Monde du 3 mars 2000



[1J’ai écrit ce livre, dit Sollers, pour faire honte à mon époque.

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5 Messages

  • V.K. | 8 mai 2010 - 12:00 1

    A propos de la belle O-Morphi, immortalisée par le tableau de Boucher et ses variantes dont L’Odalisque et repris en couverture du Casanova de Sollers en édition allemande, deux documents complémentaires (pdf) :

    « La belle O-Morphi » fait l’objet d’un chapitre complet des Mémoires de Casanova, restitué ici à partir de la numérisation Gallica/BnF.

    « La maîtresse cachée », un article de Point de Vue du 31janvier/06 février 2007 consacrée à la jeune maîtresse de Louis XV, suite à la parution d’une biographie de Camille Pascal : Le goût du roi - Louis XV et Marie Louise O’Murphy, son vrai nom et d’ascendance irlandaise.


  • anonyme | 7 mai 2010 - 20:51 2

    En allant même voir , vous verrez que ce tableau n’est pas sans rapport avec Casanova.


  • anonyme | 7 mai 2010 - 19:53 3

    Vous trouverez la réponse à votre question ici.


  • anonyme | 6 mai 2010 - 22:47 4

    Quelqu’un connaîtrait-il le nom et l’auteur du tableau qui figure en couverture du Casanova ci-dessus ?

    Merci bien.


  • Babinski | 21 mars 2008 - 02:04 5

    Une tangente à propos de la citation que vous donnez en illustration du documentaire d’Alain Jaubert, « La séduction n’a jamais été l’élément déterminant de ma nature, parce que j’ai toujours séduit sans savoir que je le faisais et en étant moi aussi séduit. ». Je crains qu’elle ne soit en partie frauduleuse.

    En effet, le texte de Casanova porte lui, « Mes vices n’ont jamais été qu’à ma charge, excepté les cas dans lesquels j’ai séduit ; mais la séduction ne me fut jamais caractéristique, car je n’ai jamais séduit que sans le savoir, étant séduit moi-même. » (Laffont/Bouquins, t. III, vol. 12, chap. IV/V, p. 941) et fait partie du chapitre(s) perdu qui n’a pas eu de variante falsifiée par Jean Laforgue.

    Cette citation fait partie du dossier de presse d’Arte pour leur Thema sur Casanova, mais n’étant trouvable nulle part ailleurs, elle semble une réécriture commerciale ; du Casanova putatif et non pas natif. Les falsificateurs ont la vie dure !